Des dizaines de prisonniers soufis sont illégalement enfermés dans une unité réservée aux prisonniers toxicomanes du Grand Pénitencier de Téhéran (GTP), a déclaré un de leurs proches au Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI).
La source, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité, a déclaré qu'une plainte déposée par un groupe de familles de détenus était toujours sans réponse plus de deux mois après son dépôt.
« Nous, les familles, sommes d'abord allées à l'Organisation pénitentiaire de Téhéran à la fin du mois de septembre 2018 et on nous a dit que la séparation des prisonniers n'était pas leur affaire et que nous devions nous rendre au siège national de l'Organisation pénitentiaire », a déclaré la source au CDHI, le 30 octobre 2018.
« Nous avons emmené notre plainte à cet endroit et avons déclaré que ces derviches ne devraient pas être dans des sections réservées aux toxicomanes à la méthadone et aux criminels ayant des antécédents violents », a ajouté la source.
La source a poursuivi : « Ils nous ont dit de revenir la semaine suivante. Quand nous sommes revenus au bout d'une semaine, ils nous ont dit qu'ils avaient envoyé une lettre à l'organisation pénitentiaire de Téhéran en réponse à notre plainte. Depuis lors, nous nous rendons tous les jours à l’organisation pénitentiaire de Téhéran et ils nous disent qu’ils n’ont reçu aucune réponse. Nous ne comprenons pas ce qui se passe. Comment est-il possible qu'une lettre envoyée par une organisation ne soit pas parvenue à une autre organisation, deux mois plus tard ? Pourquoi ne pouvons-nous pas obtenir de réponse ? »
La source a déclaré que depuis août 2018, 52 derviches soufis gonabadi sont détenus dans la section N°1 du grand pénitencier de Téhéran, réservée aux toxicomanes, où les relations entre les détenus sont connues pour être précaires et les conditions sanitaires très mauvaises.
Selon l'article 69 du règlement de l'Organisation pénitentiaire iranienne : « Tous les condamnés, au moment de leur admission dans des prisons fortifiées ou des centres de rééducation, seront séparés selon le type et la durée de leur peine, leurs antécédents, leur caractère, leur moralité et leur comportement, conformément aux décisions prises par le Conseil de classification des prisonniers ».
Les familles soutiennent que les prisonniers soufis, qui avaient été arrêtés pour avoir assisté aux manifestations à Téhéran, au début de cette année, devraient être détenus dans une section réservée aux prisonniers politiques afin d’assurer leur sécurité.
« La section N°1 a une capacité de 100 prisonniers mais 400 détenus s’y trouvent », a ajouté la source. « Les médicaments ne sont pas autorisés, mais on peut s’y procurer facilement toutes sortes de pilules ».
Pendant ce temps, huit détenus soufis qui ont pris part à un sit-in organisé le 29 août pour demander la libération des femmes soufies détenues à la prison de Gharchak, située au sud de Téhéran, sont détenus au secret dans une cellule d'isolement, sans aucun accès à leur famille depuis les deux derniers mois.
« Les autorités judiciaires donnent aux familles des réponses évasives », a déclaré Faezeh Abdipour, l'épouse de l'un des détenus, Mohammad Sharifi Moghaddam, lors d'un entretien avec le CDHI, le 10 octobre.
« Rostami, le superviseur judiciaire de la prison, déclare que les prisonniers sont libres de recevoir des visites et de passer des appels téléphoniques. Mais quand nous sommes allés à Farzadi, le directeur du Grand Pénitencier de Téhéran a déclaré que de hauts responsables, dont Rostami, avaient ordonné à ces prisonniers de rester en isolement sans visite ni accès téléphonique », a-t-elle déclaré.
Abdipour a fourni les prénoms des responsables.
Selon un site Web géré par des Derviches soufis gonabadi, 300 Sufis auraient été emprisonnés au Grand pénitencier de Téhéran depuis leur arrestation lors d'une manifestation en février 2018 près du domicile de leur guide spirituel à Téhéran. Au moins un derviche et trois policiers sont morts lors de ces manifestations.
Au moins 20 des manifestants ont été condamnés à de lourdes peines de prison en août 2018. Huit d'entre eux ont été condamnés par contumace après avoir refusé de comparaître devant le tribunal pour protester contre le refus de respecter leur droit à une procédure régulière. On ignore combien de prisonniers restants ont depuis été jugés ou libérés.
Les soufis de l’ordre Gonabadi d’Iran croient en une interprétation de l’islam différente de celle des institutions chiites au pouvoir. La République islamique considère tout système de croyance religieuse alternatif, en particulier ceux qui cherchent des convertis, comme une menace pour l'ordre chiite en vigueur et a déjà emprisonné des derviches dans le cadre d'une campagne de répression en vigueur actuellement.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran
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