Il ne s’agit pas d’incidents isolés, mais des symptômes interconnectés d’une crise profonde, révélant un régime incapable de masquer son incompétence ni de réprimer la demande croissante de changements fondamentaux.
L’effondrement des services de base : une crise d’incompétence
L’incapacité du régime à fournir des biens de première nécessité comme l’eau et l’électricité est devenue un catalyseur majeur de la colère populaire. À Chiraz, des étudiantes d’une résidence universitaire ont organisé une manifestation nocturne le 25 août contre les coupures d’eau et d’électricité persistantes. Leurs slogans : « Un étudiant mourra, mais n’acceptera pas l’humiliation !» et « Étudiants, criez, hurlez pour vos droits !» faisaient écho à la profonde défiance qui se propageait parmi la jeunesse iranienne.
Cette crise est ressentie avec la même acuité dans les zones rurales. À Kamyaran, des villageois ont défilé jusqu’au bureau du gouverneur local, brandissant des cruches d’eau vides, symbole puissant de la sécheresse et de la mauvaise gestion de l’eau qui ont ruiné leurs moyens de subsistance. Dans la ville portuaire de Bushehr, des coupures de courant récurrentes ont paralysé le marché local. Un commerçant, désignant les boutiques plongées dans le noir, a demandé : « Il est 21 h, il n’y a plus d’électricité et ces pauvres gens ne peuvent même pas payer leur loyer. Comment sont-ils censés nourrir leur famille ?»
Exploitation économique : la guerre du régime contre les moyens de subsistance
Simultanément, les citoyens sont confrontés à ce qu’ils décrivent comme un pillage systématique par des entités affiliées à l’État. À Shahin Shahr, les habitants ont protesté contre des factures d’électricité « astronomiques » qui sont apparues sans explication. « Ma facture du mois dernier s’élevait à 80 000 tomans », s’est exclamée une femme. « Maintenant, j’ai une facture de 12,4 millions de tomans ! Suis-je une entreprise ?» Un autre habitant a déploré le choix impossible auquel sont confrontées les familles : « Mon mari gagne 18 millions de dollars, dont 6 millions ont été consacrés uniquement à la facture d’électricité. Où ce pauvre homme est-il censé trouver cet argent ? »
Ce modèle de fraude et d’exploitation est répandu. À Pardis, les candidats au projet public « Logement national » ont manifesté après avoir déboursé chacun 750 millions de tomans pour des logements qui ne semblent pas avoir été construits. Ils se retrouvent, selon leurs propres termes, « sans réponse, dans l’incertitude et bloqués ». À Mashhad, la colère d’un acheteur de voiture face à des mois de retard de livraison a captivé l’opinion publique. « N’y a-t-il pas de juge honorable pour les arrêter ?» a-t-il crié. « Ils sont liés au pouvoir, ils font ce qu’ils veulent, et le peuple est écrasé !» Dans la même ville, des employés municipaux ont protesté contre une augmentation soudaine et massive de leurs primes d’assurance maladie obligatoire, qui pèse lourdement sur leurs familles.
Répression des travailleurs et négligence de l’État : le vrai visage du régime
Lorsque les citoyens et les travailleurs expriment ces griefs légitimes, la réponse du régime n’est pas le dialogue, mais un mélange de répression et de négligence délibérée. Au complexe pétrochimique Razi de Mahshahr, les travailleurs qui manifestaient pour des salaires équitables et la fin des discriminations ont subi des représailles. Après dix jours de protestation, trois de leurs collègues ont été licenciés et exclus du complexe, un message clair : revendiquer des droits fondamentaux est un délit punissable.
Cette négligence est tout aussi manifeste dans d’autres régions. À Nemiruz, plus de 300 chauffeurs de camions-citernes sont bloqués sur un parking depuis plus d’un mois, les autorités ignorant totalement leurs appels à l’aide. À Mirjaveh, au Baloutchistan, les habitants ont protesté contre la fermeture prolongée du poste-frontière de Rutak, un axe économique vital. Leur manifestation fait suite aux promesses creuses et répétées des autorités, dont le gouverneur de la province et le commandant local du CGRI, qui n’ont rien fait, paralysant les moyens de subsistance des transporteurs de carburant et des commerçants locaux.
Un soulèvement uni contre un régime illégitime
Les manifestations du 27 août sont remarquables non seulement par leur intensité, mais aussi par leur diversité. Des étudiants universitaires aux consommateurs urbains, en passant par les ouvriers, les camionneurs et les villageois, les Iraniens de tous horizons se soulèvent. Si leurs revendications diffèrent, ils sont unis par une même conviction : la source de leurs souffrances est le régime clérical corrompu et illégitime.
Qu’il s’agisse de Kamyaran, d’un contrat de logement frauduleux à Pardis ou d’un licenciement punitif à Mahshahr, le peuple iranien voit clairement la mainmise d’une élite dirigeante qui privilégie sa propre survie au bien-être de la nation. Leurs slogans ne sont pas des appels à la réforme, mais des revendications de changement fondamental. Ce soulèvement national est un verdict sans appel après quatre décennies d’oppression et de mauvaise gestion, signalant que la patience du peuple est à bout et que sa quête de reconquête du pays est entrée dans une nouvelle phase décisive.

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