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mardi 17 septembre 2024

Hausse alarmante des taux de suicide en Iran : Une crise croissante

 – Gholam Abbas Torki, le procureur adjoint pour le droit public et la prévention du crime du régime iranien, a récemment révélé qu’environ 70 000 personnes meurent par suicide chaque année en Iran. Ce chiffre choquant contraste fortement avec les déclarations antérieures des responsables du régime, ce qui soulève des inquiétudes quant à l’exactitude des données rapportées et à la prévalence croissante du suicide dans le pays.

Divergences dans les statistiques officielles sur le suicide

Le dimanche 15 septembre, lors d’une conférence organisée dans une université de sciences médicales et consacrée à la prévention du suicide, M. Torki a fait part de statistiques troublantes qui mettent en lumière la gravité de la situation. Il a déclaré que l’on estime à 130 000 le nombre de tentatives de suicide en Iran chaque année, dont environ 7 000 aboutissent à la mort. Ce chiffre est nettement plus élevé que celui communiqué par Saeed Montazer al-Mahdi, porte-parole de la police iranienne, qui avait annoncé le 8 septembre que seules 4 000 personnes mouraient par suicide chaque année.

L’origine de l’écart considérable – près de 75 % – entre ces deux séries de statistiques n’est pas claire, ce qui soulève des questions sur les méthodes de collecte des données et la transparence des rapports sur cette question cruciale.

Le suicide : Une des principales causes de décès chez les jeunes

M. Torki a insisté sur l’urgence d’agir en signalant que le suicide est devenu la troisième cause de décès chez les personnes âgées de 15 à 24 ans et qu’il est la dixième cause de décès dans toutes les tranches d’âge en Iran. Ses remarques ont mis en évidence l’augmentation alarmante des taux de suicide, en particulier chez les jeunes, et l’incapacité des méthodes traditionnelles de prévention à résoudre ce problème croissant.

Un appel à la réforme des politiques

Dans son discours, M. Torki a appelé à un réexamen complet des politiques et stratégies actuelles de prévention du suicide en Iran. Il a critiqué les institutions pour avoir négligé la question et ne pas s’être attaquées efficacement aux causes profondes du problème. Selon M. Torki, si les femmes sont plus nombreuses à tenter de se suicider que les hommes, le nombre de suicides aboutis est plus élevé chez les hommes. Cette disparité, a-t-il expliqué, est due à la « différence de létalité des méthodes utilisées » par les hommes et les femmes dans le pays.

M. Torki a également tiré la sonnette d’alarme concernant l’augmentation du taux de suicide, qui est passé de 5 à 8 pour 100 000 personnes. Il a souligné que cette tendance à la hausse nécessite une attention urgente et la mise en œuvre de solutions efficaces.

Les pressions sociales et économiques à l’origine de la crise

Des sociologues et des chercheurs se sont également penchés sur la question, liant la hausse des suicides à des facteurs sociaux et économiques plus larges. En avril, Fatemeh Mousavi Vayaye, sociologue, a souligné que l’augmentation des suicides, l’immigration et la toxicomanie étaient les symptômes d’une société aux prises avec ce qu’elle appelle une « stratégie de sortie ». Mme Mousavi explique que si l’immigration est une forme d’évasion, le suicide représente une issue plus tragique et définitive pour ceux qui se sentent totalement désespérés.

« Les personnes qui se suicident ne considèrent pas nécessairement leur geste comme une protestation politique. Ils sont souvent accablés par le désespoir et incapables de supporter la douleur de la vie », a noté M. Mousavi.

De même, le sociologue Ardeshir Bahrami, s’exprimant en mars 2024, s’est inquiété de l’augmentation du nombre de suicides chez les enfants et les adolescents. Il a identifié des facteurs tels que le manque de dialogue ouvert au sein des familles, les mariages d’enfants, les mariages forcés et la pauvreté comme étant les principaux moteurs de la crise. Bahrami a prévenu que ces problèmes, s’ils n’étaient pas traités, continueraient à alimenter la hausse du taux de suicide chez les jeunes Iraniens.

Suicides d’étudiants en hausse

Le Conseil de coordination des organisations syndicales des organisations culturelles iraniennes a récemment publié un rapport soulignant l’augmentation alarmante des suicides chez les étudiants. Le rapport attribue cette augmentation aux difficultés économiques, au déclin de la classe moyenne, à l’inefficacité du système éducatif et à la monétisation de l’éducation. Il souligne également que l’absence de services de conseil adéquats dans les écoles est un facteur contributif.

Le rapport souligne la gravité de la situation : « La vague de suicides d’étudiants d’Ilam, de Pardis et de Sanandaj a choqué la société, mais les hauts responsables de l’éducation n’ont pas apporté de réponse significative.

Suicides au sein de différents groupes professionnels

Ces derniers mois, de nombreux suicides ont été signalés parmi les travailleurs, les enseignants, les médecins, les étudiants et même les prisonniers, tous attribués aux problèmes omniprésents de la pauvreté, de la discrimination et de la mauvaise gestion du gouvernement. Le 6 juin 2024, le quotidien d’État Khabar Online a rapporté que le taux de suicide au sein de la communauté médicale avait quintuplé. Depuis le début de l’année, au moins trois cas confirmés de suicide parmi les professionnels de la santé ont été documentés, soulignant la pression à laquelle sont confrontés ceux qui travaillent dans le domaine médical.

Conclusion

L’Iran est confronté à une crise du suicide de plus en plus grave, due à une série de facteurs sociaux, économiques et politiques. Les divergences importantes entre les statistiques officielles ne font que compliquer la situation, ce qui empêche de saisir pleinement l’ampleur du problème. Néanmoins, l’augmentation du taux de suicide, en particulier chez les jeunes et les professionnels, montre la nécessité d’une réforme immédiate et globale des politiques de prévention du suicide et d’une compréhension plus approfondie des causes sous-jacentes. Sans une action rapide et décisive, le pays risque de voir cette tendance tragique continuer à augmenter.

Source : INU/ CSDHI

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