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jeudi 19 mars 2020

A Téhéran, Nazanin Zaghari-Ratcliffe libérée de prison temporairement


nazarin libérée iranLibération - Nazanin Zaghari-Ratcliffe portant un bracelet électronique après sa libération, à Téhéran, le 17 mars. Photo AFP
L'Irano-Britannique condamnée à cinq ans de prison pour espionnage, ce qu'elle a toujours nié, a été libérée provisoirement, pour quinze jours, en partie grâce à la crise du coronavirus.
Une lueur, un début d’espoir, une petite bonne nouvelle au milieu d’un océan de mauvaises. Le coronavirus a permis la libération, provisoire pour le moment, de l’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe. La jeune femme de 41 ans est sortie mardi après-midi de la prison d’Evin, à Téhéran. Elle est assignée à domicile chez ses parents, à l’ouest de Téhéran, d’où elle ne doit pas s’éloigner de plus de 300 mètres et doit porter à la cheville un bracelet électronique. Son père a dû payer pour la «location» du bracelet électronique, l’équivalent de la moitié de sa retraite mensuelle.

Sa libération est initialement prévue pour quinze jours. Sa sortie de prison sous conditions est liée à l’épidémie de coronavirus, qui touche lourdement l’Iran et notamment la population carcérale de la prison d’Evin. Mardi, les autorités iraniennes ont libéré 85 000 prisonniers testés négatifs au coronavirus et libérables sous caution. Il y a quinze jours, Nazanin Zaghari-Ratcliffe avait développé des symptômes qui avaient laissé penser qu’elle aurait pu être atteinte par le virus, mais elle n’avait pas été testée.
Arrêtée en avril 2016
Son mari Richard Ratcliffe, qui fait campagne sans relâche depuis quatre ans pour sa libération, s’est dit soulagé, mais a insisté sur la nécessité de transformer cette sortie temporaire en «une libération définitive». «C’est difficile de se détendre complètement», a-t-il dit, en soulignant que la libération conditionnelle se rapprochait plus d’une assignation à domicile. Les conditions de sa libération l’empêchent de se rendre notamment à l’ambassade britannique à Téhéran.
A peine arrivée chez ses parents, Nazanin a pu s’entretenir avec son mari et surtout sa fille de 4 ans, Gabriella, récemment arrivée au Royaume-Uni. Nazanin avait été arrêtée en avril 2016, alors qu’elle s’apprêtait à rentrer à Londres avec Gabriella après des vacances passées à Téhéran dans sa famille. Elle avait été condamnée à cinq ans de prison pour espionnage, ce qu’elle a toujours contesté. Au moment de son arrestation, elle travaillait pour une organisation caritative, Thompson Reuters Foundation.
Conflit autour d’une dette de 400 millions de livres
Il était très vite apparu que Nazanin Zaghari-Ratcliffe était devenue l’otage d’une longue dispute commerciale entre le Royaume-Uni et l’Iran. Dimanche, l’ambassadeur d’Iran au Royaume-Uni, Hamid Baeidinejad, avait donné une interview en farsi au quotidien Etemad, traduite dans The Guardian, dans laquelle il se disait optimiste de voir ce conflit résolu prochainement. Il tourne autour d’une dette de 400 millions de livres du Royaume-Uni à l’Iran datant de plus de cinquante ans. Lundi, le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, s’était entretenu avec son homologue iranien, Javad Zarif. Dominic Raab s’est dit «soulagé de cette libération temporaire et a appelé l’Iran à apporter des soins médicaux adéquats» à Nazanin qui souffre notamment de dépression.
Richard Ratcliffe a diffusé quelques photos de sa femme, juste après sa libération. L’air fatigué, elle arbore un sourire radieux. «Je suis tellement heureuse d’être sortie. Même avec un bracelet électronique, je suis tellement heureuse, a dit Nazanin dans un communiqué. Etre dehors est tellement mieux qu’être dedans, si vous saviez quel enfer est cet endroit. C’est dingue. Espérons que ce soit le début de mon retour à la maison.»
Sonia Delesalle-Stolper Correspondante à Londres

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