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jeudi 28 avril 2016

Experts de l’ONU : le régime iranien empêche les prisonniers politiques d’accéder à des soins médicaux


Un groupe d’experts des Nations Unies a averti mercredi que plus d’une douzaine de prisonniers politiques en Iran, dont d’éminents défenseurs des droits de l’homme, avocats et activistes politiques, étaient en danger de mort en détention à cause de leur état de santé qui empire et du refus continu des autorités iraniennes de leur donner accès à un traitement médical.
 « La condition de plusieurs prisonniers de conscience souffrant de graves problèmes de santé s’est aggravée à cause de leur longue détention et du refus répété de les laisser accéder aux installations médicales et aux traitements dont ils ont besoin urgemment », ont affirmé les experts de l’ONU, selon une déclaration publiée sur le site internet du Bureau du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (OHCHR).
« L’entrave aux soins médicaux, les violences physiques, qu’elles se déroulent dans les prisons surpeuplées ou à l’isolement, ainsi que d’autres formes de tortures et de mauvais traitements exposent les prisonniers aux risques de blessures graves et de mort », ont-ils affirmé, remarquant que « malheureusement, les prisons iraniennes ne sont pas étrangères à de telles tragédies, dont beaucoup auraient pu être évitées si les autorités avaient prodigué des soins corrects. »

Les experts des Nations Unies ont mis en exergue les cas des prisonniers politiques Mohammad Hossein Rafiee Fanood et Kamal Foroughi, le défenseur des droits de l’homme Nargis Mohammadi, l’avocat Abdulfattah Soltani, le blogueur Hossein Ronaghi Maleki, le religieux Sayed Hossein Kazemeyni Boroujerdi et le physicien expérimentateur en technologie laser Omid Kokabee.
M. Kokabee a été arrêté en janvier 2011 au retour de ses études aux États-Unis et purge actuellement une peine de dix ans de prison pour ses supposées « connexions avec un gouvernement hostile ». On lui a diagnostiqué un cancer du rein et il a subi une opération chirurgicale la semaine dernière pour une ablation de son rein droit, une procédure qui aurait pu être évitée s’il avait eu accès dans les temps, à un stade précoce de la maladie, à un traitement approprié. Lorsqu’un soin minimal est finalement prodigué, comme dans le cas de M. Kokabee, les patients sont souvent transférés de prison enchaînés à leurs lits.
« La situation de ces prisonniers et le mépris continuel de leur santé et de leur bien-être par les autorités iraniennes sont complètement inacceptables », ont souligné les experts. « C’est particulièrement le cas étant donné que tous ont été arrêtés, jugés et emprisonnés pour l’exercice pacifique de leurs libertés et de leurs droits fondamentaux. »
« Nous exhortons les autorités à envisager la libération de M. Kokabee et d’autres prisonniers politiques pour raisons médicales ou humanitaires et de s’assurer de leur bien-être en leur facilitant un accès régulier à des soins médicaux », ont-ils affirmé.
Les experts des droits de l’homme ont rappelé au régime iranien son obligation en vertu des normes internationales de respecter le droit des prisonniers à la santé et de leur assurer un traitement humain. « Ne pas fournir des soins médicaux aux prisonniers entre en violation avec les obligations de l’Iran vis-à-vis des droits de l’homme internationaux et des normes intérieures du pays », ont-ils souligné.
« Nous avons, de manière répétée, attiré l’attention des autorités iraniennes sur les dénonciations liées au refus d’accès aux soins médicaux et aux mauvaises conditions de détention, et les avons exhortés à amorcer une réforme plus approfondie des prisons. Nous regrettons que le gouvernement ait jusqu’à présent échoué à enquêter sur ces dénonciations et à prendre les mesures nécessaires », ont conclu les experts des droits de l’homme.
Les experts qui se sont exprimés mardi sont, entre autres, Ahmed Shaheed, Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Iran ; Dainius Pûras, Rapporteur Spécial des Nations Unies sur le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible; Juan E. Méndez, Rapporteur Spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ; Maina Kiai, Rapporteur Spécial sur le droit de réunion pacifique et d’association ; et Seong-Phil Hong, Président / rapporteur du Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire.
Les Rapporteurs Spéciaux et Groupes de Travail font partie de ce que l’on appelle les Procédures Spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les Procédures Spéciales, le plus grand corps d’experts indépendants dans le système des Droits de l’Homme de l’ONU, est le nom général donné aux mécanismes d’enquête et de surveillance indépendants du Conseil, qui traitent de situations spécifiques dans certains pays ou de questions thématiques dans le monde entier.

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