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dimanche 4 novembre 2018

Rapport mensuel d’Iran Human Rights Monitor - Octobre 2018


Iran Human Rights MonitorCSDHI - Introduction - Octobre a été marqué par de nombreux cas de violation des droits humains alors que l'Iran poursuivait sa campagne de répression interne.
Les autorités iraniennes ont un désastreux bilan d'au moins 22 exécutions ce mois-ci, y compris l'exécution d'une femme alors qu'elle n'avait que 17 ans au moment des faits.

Des informations émanant de l’intérieur du pays indiquent également que les services du renseignement et les forces de sécurité ont continué d’arrêter des arabes ahvazis, dont plusieurs enfants et femmes, dans le cadre de ce qui semble être une répression croissante dans la province iranienne du Khouzistan.
Des informations ont apporté des détails sur un grand nombre de chauffeurs routiers de diverses provinces qui auraient été arrêtés pour avoir pris part à la grève. Un porte-parole du système judiciaire les aurait menacés de « lourdes peines ».
La nouvelle selon laquelle des écologistes iraniens seraient passibles de la peine de mort aurait suscité la controverse en Iran. Le procureur de Téhéran a affirmé que quatre des huit écologistes iraniens détenus étaient accusés d’avoir « semé la corruption sur Terre », ce qui pourrait être puni de mort.
En outre, Jafari Dolatabadi a déclaré que les actions en justice contre les détenus étaient déjà préparées et prêtes à être présentées devant les tribunaux.
Huit écologistes, Niloufar Bayani, Houman Jokar, Sepideh Kashani, Amir Hossein Khaleqi, AbdolReza Kouhpayeh, Taher Qadirian, Sam Rajabi et le binational américano-iranien Morad Tahbaz ont été placés en garde à vue par les pasdarans, en janvier dernier.
Human Rights Watch a appelé l’Iran à libérer immédiatement huit militants écologistes détenus depuis janvier, à moins que les autorités « ne soient en mesure de produire des preuves pour justifier les charges qui pèsent sur eux et de leur garantir un procès équitable ».
Le Rapport mensuel de Iran Human Rights Monitor - Octobre 2018 examine les exécutions, les arrestations et les peines cruelles prononcées à l’encontre de personnes, les meurtres arbitraires, les morts en détention, les traitements inhumains et les peines cruelles, les conditions de détention et les persécutions des minorités religieuses.
Le droit à la vie

