CSDHI - Les experts des droits de l'homme * de l'ONU ont appelé l'Iran à garantir les droits des défenseurs des droits humains et des avocats qui ont été emprisonnés pour avoir publiquement soutenu des manifestations contre le port obligatoire du hijab en Iran.
« Nous exhortons le gouvernement à libérer immédiatement toutes les personnes emprisonnées pour avoir défendu et protégé les droits des femmes », ont déclaré les experts.
Les experts ont notamment exprimé leur inquiétude face à l'état de santé critique de Farhad Meysami, un médecin qui a été arrêté en juillet après avoir plaidé en faveur des femmes qui protestaient contre la loi sur le hijab. M. Meysami a entamé une grève de la faim en août pour protester contre les accusations portées contre lui et contre le refus des autorités d’avoir accès à un avocat de son choix. Selon certaines informations, il aurait été transféré au centre médical de la prison, où il aurait été immobilisé dans un lit et reçu des injections par voie intraveineuse. Il est maintenu en isolement.
Les experts se sont déclarés profondément troublés par le manque de garanties d'une procédure régulière et ont déclaré que les autorités avaient l'obligation de respecter les souhaits de ceux qui avaient recours à la grève de la faim comme forme de protestation.
Les experts ont déclaré que le meilleur moyen de mettre fin à la grève de la faim de M. Meysami serait de s’attaquer aux violations qui sont à la base de sa protestation, notamment en instaurant un dialogue de bonne foi au sujet de ses griefs, et en respectant son souhait de recourir à cette forme de protestation.
M. Meysami fait notamment face à des accusations de « diffusion de propagande contre le régime » et « d'insulte au hijab, sacrement essentiel de l'islam ». Il a également été accusé de posséder des insignes portant le slogan : « Je proteste contre le hijab obligatoire ». Les experts ont déclaré que les charges retenues contre lui constituaient une violation flagrante du droit international des droits humains.
M. Meysami a été arrêté après le début des manifestations en mars contre le voile obligatoire en Iran. Certaines personnes ont été arrêtées et condamnées à des peines de prison pour « incitation à la corruption morale ».
Les experts ont également réitéré leur inquiétude face à la condamnation par contumace et à l'emprisonnement de Nasrin Sotoudeh, avocate d'un certain nombre de femmes manifestantes. Elle a été reconnue coupable d'infractions liées à la sécurité nationale, qui semblent découler de son travail de représentante des manifestants. En septembre, son mari, Reza Khandan, a été arrêté pour « diffusion de propagande contre le système », entre autres chefs d’accusation, et accusé d’ « encourager la pratique d’apparaître en public sans voile ».
Les experts ont demandé à l’Iran de répondre de toute urgence aux griefs de M. Meysami et de garantir les droits de M. Meysami, de Mme Sotoudeh et de M. Khandan de ne pas être privés arbitrairement de leur liberté. Ils ont également exhorté les autorités à garantir leur droit à une procédure équitable devant un tribunal indépendant et impartial.
Les experts de l'ONU ont informé le gouvernement iranien de leurs préoccupations.
FIN.
(*) Les experts de l'ONU : Michel Forst, rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits humains ; Diego García-Sayán, rapporteur spécial sur l'indépendance des juges et des avocats ; Seong-Phil Hong, président-rapporteur du Groupe de travail sur la détention arbitraire ; Mme Ivana RadačIć, présidente du Groupe de travail sur la question de la discrimination à l'égard des femmes en droit et dans la pratique ; et Javaid Rehman, Rapporteur spécial sur la situation des droits humains en République islamique d'Iran.
Les rapporteurs spéciaux font partie de ce qu'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits humains. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d’experts indépendants du système des droits humains de l’ONU, est le nom général des mécanismes indépendants d’établissement des faits et de surveillance du Conseil, qui traitent soit de la situation particulière d’un pays, soit de questions thématiques dans le monde entier. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations Unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.
Pour plus d'informations et demandes des médias, veuillez contacter Gurdip Sangha (+41 22 92 89 235 / sr-iran@ohchr.org)
Source : Les droits de l’homme en Iran
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