A la suite d’une manifestation organisée par les travailleurs de l’usine de canne à sucre à Shush, dans le sud-ouest de l’Iran, le syndicat de la sucrerie Haft Tappeh a annoncé qu’au moins 20 employés avaient été arrêtés et convoqués à nouveau pour un interrogatoire.
Les travailleurs non payés de la sucrerie se sont rassemblés et se sont mis en grève jeudi. Ils protestaient car ils n’ont pas perçu leurs deux dernières primes et pensions du Nouvel An. Cinq travailleurs ont été arrêtés et la police locale en a convoqué quinze autres.
Des centaines de travailleurs de la sucrerie ont manifesté pendant plus de deux semaines en novembre 2018 contre le non-paiement de leurs salaires, durant des mois, le manque de sécurité de l’emploi et la mauvaise gestion de l’usine.
En raison des politiques dévastatrices de la direction de l’usine de canne à sucre et des autorités du régime impliquées, Haft Tappeh est au bord de la faillite totale. Cela va mettre en danger les moyens de subsistance de milliers de travailleurs et de membres de leur famille qui dépendent de leur revenu pour joindre les deux bouts.
Fondée il y a un demi-siècle dans la ville de Shush, dans le sud de la ville, dans la province du Khouzistan, l'usine de canne à sucre Haft Tappeh est la plus ancienne sucrerie d'Iran.
Depuis la privatisation de l'usine de canne à sucre Haft Tappeh dans un accord douteux conclu en 2015, la situation des travailleurs s'est détériorée. Ils ont affirmé que, depuis le transfert de propriété aux propriétaires actuels, les dettes de la société avaient augmenté, l'employeur ne songeant qu’à réduire la maind’œuvre permanente.
Accusant le gouvernement de soutenir les riches, les travailleurs se plaignent d'être devenus plus pauvres et les dirigeants de l'entreprise plus riches.
Le syndicaliste, Jafar Azimzadeh, membre dirigeant du Syndicat libre des travailleurs d'Iran, a qualifié les conditions de travail des employés « d'esclavage ».
« Les familles de certains travailleurs doivent acheter du pain à crédit, à cause des salaires impayés et si cette situation perdure, même les boulangeries refuseront de vendre à crédit du pain aux travailleurs », a-t-il déclaré, expliquant la situation des travailleurs qui n’ont pas perçu leurs salaires depuis des mois.
Sous une telle pression financière, certains travailleurs ont même pensé à se suicider.
Ali Naghdi est le dernier cas de suicide. Son corps avait été retrouvé flottant sur un canal, le 27 février. On raconte que Naghdi s'est suicidé en raison de ses dettes, l'entreprise refusant de lui payer son salaire.
Les travailleurs de Haft Tappeh ont toujours dû se battre pour leurs salaires, leurs pensions et leurs droits, ces dernières années.
Ces derniers mois, ils ont régulièrement entamé des grèves pour protester contre les promesses non tenues de leur employeur.
La dernière fois que les travailleurs de la sucrerie Haft Tappeh ont entamé une grève, c'était à la mi-août, lorsque 500 travailleurs ont protesté contre le fait qu'ils n'étaient pas payés depuis au moins trois mois. Selon les informations recueillies, la police anti-émeute a attaqué les travailleurs en grève avec des gaz lacrymogènes et battu les manifestants. Cinq travailleurs ont également été arrêtés mais ils ont été relâchés par la suite après avoir été accusés d’avoir « perturbé l’ordre public ».
Source : Les droits de l’homme en Iran
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