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lundi 16 janvier 2023

Démissions et renvois montrent le désespoir du régime iranien face aux manifestations

– Le mercredi 22 décembre, le ministre de l’intérieur du régime iranien, Ahmad Vahidi, a annoncé la nomination de Mohammad-Tayyeb Sahraei au poste de gouverneur de la province de Kermanshah, dans l’ouest de l’Iran. Depuis 2007, M. Sahraei a servi le régime en tant que chef des forces de sécurité de l’État dans les provinces de Gilan et de Khorassan-e Razavi  et chef adjoint des opérations des forces de sécurité de l’État, ce qui fait de lui un agent de sécurité de haut niveau.

Sahraei a ensuite été remplacé par le général de brigade Bahman Amiri-Moghaddam du Corps des gardiens de la révolution islamique (les pasdarans), dont les adjoints avaient déjà été démis.

Notamment, Vahidi lui-même était auparavant le premier commandant de la Force Qods des pasdarans, responsable de l’attentat à la bombe de l’AMIA à Buenos Aires en 1994. Cet attentat avait coûté la vie à 85 personnes et blessé plus de 300 civils.

M. Vahidi a déclaré aux journalistes : « Un nouveau gouverneur a été nommé pour la province de Kermanshah. L’un des deux autres gouverneurs provinciaux pourrait être changé. » Les médias officiels ont émis l’hypothèse que les gouverneurs mentionnés sont issus des provinces du Sistan-Baloutchistan et du Khouzistan.

Le 17 novembre, l’administration du président du régime Ebrahim Raïssi a nommé un nouveau gouverneur pour la province du Kurdistan, dans l’ouest du pays.

L’agence de presse semi-officielle ILNA a rapporté : « Lors de la session du cabinet de mercredi matin dirigée par le président, le gouverneur de la province du Kurdistan a reçu un vote de confiance. »

Le 14 novembre, le gouvernement britannique a sanctionné le nouveau gouverneur du régime, Zarei Kousha, ainsi que plusieurs responsables de la sécurité et du renseignement, comme les ministres de l’intérieur et des TIC, pour leur implication dans la répression violente des manifestations déclenchées par le meurtre odieux de Mahsa Amini, 22 ans, alors qu’elle était en garde à vue.

Position des « gouverneurs provinciaux » en Iran

Lors de sa 80e session, le 20 octobre 1998, le Conseil administratif suprême a publié une directive concernant les tâches des gouverneurs de province, les procédures de leur nomination et de leur révocation, et leurs relations avec les appareils exécutifs.

L’article 1 de la directive déclare que les gouverneurs de province sont les hauts représentants du gouvernement dans leur région, responsables de la réalisation des politiques publiques du pays dans divers domaines par le biais du budget public. Ils contrôlent les institutions révolutionnaires islamiques, les forces de sécurité, les conseils municipaux islamiques, les municipalités et d’autres organisations publiques.

À cet égard, toutes les forces militaires sont sous le commandement des gouverneurs provinciaux, et ils sont responsables devant le président et le cabinet, principalement le ministre de l’intérieur.

L’article 2 mentionne également que les gouverneurs provinciaux sont chargés de préserver « l’ordre et la sécurité ». Tous les appareils de sécurité sont chargés d’appliquer les ordres de sécurité des gouverneurs provinciaux et de leur signaler les événements de politique de sécurité.

En un mot, le gouverneur de province est le commandant en chef de la sécurité militaire dans sa province, il commande à tous les appareils gouvernementaux pour préserver « l’ordre et la sécurité ». Ces personnes sont presque toutes des commandants des pasdarans ou des responsables de la sécurité, dont les CV sont encrés d’atrocités contre les citoyens.

Changement de routine ou bouleversement

L’Iran s’enfonce dans une tourmente sociopolitique depuis la mi-septembre. Il s’agit du plus long soulèvement qu’ait connu l’Iran au cours des quatre dernières décennies, et nombreux sont ceux qui décrivent les manifestations actuelles comme une révolution. Dans les rues d’Iran, on peut entendre des manifestants scander : « Ne l’appelez plus protestations, c’est devenu une révolution. »

La saine sagesse veut qu’aucun pouvoir en place n’accueille plus de défis lorsqu’il est confronté à la question « être ou ne pas être ». Sous le règne des mollahs, les gouverneurs de province – en particulier les généraux de brigade des pasdarans – constituent le pouvoir régional absolu et mettent en œuvre l’autorité du gouvernement central dans divers domaines.

Outre leur destitution ou leur démission, ces changements dans la hiérarchie régionale du gouvernement sont des signes que les manifestations de rue ont semé le chaos parmi les autorités. Les observateurs pensent bien sûr que ces changements sont le signe d’une défection sans précédent parmi les fidèles du Guide suprême du régime, Ali Khamenei.

Montrant un lien direct entre leur participation à l’opération de répression et la préservation de leurs positions, le gouverneur de la province de Mazandaran, Mahmoud Hosseinipour, a déclaré, lors d’une réunion privée il y a deux mois : « Certains directeurs d’État ont spéculé sur le fait que le régime était fichu, et ils ont fait leurs bagages. »

Dans un discours prononcé à la mi-novembre, Raïssi a déclaré : « Certains employés ou directeurs disent : « Nous ne pouvons pas ; c’est impossible. Nous répondons : « mettez ces types de côté ! ». Un directeur ne veut pas… sous n’importe quelle excuse, nous disons : « mettez-le dans une position marginale ».

Le gouvernement iranien assiste à une vague croissante d’objections de la part d’anciens responsables, alimentant les rivalités politiques. Le 17 décembre, l’ancien ministre de l’intérieur Abdollah Nouri a déclaré : « Cet horrible statu quo, ce comportement extrêmement violent et ces insultes sans précédent à l’encontre des manifestants » ont stupéfié « de nombreuses personnes qui ont joué un rôle crucial » dans la révolution de 1979, la guerre Iran-Irak et d’autres événements, « les amenant à regretter. »

L’ancien chef de la télévision et de la radio officielles, Mohammad Sarafraz, s’est exprimé le 1er novembre, déclarant : « Dans cette situation, les hauts responsables doivent choisir : soit ils poursuivent cette répression et cette injustice et deviennent les complices [du régime] dans de telles conditions, soit ils démissionnent et prennent du recul ; c’est le moindre des actes qu’ils puissent faire. »

Il a ajouté : « J’ai effectivement [démissionné] du Conseil suprême du cyberespace après la coupure de WhatsApp et d’Instagram. J’ai conclu que les inconvénients de mon appartenance à un tel conseil sont plus importants que ses avantages. »

Les activistes ont déclaré qu’il ne s’agit là que de la partie émergée de l’iceberg et ils prévoient d’autres défections parmi les responsables iraniens et les commandants de haut rang de l’IRGC (les pasdarans) dans les semaines à venir, à mesure que les activités anti-régime s’intensifient et se radicalisent.

Source : Iran FOCUS/ CSDHI 

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