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lundi 19 août 2024

L’admission controversée des forces Hashd-al-Shaabi à l’université de Téhéran ?

 Dans une décision qui a suscité une controverse et un débat généralisés, le président de l’université de Téhéran, Mohammad Moghimi, a annoncé le 16 août 2024 que l’université continuerait d’admettre des membres des forces Hashd-al-Shaabi irakiennes comme étudiants étrangers. Cette décision a suscité l’inquiétude des étudiants, des professeurs et des observateurs qui la voient comme faisant partie d’une stratégie plus large du régime iranien visant à étendre son influence idéologique et militaire au sein des institutions universitaires.

Les Hashd-al-Shaabi, connus internationalement sous le nom de Forces de mobilisation populaire (FMP), sont une coalition de milices extrémistes chiite en Irak, fortement soutenue et influencée par le Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) du régime iranien. Le groupe a participé à des opérations militaires dans toute la région et fonctionne comme un intermédiaire pour l’influence iranienne en Irak et au-delà. De nombreux pays, dont plusieurs au Moyen-Orient, considèrent les FMP comme une organisation terroriste.

L’annonce de l’Université de Téhéran, qui prévoit notamment que ces membres des milices étudient la gestion plutôt que les tactiques militaires, n’a pas apaisé les inquiétudes. Moghimi a défendu la décision en soulignant les avantages financiers, affirmant que les frais de scolarité payés par ces étudiants sont nettement plus élevés que ceux des étudiants iraniens, ce qui apporte de précieuses devises étrangères au pays.

Le journal d’État Etemad a écrit le 16 août : « Depuis des mois, en particulier sous l’administration de feu Raisi, les noms de prestigieuses universités de Téhéran telles que Sharif, Tehran et Shahid Beheshti ont été associés à des questions controversées liées aux quotas et au favoritisme. Le licenciement de plusieurs professeurs de ces universités, la nomination de personnalités controversées comme Saeed Haddadian (un panégyrique religieux) comme professeurs, les remarques du Dr Moghimi, le président de l’université de Téhéran, affirmant que les membres de la milice Hashd al-Shaabi peuvent poursuivre leurs études à l’université de Téhéran, … sont autant d’exemples de ces controverses. Tous ces incidents porteront sans aucun doute atteinte au statut et à la réputation de ces universités. »

L’inclusion de membres des PMF dans les universités iraniennes est particulièrement troublante compte tenu de leur rôle dans la répression violente des manifestations en Iran. Lors des manifestations nationales de 2022, des rapports ont fait surface selon lesquels des membres de Hashd-al-Shaabi ont été amenés en Iran pour aider à la répression des manifestants. Leur présence a ajouté une couche de brutalité aux efforts du régime pour écraser la dissidence, de nombreux manifestants étant confrontés à une répression sévère de la part de ces milices étrangères.

Cette dernière initiative visant à introduire des milices étrangères dans les universités iraniennes fait écho aux efforts de longue date du régime pour contrôler les institutions universitaires. La plus importante de ces initiatives a commencé en 1980 lorsque l’ancien guide suprême Ruhollah Khomeini a lancé la soi-disant Révolution culturelle. Cette campagne a conduit à la fermeture des universités dans tout l’Iran pendant trois ans, de 1980 à 1983, sous prétexte d’« islamiser » le système éducatif. La Révolution culturelle a été marquée par l’expulsion de milliers d’étudiants et de professeurs jugés idéologiquement incompatibles avec le nouveau régime clérical.

Même après la réouverture des universités en 1983, le régime a systématiquement travaillé à réprimer la dissidence et à promouvoir sa propre version de l’idéologie extrémiste par la création de la milice étudiante Basij et l’infiltration des institutions universitaires par les forces de sécurité.

Ces derniers jours, les étudiants de l’Université de Téhéran ont également exprimé leur opposition. Dans une déclaration publique, des groupes d’étudiants ont exprimé leur refus d’accepter la présence de membres de milices sur le campus, arguant que cela porte atteinte à l’indépendance et à l’intégrité de l’université. Ils se sont engagés à résister à ce qu’ils considèrent comme une militarisation de leur environnement éducatif.

A l’approche de la nouvelle année universitaire, la présence de membres de Hashd-al-Shaabi à l’Université de Téhéran risque de rester un point de discorde. La décision du régime iranien d’intégrer ces combattants étrangers dans son système éducatif met en évidence les efforts qu’il est prêt à déployer pour maintenir son influence et son contrôle. Cependant, la réaction des étudiants et du grand public suggère que cette stratégie pourrait rencontrer une résistance importante.

Les tentatives du régime iranien de contrôler et de remodeler le paysage universitaire, de la Révolution culturelle de Khomeiny à l’inclusion actuelle de milices étrangères dans les universités, se sont constamment heurtées à une résistance. Malgré des décennies d’efforts pour réprimer la liberté intellectuelle, les universités sont restées des centres de dissidence et d’opposition. L’invasion de l’université de Téhéran par les forces de Hashd al-Shaabi risque de rencontrer une résistance. L’esprit de résistance qui perdure au sein des institutions universitaires iraniennes laisse penser que cette stratégie, comme celles qui l’ont précédée, ne parviendra certainement pas à éteindre la quête du savoir et de la liberté.

Source : CNRI 

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