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mercredi 9 mars 2022

Iran : Récit de la répression contre les journalistes début janvier 2022

 RSF – Reporters sans Frontières dresse ci-dessous un aperçu de la situation humaine des journalistes en Iran en 2022.

03.03.2022 – La Covid-19 menace toujours la vie des journalistes emprisonnés 

Alors qu’une nouvelle vague de Covid-19 continue à tuer en Iran, Reporters sans frontières (RSF) exprime ses inquiétudes pour l’état de santé des journalistes emprisonnés et demande leur libération immédiate.

Membre de la rédaction du site d’information Majzooban Nor, Mostafa Abdi a été infecté par le coronavirus pour la troisième fois en deux ans dans la sinistre grande prison de Téhéran (Fashafuieh)  “Cette fois, il présente une forme de pneumonie jugée grave (….) cela fait quatre ans qu’il est dans cette prison et il doit y rester encore plus de deux ans”  déplore son frère dans un tweet, en date du 2 mars. Mostafa Abdi est emprisonné depuis 2018, avec trois autres membres du comité de rédaction du site d’information Majzooban Nor : Mohammad Sharifi Moghadam, Kasra Nouri, et Abbas Dehghan. Comme ses confrères, il n’a pas bénéficié des permissions prévues par loi pour les prisonniers en Iran. Les collaborateurs de ce site qui était la seule source d’information indépendante de la communauté soufie des derviches Gonabadi, ont été arrêtés brutalement dans la nuit du 19 au 20 février 2018, dans le quartier de Pasdaran, (nord de Téhéran) en marge d’affrontements entre la police et des membres de cette communauté.

Ces journalistes ont été condamnés en septembre 2018, à de lourdes peines, allant de 7 à 26 ans de prison ferme. Privés d’avocats, ils ont refusé de participer à leur jugement pour protester contre un procès inéquitable et ont été condamnés par contumace.

25.02.2022 – Permission médicale pour Narges Mohammadi et Alieh Motalebzadeh

Soulagé de voir le calvaire pour les deux journalistes s’adoucir un peu, RSF demande leur libération immédiate. 

Le 18 février 2022, la journaliste et défenseur des droits humains Narges Mohammadi a été transférée dans un hôpital de Téhéran suite à une malaise respiratoire et cardiaque. Elle a été opérée d’une artère coronaire bouchée. Après l’opération, elle a été renvoyée dans sa cellule dans la sinistre prison pour femmes de Gharchak. Selon son époux, Taghi Rahmani, le 20 février, les responsables judiciaires et pénitentiaires lui ont enfin accordé une permission médicale.

Le 23 février, Sadra Abdollahi dans un tweet a annoncé que son épouse emprisonnée Alieh Motalebzadeh a bénéficié d’une permission médicale après avoir été testée positive au Covid-19. C’est la deuxième fois que la photojournaliste a été contaminée en moins de dix-huit mois.

Les deux journalistes Narges Mohammadi et Alieh Motalebzadeh ont été transférées au mois de janvier à la prison pour femmes de Gharchak, située à Varamin, dans le sud de la province de Téhéran, après avoir été précédemment détenues à la prison d’Evin, au nord de Téhéran.

24.02.2022 – En résidence surveillée depuis 11 ans

Reporters sans frontières (RSF) rappelle que les détentions arbitraires de Mehdi Karoubi, 84 ans, Mir Hossein Mousavi, 80 ans, et de son épouse Zahra Rahnavard, 76 ans, n’ont aucune base légale au regard du droit national et des normes internationales. Ces emprisonnements constituent une violation flagrante de la Déclaration universelle des droits de l’homme alors qu’ils sont privés du droit à un procès équitable.

Le 24 février 2010, après 10 jour du silence, les autorités iraniennes ont confirmé que Mehdi Karoubi propriétaire du journal suspendu EtemadMelli et Mir Hossein Mousavi, propriétaire du journal suspendu Kalameh Sabaz, et son épouse, l’écrivain Zahra Rahnavard, sont placés en résidence surveillée. Depuis le 24 février 2011, ces personnalités – ex-président du parlement d’Iran (Karoubi) et ancien Premier ministre (Mousavi), également leaders du mouvement de protestation contre la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2008 – sont considérés par les responsables du régime comme les “têtes de sédition” et sont privés de tous leurs droits. Plusieurs fois hospitalisés, ils souffrent notamment de malaises cardiaques, liés notamment à leurs conditions de réclusion et de l’impossibilité qu’on leur impose de se déplacer.

22.02.2022 – Arrestation de deux journalistes

Reporters sans frontières (RSF) condamne la répression sans relâche de la liberté de la presse en Iran.

Le 13 février 2022, le journaliste-citoyen et traducteur Rozbeh Priri a été arrêté dans la ville de Tabriz, capitale de la province de l’Azerbaïdjan oriental (nord-ouest de l’Iran), par des agents en civil et a été transféré à la prison centrale de ville de Tabriz. Selon ses proches, il aurait été interpellé pour purger une peine de trois ans de prison ferme.

Rozbeh Priri a été condamné, le 12 mai 2021 par un tribunal de Tabriz, à une amende de cinq millions de tomans (1 500 euros) et trois ans de prison ferme. Il faisait l’objet d’une plainte des gardiens de la révolution pour “publication de fausses informations sur les réseaux sociaux” après avoir relayé sur Instagram le passage à tabac de son frère lors de son arrestation puis de son incarcération en mars 2021.  Des violences qui lui ont valu d’être hospitalisé dix jours. Cet activiste de la société civile avait été interpellé alors qu’il distribuait des livres en langue azéri.

Le même jour, le directeur du site d’information Hezar pisheh, Iraj Moghadam, a été arrêté en vertu d’un mandat du tribunal de la ville de Choar (province d’Ilam – sud-ouest du pays). Le journaliste a été interpellé après une plainte de la société de pétrochimie de la province d’Ilam alors qu’il avait publié le salaire et la fiche de paie d’un des responsables de cette société d’État. Sa famille est toujours sans nouvelle de lui.

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