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mercredi 29 novembre 2023

L’application du hijab à Téhéran : « J’ai besoin de ce travail pour nourrir mes enfants »

– Zeinab, mère célibataire de trois enfants, fait partie des femmes de Téhéran qui consacrent huit heures par jour à la sauvegarde de la « chasteté de la société ».

Ismail, un habitant du nord de Téhéran, passe ses soirées à patrouiller dans les rues du nord de Téhéran pour relever les numéros de plaque d’immatriculation des véhicules dans lesquels les femmes ne portent pas le hijab obligatoire.

Ces personnes sont appelées « responsables du port du hijab » par les autorités de la République islamique.

Zeinab et d’autres femmes de son quartier ont suivi plusieurs sessions de formation avant de se lancer, en juillet, dans sa mission d’avertissement des femmes aux cheveux découverts.

Elle fait partie d’un réseau chargé de « photographier et documenter » les personnes qui ne respectent pas la loi.

Le ministre de l’intérieur Ahmad Vahidi a refusé de délivrer des permis aux personnes impliquées dans la « promotion de la vertu et la prévention du vice », affirmant que leur engagement était « spontané ».

Le 24 novembre, il a reconnu qu’une telle activité était un devoir public.

Deux jours plus tard, le journal Etemad a révélé un document confidentiel montrant que les personnes chargées de faire respecter le hijab sont organisées sous la supervision de M. Vahidi pour « réprimer » les femmes.

Dans une interview accordée à IranWire, Zeinab explique qu’elle a été contrainte de s’occuper seule de ses deux filles et de son fils après que son mari a abandonné la famille.

Désespérée de ne pas pouvoir joindre les deux bouts, elle a répondu à une offre d’emploi suggérée par une femme pour laquelle elle travaillait en tant que femme de ménage.

Ce travail, décrit comme une mission visant à préserver « la chasteté de la société », offrait une perspective de sécurité financière, avec un revenu mensuel et des avantages matériels d’une valeur d’environ 13 millions de tomans (260 dollars).

Quelques jours après que la femme a présenté Zeinab à son mari, elle a été invitée à participer à des cours préparatoires pour devenir une gardienne du hijab.

Les cours ont commencé par des conférences sur le hijab, décrit comme une obligation divine, et sur les principes de la « promotion de la vertu et de la prévention du vice ».

Les sessions suivantes se sont concentrées sur les aspects pratiques du travail, soulignant l’importance de maintenir une présence de groupe, d’éviter la confrontation avec les femmes qui n’adhèrent pas au code vestimentaire strict et d’utiliser la photographie pour documenter les cas de non-conformité.

Zeinab et ses collègues chargées de faire respecter le hijab se sont ensuite lancées dans des patrouilles de huit heures à travers Téhéran, rappelant aux femmes de se couvrir les cheveux de manière appropriée.

« Nous ne faisons qu’avertir », explique Zainab. Nous disons : « Madame, ma chère, votre hijab, votre foulard ou votre châle ».

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Chaque groupe de personnes chargées de faire respecter le hijab se compose généralement de huit femmes accompagnées de plusieurs hommes.

Les hommes restent généralement à l’écart, mais lorsqu’un conflit survient entre les gardiennes et des femmes défiantes, ils interviennent pour soutenir les gardiennes.

Zeinab reconnaît que des heurts occasionnels se produisent au cours de ses patrouilles.

« On nous a dit que si nous faisions du mal à quelqu’un, nous devrions en répondre et que le quartier général nierait tout lien avec nous », explique-t-elle.

« Dès le premier jour, ils nous ont dit que si nous frappions quelqu’un, nous en serions responsables.

« Je ne veux pas être impliquée dans des conflits parce que j’ai besoin de ce travail pour nourrir mes enfants. Si quelque chose arrive, personne ne donnera un morceau de pain à mes enfants », ajoute la femme.

Ismail explique à IranWire qu’il travaille huit à dix heures par jour dans une ferme avicole à Shahriar, près de Téhéran.

Après son travail, il fait la navette jusqu’à la capitale, où il surveille et signale les plaques d’immatriculation des véhicules transportant des femmes qui ne se couvrent pas la tête.

Ismail explique qu’il a reçu un « logiciel de surveillance » de la part des forces paramilitaires locales, les Bassidjis, pour identifier les voitures transportant des « femmes tête nue ».

Depuis plus de quatre mois, il signale des cas de « violation du hijab » dans le nord de Téhéran, cinq jours par semaine.

« Les riches du nord de Téhéran sont les agents de l’Occident, du personnel israélien et américain, qui piétinent le sang de mon père martyr et des gens comme moi », déclare-t-il.

Le père d’Ismail est mort pendant la guerre Iran-Irak dans les années 1980.

L’homme, qui affirme ne pas recevoir d’argent pour son travail, exprime sa frustration d’être limité à 40 voitures par 24 heures.

« Certains jours, il me faut deux heures pour atteindre le quartier de Niavaran et une demi-heure pour relever les numéros de plaque de 40 voitures. Je les saisis dans le logiciel et je dois ensuite revenir en arrière ».

Ismail reconnaît que malgré l’intensification de la répression à l’encontre des femmes qui ne se couvrent pas la tête, leur nombre n’a pas diminué.

Il attribue cette situation à l’absence d’action décisive de la part du pouvoir judiciaire et aux contraintes imposées aux forces du Bassidj.

« S’ils nous avaient laissés, nous aurions mis un hijab et un tchador sur la tête des femmes ; il suffit d’un peu de détermination et de force », déclare-t-il.

Source : Iran Wire/ CSDHI : https://csdhi.org/actualites/repression/42744-lapplication-du-hijab-a-teheran-jai-besoin-de-ce-travail-pour-nourrir-mes-enfants/

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