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jeudi 14 novembre 2024

Novembre 2019 Le soulèvement : Le rôle héroïque des femmes dans la lutte pour la liberté en Iran

 Novembre 2019 Le soulèvement a illustré la détermination du peuple iranien à renverser le régime oppressif.

Déclenchées par une hausse soudaine des prix du carburant le 15 novembre 2019, les manifestations se sont rapidement répandues dans 191 villes en l’espace de quelques jours. Des Iraniens de tous horizons s’y sont joints, scandant « À bas Khamenei “ et ” À bas Rouhani ». À Chiraz, Behbahan, dans la province de Téhéran et dans d’autres grandes villes, les manifestants ont libéré temporairement des zones, affrontant les forces de sécurité et perturbant le contrôle du régime.

Les responsables du régime ont admis qu’ils luttaient contre le soulèvement dans 900 endroits du pays, dont 146 points chauds rien qu’à Téhéran.

Les femmes à la tête de la résistance

Les femmes ont joué un rôle central dans l’organisation et la direction de ces manifestations. Des jeunes femmes courageuses, membres des unités de résistance de l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI/MEK), ont rallié la population contre le régime.

Le quotidien d’État Mashreq a écrit sur le rôle des femmes. « Les femmes ont joué un rôle remarquable dans les récents méfaits. Elles ont joué un rôle particulier dans diverses scènes en incitant le public à commettre des actes contre les autorités ». (L’agence de presse étatique Mashreqnews.com, 20 novembre 2019)

L’agence de presse étatique Fars a également écrit : « Certaines femmes ont eu un rôle central dans la direction des émeutes. »

Fars a ajouté : « Le rôle particulier des femmes dans la gestion et la direction des récentes émeutes semble remarquable. Dans de nombreux endroits, en particulier dans la banlieue de Téhéran, des femmes apparemment âgées de 30 à 35 ans ont joué un rôle particulier dans la conduite des émeutes… Ces femmes portaient les mêmes vêtements, et chacune avait un rôle différent ; l’une filmait les émeutes, l’autre arrêtait les voitures, et une autre incitait les gens à rejoindre les rangs des émeutiers… » (L’agence de presse étatique Fars – 20 novembre 2019).

Les histoires de bravoure des femmes abondent : un manifestant blessé a raconté comment une femme de 18 ans l’a secouru sur sa moto, tandis que des femmes plus âgées ont préparé de la nourriture pour ceux qui se trouvaient en première ligne. Les contributions de femmes comme Shabnam Dayani, Halimeh Samiri et Nikta Esfandani dans les villes d’Iran sont devenues des symboles de défi, de résilience et de sacrifice.

Shabnam Dayani : la voix provocatrice de Chiraz

Shabnam Dayani, membre de l’unité de résistance de l’OMPI à Chiraz, a été confrontée à une répression brutale. Elle avait déjà perdu un oncle lors des exécutions perpétrées par le régime en 1981 à Behbahan.

Le 16 novembre 2019, Shabnam Dayani a été tuée dans le quartier de Maliabad à Chiraz dans le cadre de la répression du régime contre les manifestants. Shabnam Dayani, ainsi que 12 autres personnes, ont été victimes de la milice bassidj affiliée au CGRI, qui a écrasé des manifestants avec des véhicules et a ensuite ouvert le feu sur la foule.

Sa famille a résisté aux pressions exercées par l’État pour que sa mort soit déclarée accidentelle et que la pierre tombale soit blanche (un symbole du régime), optant plutôt pour une pierre noire en signe de résistance.

Novembre 2019 Le soulèvement
Shabnam Dayani

Maryam Nouri : Un symbole inspirant du soulèvement de Robat Karim

À Robat Karim, dans la province de Téhéran, Maryam Nouri et son frère Morteza ont joué un rôle essentiel en tant que membres de l’unité de résistance de l’OMPI. La ville a été brièvement libérée pendant les manifestations, mais Maryam a finalement été abattue par les forces de sécurité dans le bâtiment du gouverneur. Son courage a laissé un impact durable sur les femmes de Robat Karim, inspirant de nombreuses personnes dans leur lutte contre l’oppression.

Halimeh Samiri : Torturée pour la liberté

La mort tragique de Halimeh Samiri à Abadan souligne la brutalité de la répression de novembre 2019. Femme de 34 ans originaire du Khouzestan, Halimeh Samiri a été arrêtée lors des premières manifestations et son corps torturé a ensuite été abandonné sur le pas de la porte de son père. La répression violente au Khouzestan, y compris dans des régions comme Mahchahr, a été d’une extrême brutalité, les forces de sécurité ayant même ouvert le feu sur des manifestants non armés qui cherchaient refuge dans les marais.

Novembre 2019 Le soulèvement
Halimeh Samiri

Nikta Esfandani : Une icône du soulèvement

Nikta Esfandani, une jeune fille de 14 ans originaire de Téhéran, est devenue le symbole des victimes innocentes du soulèvement. Connue pour son amour de la musique, Nikta a été tuée d’une balle dans la tête par les forces de sécurité dans l’avenue Sattar Khan à Téhéran.

Sa mort est devenue un point de ralliement pour les manifestants, soulignant le mépris du régime pour les jeunes vies et l’avenir de l’Iran.

