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lundi 16 septembre 2024

Le soulèvement de 2022 : un point de non-retour dans le paysage politique iranien

 Le soulèvement de 2022 en Iran, déclenché par la mort tragique de Mahsa (Jina) Amini le 16 septembre alors qu’elle était détenue par la police des mœurs du régime, marque un changement profond et irréversible dans le paysage politique iranien. Cette rébellion nationale, qui s’est propagée comme une traînée de poudre dans les villes et les villages, a changé de manière permanente la relation entre le régime et le peuple, sans retour possible au statu quo d’avant cette date.

Le régime en difficulté
La soi-disant « république islamique », qui a trahi l’islam et les principes de la république tout au long de son règne sanglant de près d’un demi-siècle, a jadis maintenu une emprise de fer sur la société iranienne par la peur et la force brute. Aujourd’hui, elle est cependant confrontée à une crise existentielle qu’elle ne peut plus ignorer. L’ampleur des manifestations et la diversité des participants – des femmes et des jeunes aux minorités ethniques et aux travailleurs – ont démontré que le mécontentement à l’égard du régime transcende tout groupe ou grief individuel. Le soulèvement a mis à nu une réalité : la légitimité du régime a été irrémédiablement érodée. Ce qui a commencé comme des manifestations contre le port obligatoire du hijab et la répression s’est rapidement transformé en appels généralisés au changement de régime, les manifestants scandant des slogans tels que « Mort au dictateur » et « Mort à Khamenei ».

Le soulèvement a brisé l’illusion selon laquelle le régime pourrait pacifier la population par des réformes fragmentaires ou des concessions temporaires. En réponse à ces manifestations, le régime a eu recours à ses tactiques habituelles d’arrestations massives, d’exécutions, de coupures d’Internet et de répression brutale par ses forces de sécurité. Pourtant, ces mesures n’ont pas suffi à éteindre la flamme de la liberté. Au contraire, elles n’ont fait que renforcer la détermination du peuple iranien, confirmant que le système est incapable de se réformer et ne sert que sa propre survie au détriment de la nation.

Un peuple uni pour le changement
Le résultat le plus significatif du soulèvement de 2022 est peut-être l’émergence d’un front uni au sein du peuple iranien contre le régime. Pendant des années, le régime a réussi à réprimer les protestations éparses en maintenant les différents groupes sociaux, ethniques et économiques divisés. Cette fois, cependant, les protestations ont représenté une large coalition d’Iraniens de tous horizons. Les femmes ont mené la charge, défiant courageusement les lois oppressives du régime sur le genre, tandis que les minorités ethniques, en particulier les Kurdes et les Baloutches, ont fait face à une violence extrême mais ont continué leur résistance.

Le courage et la ténacité du peuple iranien face à une telle répression sont révélateurs d’une société qui a dépassé le stade de la peur. Les femmes, les jeunes, les intellectuels, les travailleurs et les minorités ethniques ne réclament plus simplement des réformes, mais exigent le démantèlement complet de la dictature cléricale. Les manifestations peuvent fluctuer, mais la demande de changement de régime est désormais fermement ancrée dans la conscience nationale.

Le mouvement pour un changement de régime prend de l’ampleur
Les mouvements d’opposition organisés à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran ont été enhardis par le soulèvement. Le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) et l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) plaident depuis longtemps pour une république démocratique et laïque en Iran. Le soulèvement de 2022 a montré que leur vision est désormais plus pertinente que jamais. Le plan en dix points du CNRI, qui trace la voie vers la démocratie, l’égalité des sexes et l’abolition de la peine de mort, résonne fortement avec les aspirations de ceux qui sont descendus dans la rue en 2022.

Malgré une répression dévastatrice qui a conduit à l’arrestation de plus de 3 600 membres, le réseau interne des unités de résistance de l’OMPI a réussi à recruter et à s’étendre rapidement. Au cours des deux dernières années, ces unités de résistance ont considérablement accru leurs activités, démontrant leur résilience et leur force. Lors du Sommet mondial pour un Iran libre 2023, elles ont démontré 10 000 actions audacieuses, et lors du Sommet mondial pour un Iran libre 2024, ce nombre a grimpé à 20 000, marquant une progression marquée dans leur défiance contre le régime.

