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lundi 13 mars 2023

LES FEMMES À LA TÊTE DE LA LUTTE POUR LA LIBERTÉ EN IRAN

 Rapport Annuel 2023 de la commission des Femmes du CNRI

Le leadership des femmes dans la révolution n’est pas apparu du jour au lendemain. Il est profondément enraciné dans 44 ans de lutte contre le régime des mollahs.

Le soulèvement du peuple iranien a été l’un des événements les plus marquants de l’année 2022. Compte tenu de son importance, la commission des Femmes du CNRI a consacré son rapport annuel aux différents aspects de cette révolution démocratique et au rôle qu’y ont joué les femmes.

Les femmes sont la force du changement

L’une des caractéristiques les plus marquantes du soulèvement iranien de 2022, qui a inspiré le monde entier, est la bravoure des femmes et leur rôle de leader.

Mais comment cela s’est-il produit ?

Bien sûr, cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Le rôle de premier plan des femmes dans le soulèvement est profondément ancré dans la longue histoire de la lutte des Iraniennes pour leurs droits démocratiques, en particulier au cours des 44 dernières années.

Les femmes ont joué un rôle important dans la révolution de 1979 mais ont vu leurs droits et libertés durement acquis de plus en plus restreints sous le régime des mollahs. Elles sont devenues la cible principale, car la répression des femmes était un mécanisme permettant de réprimer l’ensemble de la société sous le couvert de la religion.

Cependant, les Iraniennes n’ont pas cédé et ont défié le pouvoir des mollahs, en payant le prix fort. De nombreuses femmes ont rejoint la principale force d’opposition, l’OMPI. Au cours de cette lutte, les femmes se sont révélées indispensables au mouvement.

Dans les années 1980, des milliers de femmes et de jeunes filles de l’OMPI ont marché vers la mort ou enduré des tortures cruelles, mais n’ont pas abandonné leur cause démocratique et leur foi en la liberté et l’égalité.

Des femmes de tous âges et de toutes conditions sociales ont tenu bon contre les mollahs et ont donné leur vie devant des pelotons d’exécution ou sous la torture. Lors du massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988, les femmes de l’OMPI ont défié les mollahs et n’ont pas cédé.

Au prix d’un tel sacrifice, elles ont accédé à la direction de l’organisation et en ont pris les rênes en 1985. Sous la direction de Maryam Radjavi, les femmes de l’OMPI ont travaillé à tous les niveaux de la direction politique et de la prise de décision au cours des 37 dernières années, dirigeant le mouvement d’opposition dans les conditions les plus difficiles.

Aujourd’hui, l’OMPI est dirigée par un conseil central composé de 1 000 femmes aguerries.

Mme Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, est convaincue que les femmes sont la force du changement.

Dans un discours prononcé le 21 juin 1996 à Londres, elle s’est adressée aux mollahs en déclarant : “Vous avez fait tout votre possible pour humilier, réprimer, torturer et massacrer les femmes iraniennes, mais soyez assurés que vous recevrez le coup de la force même que vous avez escamotée, la force même que votre esprit réactionnaire ne peut vous permettre de prendre en considération. Soyez assurés que ces femmes libres et compétentes balaieront partout votre oppression.”

Le rôle des femmes dans la force d’opposition d’avant-garde a exercé un impact sur les luttes sociales des femmes. Le monde a vu les Iraniennes jouer un rôle plus important dans les manifestations depuis 2009 jusqu’en 2019, 2018, et enfin en 2022.

Sous le règne misogyne des mollahs, elles se sont transformées en ressort compressé, bondissant en avant lorsque les conditions le permettent.

Six mois plus tard, le soulèvement défie la répression

C’est dans ce contexte que le meurtre sans pitié d’une innocente par la police des mœurs a mis le feu aux poudres du mécontentement social et des griefs économiques et a créé des conditions dans lesquelles les femmes ont pu jouer leur rôle courageux en affrontant les forces de sécurité et en dirigeant le mouvement.

Déclenché le 16 septembre 2022, le soulèvement est entré dans son sixième mois malgré les tentatives brutales pour le réprimer. Les forces de sécurité ont tué au moins 750 manifestants, dont 84 femmes et 70 enfants. Elles ont arrêté et détenu environ 30 000 personnes et les ont soumises aux tortures les plus brutales, y compris des agressions sexuelles et des viols collectifs.

Le régime a également prononcé des condamnations à mort à l’encontre de nombreux manifestants détenus, y compris des adolescents et des mineurs, lors de procès inéquitables où ils n’ont même pas eu accès à une représentation légale. Certains de ces procès se sont déroulés en ligne et ont duré moins de cinq minutes, sans permettre aux accusés de se défendre. Le régime a déjà exécuté quatre manifestants.

Néanmoins, les protestations se poursuivent, centrées sur un seul slogan, “à bas Khamenei”, indiquant le désir des manifestants de voir le régime renversé. Les manifestantes scandent également “avec ou sans voile, en avant vers la révolution”, ce qui traduit la demande de liberté de choix pour les femmes et d’unité contre la dictature religieuse.

Un autre slogan fréquemment scandé est “à bas le tyran, qu’il soit chah ou mollahs”, indiquant le rejet par le peuple iranien de toute forme de dictature et son aspiration à une société démocratique et pluraliste fondée sur la séparation de la religion et de l’État et l’égalité des sexes.

Utilisation excessive de la force

Une autre caractéristique marquante du soulèvement est qu’il a été mené par des étudiants et des lycéens. Chaque jour, une centaine d’universités du pays étaient le théâtre de protestations de jeunes, femmes et hommes.

Pour réprimer les protestations étudiantes, des agents en civil ont ouvert le feu, même dans les locaux de l’université.

Des agents en civil ont également enlevé des étudiants dans des dortoirs sans mandat légal, en pleine nuit ou au petit matin.

L’encerclement par les forces de sécurité de l’université de technologie Charif le 2 octobre, piégeant les étudiants à l’intérieur du parking, est emblématique. Les agents ont tiré à balles réelles, raflant au moins 60 étudiants, selon les médias officiels.

Les jeunes arrêtés sont restés inflexibles même dans les prisons. Pour les réduire au silence, le régime a lancé une attaque contre la prison d’Evine le 15 octobre, brûlant le complexe. Entre 30 et 40 prisonniers seraient morts au cours du raid, et des dizaines d’autres ont été gravement blessés mais abandonnés sans soins médicaux.

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