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jeudi 12 décembre 2024

Examen des disparités de pauvreté et de richesse en Iran

 Une récente analyse des statistiques officielles du Centre de recherche du Parlement iranien révèle qu’au moins 30 % de la population du pays vit dans la pauvreté absolue. Cependant, les données disponibles suggèrent que le nombre de personnes en dessous ou proches du seuil de pauvreté dépasse les chiffres officiellement rapportés.

Un rapport publié en novembre 2023, bien que remis en question par certains experts, indique une augmentation du taux de pauvreté de 2022 à 2023, atteignant 30,1 %. Le Centre de recherche identifie l’année 2017 (1396 dans le calendrier iranien) comme le début d’une tendance constante à la hausse de la pauvreté. Le taux le plus élevé a été enregistré en 2019, lorsque 31 % de la population est tombée sous le seuil de pauvreté. Avant 2017, le taux se situait autour de 20 %, mais il n’a cessé d’augmenter depuis.

Alors qu’un tiers de la population iranienne lutte contre la pauvreté absolue, la richesse d’une petite minorité à hauts revenus a considérablement augmenté. Cette minorité, largement affiliée au régime, bénéficie d’avantages disproportionnés.

La répartition des richesses en Iran : Un tableau complexe

Selon le Credit Suisse Research Institute, les 58,6 millions d’adultes iraniens possèdent collectivement une richesse totale de 2 292 milliards de dollars, ce qui place le pays au 23e rang mondial en termes de richesse totale. Toutefois, ce chiffre peut être trompeur. L’Iran se classe au 17e rang mondial en termes de population adulte, ce qui signifie que la richesse par habitant offre une perspective plus précise. Sur cette base, l’Iran se classe 66e sur 171 pays, avec une richesse moyenne de 39 000 dollars par adulte.

À titre de comparaison, les États-Unis arrivent en tête avec 146 000 milliards de dollars de richesse totale, suivis par la Chine (85 000 milliards de dollars) et le Japon (26 000 milliards de dollars). Lorsque la richesse est mesurée par adulte, la Suisse arrive en tête avec 697 000 dollars, suivie du Luxembourg, des États-Unis et de l’Australie, qui dépassent tous 550 000 dollars par adulte.

En Iran, la répartition des richesses est extrêmement inégale. Environ 45 % des adultes iraniens ont moins de 10 000 dollars d’actifs, tandis que 48 % possèdent entre 10 000 et 100 000 dollars. Cela signifie que plus de 93 % des Iraniens possèdent des actifs d’une valeur inférieure à 3,3 milliards de tomans (43 000 dollars) au taux actuel. Seuls 6,5 % des adultes possèdent des actifs compris entre 100 000 et 1 million de dollars, et à peine 0,3 % possèdent plus d’un million de dollars. Ces chiffres se traduisent par environ 4 millions d’Iraniens disposant d’un patrimoine supérieur à 100 000 dollars et 147 000 personnes dépassant le million de dollars. En 2021, les Iraniens se classaient au septième rang mondial en termes de croissance parmi les 1 % de personnes les plus riches du monde.

Inégalités de classe croissantes

L’Iran est devenu un pays caractérisé par d’importantes disparités entre les classes sociales. Malgré l’obligation légale pour le gouvernement d’augmenter les salaires au-delà du taux d’inflation, les ajustements salariaux sont restés bien en deçà de l’inflation, appauvrissant encore davantage une grande partie de la société. Chaque année, la classe à faible revenu s’appauvrit, tandis que les riches continuent d’accumuler davantage de ressources.

Dans les pays européens, des systèmes d’imposition solides empêchent l’accumulation de richesses extrêmes et permettent une répartition proportionnelle des revenus. En Iran, cependant, l’absence de telles mesures a entraîné une explosion du coût de la vie. Le logement, un indicateur clé de l’inégalité, met en évidence cette disparité. Les experts estiment que de nombreux Iraniens auraient besoin de plus de 100 ans d’épargne à taux plein pour s’offrir une maison, alors que les propriétés de plusieurs millions de dollars continuent de proliférer, en particulier dans les quartiers aisés du nord de Téhéran.

Conséquences économiques et sociales

Le revenu national net par habitant – une mesure clé du bien-être économique – a fortement diminué. En 2011, la part du produit national brut revenant à chaque Iranien était d’environ 8 millions de tomans, chiffre qui, corrigé de l’inflation, est passé à 110,5 millions de tomans en 2021. Cependant, la dévaluation continue de la monnaie nationale et la baisse du pouvoir d’achat ont inversé cette tendance, laissant l’indicateur à un niveau alarmant à la fin de l’année 2023.

Cette disparité économique exacerbe la pauvreté et laisse la moitié de la population dans l’obligation de louer son logement en raison de la montée en flèche des prix de l’immobilier. L’élargissement du fossé entre les classes a de graves conséquences, notamment la réduction de l’espérance de vie, l’augmentation de l’émigration de la main-d’œuvre qualifiée et la baisse de la productivité. La concentration des richesses entre les mains de quelques-uns, alimentée par la corruption, la recherche de rentes et le copinage, sape la cohésion sociale et la stabilité économique.

Une crise imminente

L’aggravation des inégalités s’accompagne d’un sentiment généralisé d’injustice et de frustration sociale. Les signes visibles de disparité économique, des voitures de luxe dans les rues de Téhéran aux manoirs de plusieurs millions de dollars, contrastent fortement avec les luttes des Iraniens ordinaires. Ce fossé grandissant n’érode pas seulement la motivation et la productivité économique, mais attise également la colère sociale, préparant le terrain pour des troubles potentiels.

En l’absence de réformes significatives visant à remédier aux inégalités de revenus, à l’accessibilité des logements et à la corruption systémique, l’Iran risque d’accentuer les divisions entre les classes et de déstabiliser son tissu social.

Source : INU/CSDHI 

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