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vendredi 27 novembre 2020

Que signifie la montée des luttes intestines au sein du régime iranien ?

Photo d’archive – luttes intestines entre factions au sein du Majlis du régime iranien

CNRI - La session publique du Parlement du régime iranien, mercredi 25 novembre, a une nouvelle fois reflété la profondeur de la crise du régime. Les députés ont versé des larmes de crocodile sur la crise économique qui écrase les Iraniens et ont attaqué la faction du président du régime, Hassan Rohani. Pourtant, tout comme d’autres autorités en place, ils n’ont proposé aucune solution pour résoudre les problèmes de la population.

Mohammad Bagher Qalibaf, le président du Majlis (parlement) clérical, qui est connu pour son rôle dans la répression, en particulier lors des manifestations étudiantes de 1998, a été le premier à parler des moyens de subsistance des gens.

Le prix du poulet

« Les prix élevés qui sévissent ont rendu la vie plus difficile aux gens. Les pères ont honte devant leur famille. Les prix élevés ont commencé un jour avec les œufs et ont maintenant atteint le poulet. Aujourd’hui, le prix du poulet reflète l’inefficacité et l’incohérence dans la mise en œuvre des politiques [économiques] », a déclaré Qalibaf.

« L’augmentation du prix des produits de première nécessité pour de nombreuses personnes, comme la volaille et la viande rouge, n’a aucun fondement », a reconnu un autre député, Esmail Hossain-Zehi, tout en essayant de rejeter la faute sur la faction rivale.

« Comment le prix du poulet, dernière source de protéines et la moins chère, peut-il augmenter de 50% du jour au lendemain ? Comment pourrait-il disparaître de la table des gens qui se vide, avec le début du confinement général le 21 novembre ? Au lieu de surveiller le marché et de préparer et distribuer des paquets de moyens de subsistance, le prix de la volaille monte en flèche. Alors comment encouragez-vous les gens à rester chez eux ? » a ajouté Esmail Zehi.

Pas de solutions en vue

Pourtant, aucun des députés du régime n’a proposé de solution à la hausse des prix, au taux d’inflation et aux problèmes de la population.

Mercredi, Rohani a également eu la larme à l’œil et joué du mouchoir pour reconnaitre à quel point la dureté de la crise. « Je sais à quel point c’est difficile – ce petit entrepreneur qui doit fermer son magasin, ce travailleur qui a perdu son travail. Nous savons à quel point la situation est dure pour les gens », a-t-il déclaré.

Rohani avait déjà attaqué la faction rivale et l’avait accusée de faire valoir ces arguments pour préparer le terrain à la campagne présidentielle à venir.

« Il reste du temps jusqu’aux prochaines élections. C’est bien que vous fassiez ce que vous voulez pour l’élection. Pour ceux qui essaient de trouver le champion de la levée des sanctions, je leur dis que vous êtes le champion. Ceux qui ne font que critiquer », a déclaré Rohani le 18 novembre.

Mais Rohani a également refusé de proposer une solution. Aucune des factions rivales n’a parlé d’utiliser les vastes ressources de l’Iran et les milliards de dollars des différentes institutions financières du pouvoir pour aider la population.

Cauchemar des révoltes

Le Guide suprême du régime, Ali Khamenei, qui contrôle un empire financier de dizaines de multinationales et de grandes institutions financières, n’a pas donné un seul centime pour aider la population.

Les responsables du régime s’inquiètent de la situation économique, mais pas pour le bien des gens. Ils craignent pour leur sécurité, car les pressions économiques et sociales pourraient entraîner un soulèvement. Le régime vit toujours le cauchemar des révoltes de novembre 2019, qui ont ébranlé les fondations de la théocratie. Les grandes manifestations de novembre 2019 en Iran ont également commencé en raison de problèmes économiques.

Toutes les factions du régime parlent de crises sociales et économiques, versent des larmes de crocodile pour le peuple.  Mais au cours de leurs luttes intestines pour toujours plus de pouvoir, les deux factions se rejettent mutuellement la faute. Pourtant, ni l’une ni l’autre n’en assume la responsabilité, et aucune n’agit. En un mot, le régime est dans une impasse.

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