Exécutions

Iran Human Rights Monitor a enregistré 22 exécutions qui ont eu lieu dans les prisons d'Oroumieh, Birjand, Qazvin, Rajaï Chahr, Shahre Kord, Ispahan, Maragheh, Ilam, Shirvan, Sirjan, Zahedan et Ardebil.
L’Iran a exécuté une femme victime de violence conjugale et sexuelle qui a été reconnue coupable du meurtre de son mari alors qu'elle était mineure.
Zeinab Sekaanvand a été pendue le 2 octobre à la prison centrale d'Oroumieh, dans la province d'Azerbaïdjan occidental.
Elle avait à peine 15 ans lorsqu'elle a été forcée d'épouser son mari violent et en 2012, à l’âge de 17 ans, elle a été emprisonnée pour son meurtre après avoir avoué sous la torture.
À propos de l’exécution horrible de Sekaanvand, 24 ans, le directeur de la recherche et du plaidoyer pour le Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré : « Son exécution est profondément injuste. Le fait que la publication de sa peine de mort ait fait suite à un procès manifestement inéquitable rend son exécution encore plus scandaleuse ».
Philip Luther a ajouté : « Zeinab Sekaanvand a déclaré que, peu de temps après son mariage, elle avait demandé l'aide des autorités à plusieurs reprises au sujet de son mari violent et elle avait affirmé que son beau-frère l'avait violée à plusieurs reprises.
« Au lieu d’enquêter sur ces allégations, les autorités l’ont systématiquement ignorée et ne lui ont fourni aucune aide en tant que victime de violences domestiques et sexuelles ».
October executions min
Meurtres arbitraires
Iran Human Rights Monitor a enregistré 11 meurtres arbitraires, notamment des porteurs et des marchands kurdes et des balouches.
Les autorités prennent des mesures sévères à l’encontre des porteurs sous le prétexte de la contrebande, alors que l’aspect courant de la contrebande de marchandises et de devises en Iran confirme cette réalité : les « petits trafiquants », qui sont constamment arrêtés et même tués par la police de l’État, sont en réalité une toute petite pièce d’un très grand puzzle.
Traitements inhumains et punitions cruelles
L’appareil judiciaire iranien a condamné 60 personnes à la flagellation et a coupé la main d’une personne.
Quinze membres du personnel de la société manufacturière HEPCO dans la province iranienne de Markazi ont été condamnés à des peines de prison avec sursis pour leur grève en raison de leurs salaires impayés, a rapporté l'agence de presse officielle iranienne, Labor News (ILNA), le 28 octobre 2018.
« Il convient de noter que certains de ces travailleurs… étaient des représentants syndicaux qui négociaient avec leur employeur », a déclaré le rapport d'ILNA. « Les travailleurs disent qu'ils veulent que le nouveau ministre du travail (Mohammad Shariatmadari), qui avait donné des assurances sur la liberté d'organiser des manifestations du travail, intervienne et s’oppose à leurs poursuites ».
Les travailleurs de la société de production d’équipement lourd (HEPCO), reconnus coupables de « perturbation de la paix publique », sont : Majid Latifi, Behrouz Hasanvand, Hamidreza Ahmadi, Amir Houshang Pour Farzanegan, Morteza Azizi, Hadi Fazéli, Abolfazl Karimi, Farid Kodani, Majid Yahyaie, Amir Fatahpour, Yaser Gholi, Amir Farid Afshar, Mehdi Abedi, Ali Maleki et Berouz Valashajardi.
Pedram Pazireh, étudiant diplômé en culture et médias et secrétaire adjoint de l'UTUCI, a été condamné à 7 ans de prison et à 74 coups de fouet pour avoir organisé une cérémonie commémorant la Journée nationale des étudiants. Le verdict a été rendu par le célèbre juge Mohammad Moghiseh.
Un tribunal de la ville d'Arak a prononcé des peines de prison et des coups de fouet pour 11 manifestants arrêtés lors du soulèvement de décembre / janvier 2018, qui s’est propagé dans plus de 140 villes à travers le pays. Ces personnes font face à des accusations telles que « perturbation de l'ordre public et de la paix via leur participation à des rassemblements illégaux ».
Les arrestations
Iran Human Rights Monitor a enregistré 2442 arrestations dans le pays, dont 543 arrestations pour des motifs politiques, 11 arrestations pour des motifs religieux et ethniques et 1888 arrestations arbitraires.
Des groupes de défense des droits humains ont accusé Téhéran d'avoir mené une campagne de « répression » qui a duré des semaines contre la minorité ethnique arabe ahwazi dans la province du Khouzistan, dans le sud de l'Iran, et arrêté notamment des enfants et des femmes.
La vague d’arrestations fait suite à une attaque armée meurtrière contre un défilé militaire dans la ville d’Ahwaz. Amnesty International pense que le moment choisi semble indiquer que les autorités iraniennes utilisent l'attaque d'Ahwaz comme une excuse pour s'en prendre aux membres de la minorité ethnique arabe ahwazi, y compris la société civile et des militants politiques, afin d'écraser la dissidence dans la province du Khouzistan.
Hachem Khastar, éminent militant des droits des enseignants, qui a mystérieusement disparu le 23 octobre, dans la ville de Mashhad, dans le nord-est de l’Iran, est maintenu en détention par le ministère du renseignement de la République islamique, dans un hôpital psychiatrique.
« Il était en parfait état de santé et après avoir pris sa retraite, il a consacré beaucoup de temps à l'agriculture. Les seuls médicaments qu'il prenait étaient des pilules pour la tension artérielle. Khastar étant hospitalisé dans une section d'urgence d'un établissement spécialisé pour les patients psychiatriques, cela signifie que les autorités lui ont injecté un type particulier de médicament dans l'intention de le tuer, ou qu’il a été grièvement blessé sous la torture ou au cours de son arrestation », a dit Sedighe Maleki, l'épouse de M. Khastar.
Le syndicaliste représentant les enseignants de la province de Razavi Khorasan (dans le nord-est de l’Iran) est le dernier en date à avoir été arrêté en Iran cette année alors qu’il défendait le droit des enseignants de participer à des activités syndicales et de manifester pacifiquement pour de meilleures conditions de travail.
