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vendredi 1 mai 2015

Iran - Amnesty internationale alerte sur la répression de la minorité arabe d’Ahwaz


Iran - Amnesty internationale alerte sur la répression de la minorité arabe d’Ahwaz
Amnesty International a appelé pour une action urgente afin d'arrêter la répression de la minorité arabe ahwazis en Iran. Dans un communiqué publié le 29 avril, l'O.N.G. déplore l'arrestation de « dizaines d’Arabes ahwazis, dont plusieurs mineurs, dans le cadre de ce qui semble constituer une répression croissante dans la province iranienne du Khouzistan ».
Selon des militants et des proches des personnes arrêtées, de nombreuses arrestations ont eu lieu à l’approche du 10e anniversaire de manifestations antigouvernementales de masse qui se sont emparées de cette province majoritairement arabe en avril 2005. Des membres de la famille de militants ont affirmé que les arrestations ont été effectuées sans mandat par des groupes d’hommes masqués affiliés aux organes de sécurité et de renseignement iraniens, généralement à la suite de descentes au domicile de militants arabes ahwazis tard le soir ou tôt le matin.
SixL’organisation de défense des droits humains a fait part de son inquiétude que des personnes aient pu être arrêtées simplement en raison de leurs opinions politiques présumées, pour avoir exprimé leur opposition de manière non violente ou pour avoir ouvertement affiché leur identité et culture arabe.
« L’ampleur des arrestations de militants arabes ahwazis ayant eu lieu ces dernières semaines est alarmante », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Au lieu de recourir à des arrestations arbitraires, les autorités iraniennes doivent relâcher les personnes incarcérées pour avoir manifesté ou pour s’être exprimées de manière pacifique, et inculper les autres d’une infraction dûment reconnue par la loi et garantir qu’ils bénéficient d’un procès équitable, ou les relâcher. »
Des militants arabes ahwazis vivant hors d’Iran ont dit à Amnesty International et Human Rights Watch que les forces de sécurité avaient arrêté au moins 78 personnes, et peut-être plus de 100, depuis la mi-mars 2015 dans la ville d’Ahvaz, la capitale de la province du Khouzistan, et dans les villes et villages environnants à la suite de manifestations en grande partie pacifiques.
Ils ont ajouté que figurent parmi ceux qui ont été appréhendés des personnes soupçonnées d’avoir joué un rôle important dans la mobilisation ayant débouché sur des actions locales de protestation. Les autorités iraniennes n’ont donné aucune raison pour les arrestations, ni révélé le statut des détenus au regard de la loi ou révélé où ils se trouvent, les exposant à un risque accru de torture et d’autres formes de mauvais traitements, ont déclaré les organisations de défense des droits humains.
La dernière série d’arrestations a eu lieu alors que la province était en proie à la colère à la suite de la mort de Younes Asakereh, un vendeur des rues arabe ahwazi qui s’est immolé par le feu le 13 mars 2015 pour protester contre la saisie et la destruction de son étal de fruits par les autorités municipales. Faute d’argent, il n’a pas pu obtenir de soins d’urgence ni être transporté à Téhéran, et il a succombé à ses blessures le 22 mars, a déclaré à Human Rights Watch une source ayant connaissance de son cas. Des manifestants arabes ahwazis sont alors descendus dans la rue en nombre dans la ville de Khorramshahr. Selon certaines informations, les autorités ont harcelé la famille de Younes Asakereh, notamment en retardant la remise du corps à ses proches et en arrêtant brièvement son père et son frère avant son inhumation.
Plusieurs jours avant la mort de Younes Asakereh, une action de protestation a éclaté devant le stade Ghadir d’Ahvaz, après que des Arabes ahwazis, des jeunes gens pour la plupart, ont déployé une banderole affichant le message « Nous sommes tous Younes ! » dans le stade durant un match de football opposant l’équipe saoudienne d’Al Hilal à l’équipe locale, Foolad. La police a alors arrêté plusieurs dizaines d’hommes, les frappant sur le dos et la tête. Les policiers semblent avoir tout particulièrement pris pour cible les hommes portant des vêtements arabes traditionnels.
De nombreux Arabes - entre 2,5 et 5 millions - vivent dans la province du six, où se trouvent une grande partie des réserves de pétrole et de gaz d’Iran. Bien que riche en ressources naturelles, cette province connaît de graves carences socioéconomiques et un niveau de pollution de l’air et de l’eau élevé. Concentrés dans des zones pauvres manquant d’équipements de base à la périphérie des villes, de nombreux Arabes iraniens affirment que le gouvernement opère systématiquement des discriminations à leur égard, en particulier en matière d’emploi, de logement, de représentation politique, et dans l’exercice des droits culturels, civils et politiques. L’impossibilité pour eux d’utiliser leur langue maternelle comme langue d’enseignement à l’école primaire est également source de ressentiment et d’agacement profonds.

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