mardi 29 avril 2014

Iran : Le Rapporteur spécial de l’ONU répond aux attaques personnelles de Téhéran

                              
                        Le Rapporteur spécial de l’ONU, Ahmad SHahid 

Shaheedoniran.org : Ce n’est pas un secret que les attaques personnelles lancées par certains officiels et médias iraniens ont atteint de nouveaux sommets – ou, plutôt, de nouvelles profondeurs – depuis la 25e  session du Conseil des droits de l’Homme de d’ONU qui a eu lieu en mars 2014.
Les gens me demandent souvent si ces attaques – qui comprennent souvent des insultes grossières et des propos diffamatoires – me touchent ou affectent mon travail. Voici ma réponse à cette question : bien sûr que je trouve ces tactiques décevants, mais je trouve surtout que le caractère déplacé de ces attaques est très inquiétant.
La présentation de mes rapports et le dialogue interactive sur la situation des droits de l’Homme dans la République islamique qui a lieu entre les membres du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU constituent une occasion pour toutes les parties concernées afin de discuter sur les questions urgentes et les cas d’abus. Les insultes et les déclarations inflammatoires ne servent qu’à nuire à cette occasion et retarde les solutions nécessaires pour les plus vulnérables dans la société iranienne, des solutions qui nécessitent souvent des discussions substantielles et ouvertes.
En outre, les attaques contre ma personne et d’autres officiels de l’ONU ne sont pas grande chose en comparaison aux attaques perpétrées contre ceux qui exercent leurs droits fondamentaux de liberté d’expression, de croyance, de réunion et d’association.
A la fin de chaque journée de travail, je peux éteindre mon ordinateur et éteindre mon téléphone. Les défenseurs des droits de l’Homme et ceux qui expriment des opinions dissidentes à l’intérieur du pays ne semblent pas disposer de ce luxe. Ceux qui expriment leur désapprobation vis-à-vis des points de vue officiels sont confrontés à des peines de prison et accusés de «crimes» vaguement définies tels que «propagande contre le système », « action contre la sécurité nationale » ou « diffusion de fausses informations. » Dans certains cas, ils sont confrontés à la peine capitale et accusés d’être « mofsed-fil-arz » (« corrupteur sur Terre ») ou « mohareb » (terme que l’on pourrait ainsi traduite : « ennemi du Dieu », « celui qui a pris des armes avec l’intention de terroriser la population »).
Comme je l’ai écrit dans mon dernier rapport au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, il y a environ 900 prisonniers politiques en Iran, dont beaucoup sont emprisonnés uniquement parce qu’ils ont exprimé des points de vue critiques. Les personnes punies viennent de tous les horizons – de différentes communautés ethniques, religieuses et sexuelles, de différentes régions géographiques et de différents milieux socio-économiques. Et il y a plusieurs centaines de personnes qui à cause de leur contestation exprimée de façon non violente sont victimes de harcèlements et de persécutions.
Alors, quand les gens me demandent comment je me sens lorsque les officiels du régime attaquent ma personne ou le Secrétaire Général de l’ONU, je ne peux que répondre ceci : Je suis loin d’être une victime. Les vraies victimes de ces attaques personnelles sont ceux qui vivent dans la crainte d’être persécutés pour leurs croyances, ceux dont les points de vue continuent d’être ignorés et ceux qui continuent d’attendre en silence pour un remède.
Traduit de l'anglais.
    

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