mercredi 2 juillet 2014

Seule la fermeté paiera face aux mollahs

                 
Par Rudy Giuliani (Ancien candidat républicain à la présidentielle, ancien maire de New York ) et Howard Dean (Ancien candidat démocrate à la présidentielle, ancien président du Parti démocrate )

LE MONDE - Permettre à l'Iran de jouer un rôle majeur dans l'actuelle crise en Irak serait une grossière erreur, d'autant plus qu'à quelques jours des discussions concernant le projet d'accord définitif sur le nucléaire iranien, la sincérité de la République islamique est plus que jamais sujette à caution. En plus de son programme nucléaire, de son ingérence dans les affaires de ses voisins en Irak et en Syrie, et de son soutien au terrorisme, la répression constitue le principal instrument de ce régime.
Dans son rapport au Conseil des droits de l'homme à la mi-mars, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré que le nouveau président « réformateur », Hassan Rohani, n'avait pas tenu sa promesse électorale d'améliorer la situation des droits de l'homme – les exécutions ont même connu une très forte augmentation depuis son arrivée au pouvoir.
Six cent quatre-vingt-sept personnes ont été pendues en Iran en 2013, y compris des exécutions politiques. Les deux tiers des pendaisons ont eu lieu sous la présidence de M. Rohani. Le début de cette année ne présente pas d'amélioration, avec à ce jour 300 exécutions, dont beaucoup de pendaisons publiques. Cette tendance contredit la propagande autour de la « modération » de M. Rohani. De fait, la terreur est le seul moyen que connaissent les mollahs pour contenir une société en colère et désabusée. Le désir de changement est fort en Iran, en particulier chez les femmes, citoyennes de seconde zone, et surtout parmi la jeunesse.
LA THÉOCRATIE EN PLACE
Nous avons pu le constater tout récemment en assistant en avril à la conférence générale des associations des jeunes Iraniens. Venant de toute l'Europe et des Etats-Unis, nombre de ces jeunes éduqués ont quitté l'Iran il y a peu, tout en maintenant le contact avec leurs amis au pays. Ils nous ont exhortés à transmettre le message des Iraniens, excédés par la théocratie en place, qui ne considèrent pas Hassan Rohani comme un acteur de changement. Ils appellent tous à la fermeté vis-à-vis des dirigeants de Téhéran.
Cependant, il est tragique de constater que la fermeté à laquelle ces jeunes aspirent a été occultée par les négociations récentes sur le programme nucléaire, alors même que Téhéran maintient son infrastructure nucléaire intacte et que ses centrifugeuses continuent de tourner.
De son côté, le Guide suprême Ali Khamenei soulignait récemment que le régime n'abandonnerait pas son acquis nucléaire, et personne n'avait le droit de négocier à ce sujet. Cette politique laxiste à l'égard de Téhéran n'a fait qu'encourager le régime à intensifier la répression. Il maintient aussi un soutien massif au dictateur syrien Bachar Al-Assad et fait massacrer les membres de l'Organisation des Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI), au Camp Liberty, en Irak.
PLUS AUCUNE INTERVENTION AU SUJET DES DROITS DE L'HOMME SANS RÉAGIR
L'attitude erratique du gouvernement iranien s'explique par son affaiblissement face aux crises qui agitent le pays. Les autorités se sont ainsi offusquées de la rencontre de la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton, après ses entretiens officiels à Téhéran avec la mère d'un blogueur mort sous la torture. La justice iranienne a averti qu'elle ne tolérerait plus aucune intervention au sujet des droits de l'homme sans réagir. Le chef du système judiciaire a prévenu que si les délégations occidentales répétaient ce genre de rencontre durant leur séjour en Iran, « le pouvoir judiciaire interviendrait directement ».
Le sommet de la hiérarchie a également réagi violemment à une résolution du Parlement européen qui avait critiqué le mépris total du régime iranien pour les droits de l'homme. La réaction identique du pouvoir au soutien manifesté à Bruxelles par les eurodéputés à la dirigeante de l'OMPI, Maryam Radjavi, début avril, souligne la fragilité du pouvoir des mollahs, qui ne tolère de la part de la communauté internationale aucune critique de son appareil de répression.
Durant les négociations de Genève sur le nucléaire, la France a démontré que l'Europe et les Etats-Unis n'avaient rien perdu à faire preuve de fermeté. Mais offrir des concessions à un régime qui considère comme un « poison mortel » le fait de renoncer à l'arme nucléaire et dont le talon d'Achille est le respect des droits de l'homme ne fait que prolonger la menace de sécurité pour l'Europe et les Etats-Unis et retarder l'instauration de la liberté et de la démocratie tant désirées par la nation iranienne. Nous devons donc nous montrer intransigeants sur le respect des droits de l'homme, qui ne doit en aucun cas être sacrifié au profit de gains diplomatiques éphémères.

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