Manifestations à Zahedan : un chef religieux sunnite exhorte les dirigeants à écouter le peuple

 – Des milliers de manifestants iraniens sont retournés dans les rues de Zahedan le 24 mars, alors que le chef religieux sunnite de la prière du vendredi de cette ville du sud-est a réitéré son appel au régime chiite du pays pour qu’il tienne compte des « demandes légitimes de la majorité du peuple ».

Chaque semaine, les habitants de Zahedan organisent des rassemblements de protestation après les prières du vendredi dirigées par Molavi Abdolhamid, le chef religieux sunnite le plus important d’Iran.

Dans son dernier sermon, M. Molavi a déclaré que les autorités avaient « mal géré » les manifestations antigouvernementales qui secouent l’Iran depuis plus de six mois et qu' »il aurait été normal qu’elles écoutent les préoccupations du peuple ».

Il a également déclaré que seuls des changements radicaux dans la politique intérieure et extérieure du pays pourraient atténuer les problèmes auxquels est confrontée « l’économie en difficulté » de l’Iran.

Le religieux, âgé de 76 ans, est une voix dissidente clé en Iran depuis que la mort, en septembre 2022, d’une jeune femme kurde en garde à vue a déclenché une vague de protestations dans tout le pays.

Après le sermon de M. Molavi, les manifestants ont envahi les rues de Zahedan, la capitale de la province du Sistan et du Baloutchistan, en scandant « C’est le dernier message, c’est tout le système qui est visé », « Je tuerai celui qui a tué mon fils » et « Nous ne voulons pas d’un gouvernement de tueurs d’enfants ».

De nombreux slogans visaient également le guide suprême Ali Khamenei, le corps des gardiens de la révolution islamique et la force paramilitaire Bassidj.

Dans le même temps, NetBlocks, un organisme de surveillance d’Internet, a signalé une « perturbation significative » de la connectivité à Zahedan et a indiqué que l’incident « s’inscrivait dans le cadre d’une série de coupures de réseau ciblant les manifestations organisées pendant les prières du vendredi ».

Les autorités iraniennes ont durement réprimé le mouvement de protestation mené par les femmes, tuant plus de 520 personnes et en détenant illégalement plus de 20 000 depuis le début des manifestations, selon les activistes. À l’issue de procès partiaux, le pouvoir judiciaire a prononcé des peines sévères, y compris la peine de mort, à l’encontre de manifestants.

Les manifestations et la répression des dissidents ont été particulièrement intenses dans les régions kurdes de l’ouest et au Sistan et Baloutchistan, où vit la minorité baloutche sunnite d’Iran, qui compte jusqu’à 2 millions de personnes.

Source : Iran Wire/ CSDHI