La violation systémique des droits

La réponse du régime a été brutale. Lorsque les gaz lacrymogènes, les canons à eau et les agents en civil n’ont pas réussi à réprimer le courage des jeunes manifestants, Khamenei a donné l’ordre impitoyable d’ouvrir le feu. Les forces de sécurité ont tiré directement sur la tête et la poitrine des manifestants, augmentant délibérément le nombre de morts pour instiller la peur.

Des arrestations massives ont eu lieu dans tout le pays, des hôpitaux ont été perquisitionnés pour arrêter les blessés, des corps ont été retirés des congélateurs de la morgue et des rapports médico-légaux ont été falsifiés pour masquer l’ampleur des meurtres. À Mahchahr, les gardiens de la révolution ont déployé des chars, provoquant un massacre qui a choqué la nation.

À la fin, au moins 1 500 manifestants, dont 400 femmes, avaient été tués, et des milliers d’autres blessés. Plus de 12 000 personnes ont été arrêtées, dont beaucoup ont été torturées dans des prisons surpeuplées où les soins médicaux et la représentation juridique sont limités.

Crime contre l’humanité : Condamnation internationale

La réaction brutale du régime a suscité la condamnation des instances internationales. Michelle Bachelet, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a condamné les violences en les qualifiant de « crime contre l’humanité », citant des preuves que les forces de sécurité ont tiré pour tuer et infligé intentionnellement des blessures mortelles à des manifestants non armés. Mme Bachelet s’est déclarée profondément préoccupée par le « manque de transparence concernant les victimes et le traitement de milliers de détenus », notamment les sévices physiques graves et le déni des droits de la défense dont ont été victimes de nombreux détenus.

Elle a souligné les cas où les forces de sécurité ont tiré dans le dos des manifestants qui tentaient de s’enfuir, en visant délibérément des zones vitales pour maximiser les pertes. Mme Bachelet a demandé au régime iranien de mener des enquêtes indépendantes sur ces violations et a insisté pour que les autorités responsables de ces crimes rendent compte de leurs actes.

Amnesty International a documenté ces abus dans son rapport intitulé « Des détenu·e·s fouettés et soumis à des violences sexuelles et à des décharges électriques dans le cadre d’une épouvantable répression à la suite de manifestations 

». Le rapport décrit les actions du régime comme un « catalogue de violations choquantes des droits de l’homme ».

Le rapport fait état de témoignages de torture et de traitements inhumains infligés aux détenus, notamment des passages à tabac, des chocs électriques, des simulacres d’exécution, des violences sexuelles et l’administration forcée de substances chimiques.

Les conclusions d’Amnesty International ont révélé que les détenus étaient fréquemment soumis à un isolement prolongé, cagoulés et les yeux bandés, et que l’accès à une représentation juridique leur était systématiquement refusé. Le rapport d’Amnesty, intitulé « Des détenu·e·s fouettés et soumis à des violences sexuelles et à des décharges électriques dans le cadre d’une épouvantable répression à la suite de manifestations », dénonce la complicité du pouvoir judiciaire iranien dans ces abus et exhorte la communauté internationale à condamner ces agissements.

Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a déclaré que la communauté internationale devait tenir les autorités iraniennes responsables de leurs actes et soutenir les familles iraniennes qui cherchent à obtenir justice pour leurs proches disparus.

Novembre 2019 Le soulèvement
Nikta Esfandani

Une lutte continue pour la liberté

Malgré la répression, les femmes iraniennes restent inébranlables dans leur lutte pour la liberté. Depuis le soulèvement de 2019, la crainte du régime à l’égard du leadership féminin n’a fait que s’intensifier, comme en témoignent la surveillance accrue, les arrestations et le harcèlement des militantes. Cependant, le courage de femmes comme Shabnam Dayani, Halimeh Samiri et Nikta Esfandani a galvanisé un mouvement qui refuse de reculer.

Face à un régime qui les opprime depuis des décennies, les femmes iraniennes se sont révélées être une formidable force de changement.  Le chemin à parcourir peut être semé d’embûches. Pourtant, les femmes iraniennes, armées des leçons du passé et de la détermination à s’assurer un avenir meilleur, se tiennent à l’avant-garde de ce mouvement, illustrant l’esprit de résilience et la volonté d’apporter un véritable changement.

Le soulèvement de novembre 2019 n’est qu’un chapitre d’une lutte de longue haleine contre la tyrannie, dont les femmes sont le fer de lance. Leurs sacrifices ont mis en lumière le mépris du régime pour les droits de l’homme, suscitant des appels à une action internationale pour lutter contre les crimes commis.

Justice et responsabilité

Le soulèvement de novembre 2019 a révélé la volonté du régime iranien de recourir à tous les moyens pour réprimer la dissidence, mais il a également mis en évidence la détermination inébranlable du peuple iranien.

Cet anniversaire appelle la communauté internationale à soutenir la quête de liberté du peuple iranien et à résister à la tyrannie. La mort tragique des manifestants iraniens exige que justice soit faite et que les auteurs de ces crimes répondent de leurs actes.

Les voix des femmes iraniennes, depuis leurs tombes ou leurs cellules de prison, appellent à un Iran libre et démocratique. L’héritage de ces femmes demeure un témoignage de résilience et une source d’inspiration pour la poursuite de la lutte contre l’oppression. L’esprit inflexible des femmes iraniennes lors du soulèvement de novembre 2019, et au-delà, résonne d’un message simple mais puissant : le peuple d’Iran l’emportera.

Source: CNRI Femmes 

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