Tribune de Genève, le 6 mars 2018 - Les manifestants arrêtés au début de l’année dans la révolte qui a embrasé l’Iran contre le désastre économique et la dictature religieuse n’en finissent pas de mourir dans les geôles iraniennes. Officiellement, ce sont des «suicidés».
Les appels pour la libération des prisonniers se font de plus en plus pressants.
La dernière victime est Fahimeh Moradi, blessée par la police lors de l’attaque contre les derviches à Téhéran le 19 février, qui a été enlevée sur son lit d’hôpital puis incarcérée. Elle vient de mourir sous la torture. Malgré les menaces, sa famille tient une cérémonie funèbre. Juste avant, c’était Ghobad Azami, un jeune manifestant kurde de la ville de Javanroud, dont la famille a été informée le 2 mars qu’«il s’est suicidé en s’empoisonnant». Avec ce dernier meurtre, le nombre de manifestants tués sous la torture depuis le 1er janvier s’élève à seize.
La réaction du régime aux manifestations déclenchées le 28 décembre dans plus de 140 villes du pays a été violente. Il craint pour sa survie et n’a pas hésité à ouvrir le feu sur les manifestants. L’opposition a déploré plus de 50 tués et 8000 arrestations. «Il y a lieu de s’alarmer de ce secret, cette absence de transparence quant à ce qui est arrivé à ces détenus (…) Nous recueillons depuis longtemps des informations sur les conditions de vie effroyables dans les centres de détention en Iran, notamment sur le recours à la torture», a alerté Amnesty International.
C’est le cas pour Taleb Basativan, Seyed Shahab Abtahi, Hossein Qaderi, Sarou Ghahremani, Kianoush Zandi, Vahid Hedari, Mohsen Adéli, Sina Ghanbari, Ali Pouladi, Mohammad Nassiri, Gholam Reza Mohammadi et Aria Rouzbéhi, et beaucoup d’autres…
Des milliers de manifestants sont toujours derrière les barreaux et certains ont été inculpés de «moharebeh» (en guerre contre Dieu), passible de la peine de mort. Pour les opposants, la communauté internationale doit faire plus pour freiner la dérive répressive de Téhéran. Intervenant récemment à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) à Strasbourg, Maryam Radjavi, présidente du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), a déploré l’inaction de la communauté internationale et a appelé à «la formation d’une commission d’enquête internationale pour enquêter sur les disparitions de manifestants iraniens et ceux assassinés dans les prisons».
Les appels à la libération des prisonniers se font de plus en plus pressants. Des groupes d’universitaires, d’artistes, d’intellectuels et de militants de la société civile ont appelé à une solidarité internationale. Des ONG, dont France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand, le MRAP et des personnalités comme l’ancien ministre italien des Affaires étrangères Giulio Terzi ou le coordinateur de la campagne pour un changement en Iran, l’Écossais Struan Stevenson, lancent un appel depuis Genève en espérant que l’ONU l’entendra.
* Cette tribune a été rédigée à l’occasion d’une réunion à l’ONU, à Genève, mardi 6 mars sur la situation des droits de l’homme en Iran (TDG)
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