Au bout de treize longues années de prison en Iran, un jeune vient d’échapper à la pendaison. Adolescent lorsqu’il a été incarcéré pour homicide, il vient d’être acquitté de cette peine après avoir été conduit deux fois à la potence. Cette décision s’applique en vertu de l’article 91 du code pénal iranien, qui concerne les enfants, inconscients de la gravité de leurs actes. En revanche il a été condamné à payer le prix du sang, une indemnisation à la famille de la victime.
Le 20 avril 2004, avertie de la mort d’un jeune dans le quartier de Robat-Karim à Téhéran, la police arrivait sur place. Le corps était celui de Saïd, 27 ans, tué par arme blanche. “Mon frère et moi, nous nous sommes disputés à cause d’un désaccord avec un amis, a dit en pleurant le frère de la victime. Un adolescent est arrivé. Il a voulu s’interposé. Mon frère s’est mis en colère et ils se sont battus. C’est alors que l’ado a soudain sorti un couteau de sa poche et tué mon frère ; il est mort sur le coup ».
Nima 17 ans a été interpellé après les explications du frère de la victime. Il décrit à son tour les évènements :
« Je ne connaissais pas la victime. Ce jour-là je suis sorti du club de sport et j’ai vu que plusieurs jeunes se disputaient. Je me suis avancé pour intervenir mais la dispute s’est terminée quelques instants après. Peu après, la victime et son frère ont relancé la bagarre en nous frappant à coups de bâtons et de chaines, moi et ceux qui étaient présents. Je n’avais aucun moyen de m’échapper et j’ai dû me défendre. Alors j’ai sorti un couteau et j’ai frappé la victime. En ce que concerne le couteau, il appartenait à mon ami et je devais le lui rendre le même jour au club ».
Suite aux confessions de l’accusé, le dossier a été complété et envoyé à la cour d’assises de la région de Téhéran. Dans la première session du tribunal, la famille de la victime a exigé la loi du talion. Après sa dernière défense, Nima a été condamné à mort. La peine a aussi été approuvée par la cour suprême, ce qui a conduit l’inculpé deux fois à la potence.
L’adolescent qui se trouvait au seuil de la mort a été acquitté en vertu de l’article 91 du code pénal des mollahs (concernant les accusés de moins de 18 ans) et son dossier a été transféré à la branche 4 du tribunal pénal de Téhéran.
Le jour précédent, Nima s’est présenté devant une commission présidée par le juge Abdullahi. Le médecin légal a expliqué que l’inculpé n’était pas majeur au moment des faits et qu’il ne pouvait pas être conscient de la gravité de son acte.
Le jour précédent, Nima s’est présenté devant une commission présidée par le juge Abdullahi. Le médecin légal a expliqué que l’inculpé n’était pas majeur au moment des faits et qu’il ne pouvait pas être conscient de la gravité de son acte.
« A cette époque je n’avais aucune idée de ce que pouvaient être les représailles d’un crime. J’étais au lycée lorsque j’ai été emprisonné et j’ai dû passer les meilleurs années de ma vie derrière les barreaux » a déclaré le prévenu lors de sa dernière défense au tribunal. « Au cours de ces années j’ai fait des études de gestion et j’ai eu mon diplôme de Coran, a-t-il ajouté. Maintenant je demande les juges de réviser ma peine et de la réduire pour que je puisse me rattraper », a-t-il affirmé.
Au terme de la session, Nima a finalement a été condamné à payer le prix du sang, une indemnisation à la famille de la victime. Si le prix est trop élevé et que sa famille est dans l’incapacité de la verser, soit elle s’endettera à vie, soit il restera en prison.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire