MEDIAPART - Le massacre de 1988 en Iran, un crime contre l’humanité qui réclame reconnaissance et justice au Conseil des Droits de l'homme des Nations Unies. Les ONG recommandent « que le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme et le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, nomment une commission internationale chargée d'enquêter sur ce crime atroce.
Le 27 février dernier s’est ouverte à Genève la trente-quatrième session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, qui se réunit de façon formelle trois fois dans l’année.
Le 27 février dernier s’est ouverte à Genève la trente-quatrième session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, qui se réunit de façon formelle trois fois dans l’année.
Pour répondre à l’ordre du jour concernant la promotion et la protection de tous les droits de l’homme, un groupe d’ONG a présenté au Secrétaire Général un exposé sur le « crime contre l’humanité » que constitue le massacre des prisonniers politiques de 1988 en Iran.
Ce document, rappelant au passage comment cet événement sinistre est récemment revenu au cœur de l’actualité en Iran par le biais d’un lanceur d’alerte rapidement écroué, démontre comment cette entreprise d’annihilation de tous les opposants au pouvoir (en grande partie des membres des Moudjahidines du Peuple d’Iran - OMPI), qui a eu lieu en quelques semaines de l’été 1988 par fatwa de l’ayatollah Khomeiny, n’est ni plus ni moins qu’un crime contre l’humanité. C’est ainsi qu’Amnesty International et que la Fédération Internationale des Droits de l’Homme qualifient ce massacre.
De la traque des anciens prisonniers libérés, des « commissions de la mort » expéditives aux exécutions massives dont les victimes ont fini dans des charniers mal dissimulés, l’exposé des ONG résume ces procédés inhumains qui ont coûté la vie à plus de 30 000 personnes, comme le dévoilent de nombreux témoignages indépendants ici évoqués.
Ainsi, le document émet plusieurs volontés. D’abord, les ONG concernées recommandent « que le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme et le Conseil des droits de l'homme de l'ONU (...) nomment une commission internationale chargée d'enquêter sur ce crime atroce » ; enquête qui doit également être menée en parallèle, dans le cadre de leur mandat, par la nouvelle Rapporteuse spéciale sur la situation des droits humains en Iran, Asma Jahangir ; et le Rapporteur spécial sur la promotion de la vérité, Pablo de Greiff.
Tant que le régime iranien ne sera pas inquiété pour les crimes qu’il a commis il y a bientôt trente ans, il ne peut qu’être encouragé à poursuivre sa politique de dissimulation de l’affaire tout en réprimant de façon abjecte tous les individus qu’il souhaite faire taire.
Ainsi, dans le dernier rapport de la nouvelle Rapporteuse Spéciale, document également présenté lors de cette session du Conseil, Mme Jahangir souligne, entre autres dans le chapitre consacré au « droit de ne pas être torturé ou de subir des châtiments cruels, inhumains ou dégradants », les mauvais traitements infligés à Mme Akbari Monfared, prisonnière politique dont les soins médicaux ont été interrompus après qu’elle ait publié une lettre demandant la justice pour les membres de sa famille exécutés en 1988.
Sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, la Rapporteuse Spéciale cite, parmi de nombreux autres, le cas d’Ahmad Montazeri, fils de l’ayatollah déchu Hossein Ali Montazeri. Alors que M. Montazeri avait dévoilé cet été l’enregistrement datant de 1988 dans lequel son père déplorait le massacre en mettant en cause nombre de membres du pouvoir, il a été condamné au mois de novembre à 6 ans d’emprisonnement, accusé notamment d’ « atteinte à la sécurité de l’État ».
À l’occasion de la session précédente du Conseil des Droits de l’Homme, en septembre de l’année 2016, un comité spécial avait été créé, le JVMI (Justice pour les Victimes du Massacre de 1988 en Iran), qui comme son nom l’indique s’est donné pour objectif de mener l’enquête et traduire devant la justice les responsables de ce crime contre l’humanité resté impuni. Cette impunité inquiétante encourage manifestement les mollahs, comme le rapport le plus récent nous l’enseigne tristement, à toujours plus de dissimulation et d’oppression, un profond problème que doit prendre en compte le Conseil des droits de l’homme.
Le Nonviolent Radical Party, Transnational and Transparty, ONG dotée du statut consultatif général, les Women's Human Rights International Association, Edmund Rice International Limited, France Libertes : Fondation Danielle Mitterrand, organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif spécial, les International Educational Development, Inc., Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, ONG inscrites sur la liste, ainsi que HANDS OFF CAIN, Comite de soutien au droits de l'homme en Iran, Association des Femmes Iraniennes en France, ONG sans statut consultatif qui « partagent également les opinions exprimées dans cet exposé ».
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