Le soulèvement a également mis en évidence la désillusion croissante au sein des forces fidèles au régime, notamment le Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) et les forces paramilitaires Basij. Si ces forces ont joué leur rôle habituel en réprimant violemment les manifestants, des fissures commencent à apparaître. De plus en plus, les membres de ces forces remettent en question la moralité et la durabilité des méthodes du régime. Les désertions, les défections et la réticence croissante de certains membres des forces de sécurité à brutaliser leurs concitoyens indiquent que même les fidèles du régime ne sont pas à l’abri du vent de changement qui souffle sur l’Iran.

La perception que le monde a de l’Iran a changé
Au niveau international, le soulèvement de 2022 a modifié de manière permanente la façon dont le monde perçoit l’Iran et son régime. Le régime ne peut plus se présenter comme un gouvernement stable ou légitime, ni détourner les critiques en exploitant les tensions géopolitiques. La répression brutale des manifestants pacifiques, en particulier des femmes et des minorités, a suscité une condamnation généralisée de la part des gouvernements, des organisations internationales et des groupes de défense des droits de l’homme. Les pays qui cherchaient autrefois à s’engager ou à trouver des solutions réformistes au sein de la République islamique se rendent désormais compte que le régime est au-delà de toute réforme et que la véritable stabilité dans la région ne viendra qu’avec un changement de régime en Iran.

Ce changement de perception mondiale se reflète également dans les appels croissants à des sanctions ciblées, l’isolement du régime sur la scène internationale et la classification du CGRI comme organisation terroriste par plusieurs pays. Le monde considère désormais le peuple iranien, et non le régime, comme le représentant légitime de l’avenir de l’Iran.

La sécurité du régime et les forces étrangères par procuration en crise
Le soulèvement de 2022 a non seulement mis en évidence les vulnérabilités intérieures du régime, mais l’a également poussé à se lancer dans une stratégie de guerre régionale ambitieuse et destructrice pour détourner l’attention de ses problèmes internes. Dans une tentative de projeter sa force à l’étranger et de détourner l’attention de la dissidence croissante dans le pays, le régime a intensifié son implication dans les conflits régionaux. Cela est devenu particulièrement évident après la guerre dévastatrice qui a éclaté le 7 octobre 2023, un conflit qui a souligné le rôle maléfique de Téhéran au Moyen-Orient. Plutôt que de faire partie d’une quelconque solution, le régime iranien a une fois de plus été présenté comme une force déstabilisatrice majeure dans la région.

Le régime s’est longtemps appuyé sur des groupes tels que le Hezbollah et les milices chiites en Irak, en Syrie et au Yémen pour projeter sa puissance, mais le soulèvement intérieur a épuisé ses ressources. Aujourd’hui, dans une tentative désespérée de maintenir le contrôle, le régime consacre encore plus de ressources à ces guerres par procuration. Cependant, le peuple iranien condamne depuis longtemps cette politique, exigeant la fin des dépenses inutiles dans les conflits étrangers alors qu’il subit des difficultés économiques et une répression politique dans son pays.

Les actions de Téhéran vont au-delà de la région. Le régime a intensifié son implication en envoyant des drones et des missiles balistiques dans d’autres pays, alimentant des guerres même au-delà du Moyen-Orient. Ces actions agressives ne sont pas des signes de force, mais plutôt des tentatives du régime de masquer sa faiblesse intérieure en projetant sa puissance à l’étranger.

En continuant à donner la priorité à l’agression extérieure au détriment du bien-être intérieur, le régime ne fait qu’accélérer sa perte de contrôle. Ses forces étrangères par procuration sont de plus en plus scrutées, tant au niveau national qu’international, car la population iranienne exige la fin de ces interventions coûteuses et destructrices.

Conclusion : pas de retour en arrière
Le soulèvement de 2022 a fondamentalement changé le paysage politique en Iran. Le régime ne peut plus compter uniquement sur la répression pour maintenir le contrôle, et le peuple iranien a montré qu’il ne se laissera pas réduire au silence. Le mouvement pour un changement de régime, tant au niveau national qu’international, a pris une ampleur inéluctable. Les forces loyales au régime vacillent et la perception de l’Iran par le monde a changé de manière irrévocable.

Il n’y a pas de retour en arrière possible aux jours qui ont précédé le 16 septembre 2022. Le soulèvement a marqué le début de la fin de la dictature cléricale, et la seule voie viable pour aller de l’avant est un Iran démocratique, laïc et libre. Le peuple iranien a clairement fait savoir qu’il ne se contenterait de rien de moins.

Source: NCRI 

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