lundi 19 mai 2014

L’enquête d’Asharq al-Awsat sur le lobby iranien à Washington

                         
Asharq al-Awsat (Quotidien arabe) -par Hossein Abdol Hossein : Depuis le début des années 90, l’approche de Téhéran a consisté à former des groupes de pression à Washington avec le soutien financier de l'Iran, sous la supervision directe de la mission iranienne aux Nations Unies.
 L'Iran a établi ces lobbies, avec un métis irano-suédois zoroastrien à Washington à la tête du groupe, dans l'espoir de vaincre les groupes de pression les plus puissants aux États-Unis, en particulier le lobby pro-israélien.
Dans mon bureau à Washington, j'ai reçu une invitation du prestigieux « Centre Woodrow Wilson » me demandant de participer à un séminaire intitulé « Iran, les cinq prochaines années : changement ou la même chose ? »
La question de l’Iran est brûlante et ce type de séminaires attire souvent l'attention d'une foule de responsables américains concernés, d’experts et de journalistes.
J'ai ouvert l'invitation, je connaissais l’un des intervenants, un journaliste américain qui écrit sur le Moyen-Orient avec une certaine objectivité. Les autres orateurs n’étaient pas américains et cela m'a incité à mener des recherches sur eux.
L'un d'eux est un Iranien du nom de Bijhan Khaje-Pour, qui dirige un cabinet de conseil. Il semble que cette entreprise soit basée en Autriche, mais j'ai vu son nom comme conférencier dans des séminaires spéciaux sur l'Iran dans la capitale américaine.
Grâce à un suivi rapide, j'ai appris que le cabinet de conseil présumé est appelé « Atieh International », une filiale du « groupe Atieh » de Téhéran, qui se présente sur son site internet comme un expert offrant « soutien et conseils aux entreprises étrangères pour pénétrer et avoir du succès sur les marchés iraniens ».
Le deuxième conférencier est un chercheur français du nom de Bernard Hourcade.Mes recherches m'ont conduit à une interview sur Euronews en avril. Dans cette interview, il a déclaré : « Nous disons tous les jours depuis 34 ans que la République islamique est sur le point de s'écrouler. Toutefois, cette république islamique reste intacte. En fait, c'est le gouvernement le plus stable au Moyen-Orient et nous constatons cela particulièrement après le printemps arabe, et c'est un pays qui continuera à progresser ».
Hourcade continue en demandant qu’on donne à l’Iran la chance d’enrichir de l'uranium, et que le fait d’avoir conclu un accord avec l’Iran mènera à une levée des sanctions et à des relations normalisées avec l'Occident, en particulier les États-Unis.
Le troisième intervenant venait d’Italie, Roberto Toscano qui a été ambassadeur de son pays en Iran de 2003 à 2008. Dans un article dans le Huffington Post, Toscano a minimisé le slogan des iraniens « A bas l'Amérique » et a écrit qu'il est préférable pour les États-Unis de ne pas prêter attention à la rhétorique du régime et à continuer à lui ouvrir les bras, sinon la seule issue qui restera, sera la guerre. Dans ce cas, les Iraniens s’uniront derrière leur chef et leur slogan « Mort à l'Amérique » trouvera une vraie signification.
Toscano termine en disant : « Quand les Irano-Américains (je pense en particulier à ceux qui adhèrent au Conseil national irano-américain -NIAC) disent « ne bombardez pas l'Iran », ils ne le disent pas parce qu'ils sont tendres avec le régime, mais parce qu'ils savent que ce serait donner au régime un regain de vitalité, et que ça transformerait la liturgie et rhétorique anti-américaine du régime en un phénomène authentique et populaire ».
Toutefois, la directrice du séminaire, comme l’indique l’invitation, est une Irano-Américaine du nom de Hale Esfandiari. Elle est la directrice du programme du Moyen-Orient à l'institut et le régime iranien l'a détenue pendant quatre mois en isolement à la prison d'Evine en 2007. Ensuite, ils l'ont libérée et à partir de là, Esfandiari a insisté sur la nécessité pour les Etats-Unis d’ouvrir ses relations avec l'Iran, de lever les sanctions sur Téhéran et de lui permettent de poursuivre son programme nucléaire. C'est pourquoi Esfandiari organise des séminaires dans le centre où elle travaille et distribue des pétitions en faveur de la levée des sanctions.

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