Saeed Massouri, un prisonnier politique purgeant une peine de prison à perpétuité en Iran, actuellement dans sa 24e année d'emprisonnement à la prison de Ghezel Hesar, a écrit une lettre au Secrétaire général de l'ONU, au Président du Parlement européen et au Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en Iran, signalant une forte augmentation des exécutions dans le pays, en particulier pendant la période de Noël.
Dans sa lettre, il a indiqué : « Dans le passé, les exécutions avaient lieu à intervalles réguliers, mais aujourd’hui, en moyenne, il y a une exécution toutes les quatre heures. Rien que pendant la période de Noël, près de 25 personnes innocentes ont été exécutées, ce qui équivaut à une exécution toutes les deux heures et demie. »
Ce prisonnier politique , membre de la campagne « Non aux exécutions les mardis », a appelé la communauté internationale et les organisations de défense des droits de l’homme à agir rapidement sur cette question.
Voici le texte intégral de la lettre :
C’est le 25e Noël que je passe en prison. Je ne sais pas ce que mes yeux doivent encore voir, ni quels autres fardeaux et chagrins ce cœur doit encore endurer. Depuis le moment où j’ai été condamné à mort et détenu en isolement, considérant chaque rencontre comme la dernière et chaque bruit d’ouverture et de fermeture de la porte comme un glas (même après 25 ans, chaque bruit dû au conditionnement psychologique déclenche toujours le même sentiment), jusqu’à l’exécution de chers amis et camarades, je ne sais plus ce que je dois encore voir et endurer. De l’absence et de l’éloignement de compagnons de cellule (Hojjat Zamani, Majid Kavousi, Farzad Kamangar, Ali Saremi, Abdolreza Rajabi, Afshin Osanlou, Mansour Radpour, Shahrokh Zamani, Loqman et Zaniar Moradi, Ali Heydarian, et d’autres…).
Aux chers et aimants compagnons de cellule comme Mohsen Dokmehchi, Jafar Kazemi, Mohammad Haj Aghaei, Gholamreza Khosravi, Hamed Ahmadi, Shahram Ahmadi, Ghasem Abesteh, Aso, Ayoob, Farhad Salimi, Anvar, Khosrow, Mohsen Shekari et Mohammad Ghobadlou, pour entendre les cris et les gémissements de leurs familles…
Je ne sais vraiment pas… Je n’arrive toujours pas à comprendre comment, après avoir vu le dessin enfantin de Mahna, une fillette de 6 ans, qui s’est dessinée avec sa mère à côté de la potence de son père aux portes de la prison de Gohardasht en attendant sa dernière rencontre et en embrassant le visage de son père (en recevant son corps), mon cœur ne s’est pas encore arrêté de ces battements perçants et angoissants…!!?
Actuellement, nous assistons en moyenne à une exécution toutes les 4 heures. Rien que pendant la période de Noël, près de 25 personnes innocentes ont été exécutées, soit presque une exécution toutes les 2,5 heures !
Cette lettre ne s’adresse pas cette fois à mes compatriotes (qui font ce qui est en leur pouvoir) mais à toutes les consciences éveillées au sein des institutions internationales des droits de l’homme, en particulier le Conseil des droits de l’homme de l’ONU (Haut-Commissaire), les rapporteurs, en particulier la Rapporteuse spéciale Mme Mai Sato, et toutes les personnalités influentes : le Secrétaire général de l’ONU M. António Guterres, la Présidente de la Commission européenne Mme Ursula von der Leyen et la Présidente du Parlement européen Mme Roberta Metsola. Je leur demande instamment de ne pas se contenter d’exprimer leur inquiétude ou de condamner les exécutions, mais de prendre des mesures plus sérieuses pour les empêcher.
Il ne faut pas considérer le nombre d’exécutions comme de simples chiffres : il s’agit de vies humaines perdues chaque jour.
Le moins que l’on puisse faire à cet égard est de contraindre ce « gouvernement d’exécution » à respecter les normes humanitaires et les droits de l’homme en conditionnant les interactions diplomatiques et politiques à l’arrêt de cette machine à tuer, dans l’espoir que les massacres cesseront.
S'il le faut, il faudrait même saisir le Conseil de sécurité de cette affaire de violation des droits de l'homme ! Chaque heure et chaque jour de retard dans cette affaire entraînent de plus en plus d'exécutions et, bien sûr, l'effusion de sang des corps du peuple iranien.
Peut-être que si des mesures efficaces avaient été prises plus tôt, même la journaliste italienne Cecilia Sala n’aurait pas été victime des politiques de prise d’otages (et pendant Noël, qui plus est !).
Source: Iran Focus
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