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jeudi 1 septembre 2022

Raïssi ira aux États-Unis après avoir fait disparaître de force des dizaines de milliers de personnes

 Le 30 août, la Journée internationale des personnes disparues, est un événement international célébré chaque année le 30 août pour attirer l’attention sur le sort des personnes emprisonnées contre leur gré dans de mauvaises conditions et dans des lieux inconnus de leurs familles et/ou de leurs représentants légaux.

L’événement d’aujourd’hui m’a ramené aux jours sombres de juillet et août 1988 à la prison de Gohardasht et à ma dernière visite avec mon frère aîné Reza. Nous avons tous deux été arrêtés en 1981 pour avoir soutenu l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK). Je n’oublierai jamais les heures d’interrogatoire et de torture que Reza et moi, ainsi que des dizaines de milliers de partisans de l’OMPI, avons subies dans les années 1980. J’ai été rapidement condamné à 11 ans de prison, et j’ai ensuite purgé ma peine dans son intégralité.

Nous avons été arrêtés et nos proches n’ont pas été autorisés à nous rendre visite pendant des années.

Nous étions sous une pression énorme, mais notre décision de lutter pour la libération de notre pays des griffes de la théocratie au pouvoir nous a permis de garder espoir dans l’avenir.

J’ai été submergé de joie lorsque j’ai rencontré Reza pour la première fois après quelques années de séparation. Je ne savais pas que ce bonheur serait de courte durée. En 1988, sept ans après le début de sa peine, mon frère a été tué dans le massacre des prisonniers politiques.

Reza, ainsi que des dizaines de milliers de prisonniers à travers l’Iran, ont vu leurs peines soudainement et arbitrairement transformées en condamnations à mort par les « commissions de la mort« , réunies en réponse à une fatwa du fondateur du régime, Rouhollah Khomeini, pour exterminer le MEK.

Reza et moi étions à la prison de Gohardasht, où la « Commission de la mort » de Téhéran a scellé le sort de Reza et de mes amis et compagnons de cellule en quelques minutes, après s’être assuré qu’ils soutenaient toujours l’OMPI. J’ai été emmené devant ce comité quelques jours après l’exécution de Reza et je me suis enquis de lui ; on m’a annoncé froidement qu’il avait été pendu.

Des années plus tard, en 2020, j’ai eu à partager mes souvenirs douloureux lors du procès d’Hamid Noury, surveillant de prison et bourreau qui travaillait à Gohardasht. Le lieu de son procès a été transféré de Suède en Albanie pour entendre le témoignage de sept survivants du massacre de 1988, dont moi, qui sommes membres de l’OMPI et continuons notre lutte pour la liberté à Achraf 3, près de Tirana.

The 1988 Massacre of Political Prisoners in Iran: Eyewitness Accounts, Mohammad Zand  https://youtu.be/mX4dAlMGXJo

Vidéo : Le massacre de prisonniers politiques en Iran en 1988 : témoignages oculaires, Mohammad Zand

Noury, qui a été arrêté en 2019 en Suède à son arrivée, a été condamné à la réclusion à perpétuité en juillet 2022. Sa condamnation nous a en effet tous remplis de joie et a été une victoire historique pour le « Mouvement en quête de justice pour les victimes du massacre de 1988 », que la Résistance iranienne avait poursuit avec zèle depuis trois décennies. Mais nous avons encore un long chemin à parcourir.

Aujourd’hui, nous rendons hommage à ces héros et héroïnes tombés au combat, mais voir des criminels qui ont joué un rôle majeur dans le génocide de 1988 occuper des postes élevés nous blesse profondément. L’un de ces criminels, Ebrahim Raïssi, est devenu président du régime en juin 2021.

Sa présidence a une fois de plus montré le sombre visage de l’impunité en Iran, permettant à des criminels comme Raïssi, qui siégeait à la «Commission de la mort» de Téhéran, d’occuper des postes de responsabilité. Cette impunité a permis au régime de poursuivre sa folie meurtrière, notamment en abattant plus de 1500 manifestants innocents en novembre 2019 et en détenant le record mondial en termes d’exécutions par habitant.

Raisi, Butcher of 1988 Massacre in Iran https://youtu.be/_gyE0HgavYY

Vidéo : Raïssi, boucher du massacre de 1988 en Iran

Ce qui ajoute du sel aux blessures profondes des victimes du régime, c’est l’approche de la communauté internationale envers le régime et Raïssi. Il représente le régime génocidaire de Téhéran, pas le peuple iranien et notre beau pays.

Raïssi a prévu de se rendre aux États-Unis pour participer à l’Assemblée générale des Nations Unies. Donner à ce personnage infame une chance de lire son discours de haine est une honte pour le monde libre. Le gouvernement américain ne devrait pas accorder de visa à Raïssi. Au lieu de cela, l’ONU et les États-Unis devraient ouvrir une enquête sur le massacre de 1988 et tenir tous les auteurs, y compris Raïssi, responsables.

Les criminels qui ont causé la disparition forcée de mon frère et bien d’autres doivent savoir qu’ils ne peuvent plus échapper à la justice.

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