Plus de 261 chauffeurs routiers ont été arrêtés au cours de la grève et des menaces de mort ont été proférées par des représentants du gouvernement qui ont qualifié les chauffeurs de « bandits de la route », passibles de peines sévères et parfois de la peine de mort en Iran. Un responsable de la justice a également menacé les chauffeurs routiers, qui organisaient une grève nationale contre les salaires et les prix élevés de « pénalités sévères », s'ils continuaient à manifester, ont déclaré les médias officiels.
Mohseni Ejei a mis en garde les camionneurs qui ont continué à protester pour des salaires plus élevés et des pièces détachées plus abordables, malgré plusieurs arrestations.
« De lourdes sanctions attendent ceux qui (…) bloquent la circulation des camions sur les routes », a-t-il déclaré, d’après IRNA.
Le procureur général Mohammad Jafar Montazeri a déclaré la semaine dernière que les conducteurs en protestation pourraient être condamnés à mort conformément aux lois sévères contre le brigandage, a rapporté la télévision officielle, IRIB.
Avant cela, en octobre, un tribunal de la province de Qazvin, dans le nord-ouest de l’Iran, avait réclamé la peine de mort contre 17 chauffeurs de camion en grève.
Au moins quatre enseignants ont été arrêtés au cours d'un sit-in pacifique de deux jours, consacré aux droits des enseignants et au droit à l'éducation en Iran, tandis qu'un nombre indéterminé d'enseignants a été convoqué dans les bureaux du ministère du renseignement à Téhéran, Qazvin, Bojnourd, Saqqez, Marivan et Kermanshah et Aligoudarz.
L’association des enseignants iraniens (ITTA) a annoncé le 14 octobre que le chef de son secrétariat, Mohammad Reza Ramezanzadeh, et un enseignant, Mohammad Ghanbari, avaient été arrêtés après le début de la grève, le 13 octobre 2018.
Le 11 octobre, Abbas Vahedian, enseignant et membre d'ITTA, a été arrêté à son domicile à Mashhad à la veille du sit-in par des agents de la sécurité qui ont perquisitionné son domicile, confisqué ses effets personnels et l’ont emmené dans un lieu inconnu.
À Aligoudarz, dans la province du Lorestan, Amin Azimi, également membre de l'ITTA, a été libéré le 16 octobre, deux jours après son arrestation.
Les enseignants de plusieurs villes iraniennes ne se sont pas montrés en classe, le 13 octobre pour se joindre à un sit-in pacifique pour protester contre les mauvaises conditions de vie, les problèmes liés à leur emploi et les lourdes mesures de sécurité imposées dans leurs écoles.
Les prisonniers
Plus de 70 prisonniers politiques ont entamé une grève de la faim pendant plus d'une semaine dans la prison centrale d’Oroumieh, en dépit des pressions et des vaines promesses des autorités pénitentiaires.
Le 14 octobre, ces détenus ont entamé leur grève de la faim pour protester contre l’attaque menée par les unités de la garde spéciale de la prison et visant le quartier 12 où se trouvent les prisonniers politiques. Les gardiens de la prison les ont sévèrement battus et conduits en isolement. Cette attaque a eu lieu après que la protestation des prisonniers contre le passage à tabac d'un autre détenu et son transfert en isolement. Un certain nombre de prisonniers politiques ont été grièvement blessés.
Farhad Meysami, un défenseur des droits des femmes iraniennes emprisonné à Téhéran, est en mauvaise santé à cause de sa grève de la faim.
Meysami, médecin arrêté en juillet pour avoir protesté contre les lois qui obligent les femmes iraniennes à porter le hijab, est en grève de la faim depuis le 1er août et a perdu 18 kilos alors qu'il est détenu dans la clinique de la prison d'Evine à Téhéran et qu’il est nourri de force par voie intraveineuse.
Meysami a promis de ne pas mettre fin à sa grève de la faim tant que lui et deux autres militants connus, arrêtés pour avoir protesté contre le hijab, ne seront pas libérés.
Golrokh Iraee, Atena Daemi et Maryam Akbari Monfared, trois prisonnières politiques du quartier des femmes de la prison d’Evine ont été privées de leurs visites familiales pendant deux semaines depuis le 2 octobre 2018.
Les agents de la prison ont déclaré que le verdict avait été rendu de manière illégale à cause de la dispute verbale entre trois femmes prisonnières et des gardiens de prison dans la salle des visites où elles avaient scandé des slogans.
Les trois prisonnières politiques, Golrokh Iraee, Atena Daemi et Maryam Akbari Monfared, ont demandé à consulter le verdict, mais le responsable du quartier des femmes a déclaré que ce verdict leur avait été communiqué verbalement par Charmahali, l'administrateur de la prison et le bureau du Procureur.
Violation d'autres droits
Le 23 octobre, le chef de la police de Téhéran a annoncé que « 255 opérations avaient été menées à Téhéran », dans le cadre desquelles 240 personnes, dont 45 mineurs, avaient été arrêtées.
Hossein Rahimi a déclaré que les détenus étaient notamment accusés d'avoir « créé des troubles, détruit des biens publics et incité l'opinion publique sur Internet ».
Il a également annoncé que 210 magasins, dont des cafés, des gymnases et 67 parcs, avaient été perquisitionnés au cours des 255 opérations effectuées en 48 heures.
Une agence de presse officielle, ISNA, a également publié une vidéo censée montrer le chef de la police de Téhéran « interroger » un jeune homme dans la rue.
Le jeune homme a été abattu par la police après avoir attaqué un commissariat avec une machette.
Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il avait attaqué le poste de police, le jeune homme a répondu qu'il l'avait fait pour venger la mort de son oncle tué par la police, après 12 heures de garde à vue.
Source : Les droits de l’homme en Iran

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