Le 20 juin, les médias officiels iraniens ont annoncé que le régime allait mettre en œuvre le plan dit de « subventions intelligentes de la farine et du pain » à Téhéran et dans d’autres métropoles.
« Ce plan ressemble plus à un rationnement du pain et de la farine, car les boulangers pourraient recevoir une ‘portion’ limitée de farine en utilisant leur carte à un prix plus bas. Ils devraient obtenir le reste au taux du marché libre », écrivait le 20 juin le quotidien officiel Etemad. « Sur la base de ce plan, si une boulangerie recevait 200 sacs de farine par mois, elle recevrait désormais autant qu’elle produit de pain », ajoute le journal.
En d’autres termes, de nombreux Iraniens devraient acheter du pain à un prix plus élevé.
Depuis que le gouvernement d’Ebrahim Raïssi a supprimé le « taux de change préférentiel », les prix des produits de base ont quadruplé dans le meilleur des cas.
Le taux de change officiel était affecté à l’importation de biens essentiels tels que les céréales et les médicaments. La corruption institutionnalisée du régime a fini par tripler les prix, mais la suppression du taux préférentiel a fait exploser les prix.
Des manifestations ont éclaté dans tout le pays au début du mois de mai, les Iraniens ne pouvant supporter une nouvelle onde de choc économique dans le contexte de la calamité financière du pays. Ces dernières années, le pain est devenu le seul aliment de nombreuses familles iraniennes ; les en priver pourrait déclencher un nouveau soulèvement. Craignant l’issue, les mollahs ont commencé leur jeu de reproches, accusant les pauvres boulangers iraniens de « contrebande de farine« . On ne peut que se demander comment il est possible de faire entrer clandestinement des tonnes de farine dans un pays où tous les ports et toutes les frontières sont étroitement contrôlés, et où il suffit de quelques instants pour arrêter quelqu’un qui scande un slogan contre les responsables du régime.
« La contrebande de farine et tous les plans préparés sous le prétexte de lutter contre la corruption n’ont rien à voir avec les boulangers. Les boulangers du pays sont-ils devenus assez puissants pour faire passer la farine en contrebande des frontières vers les pays voisins ? » s’interrogeait à ce sujet le 22 juillet le quotidien officiel Setra-e Sobh.
Sous pression, la seule solution qui reste aux pauvres boulangers iraniens est de se mettre en grève, ce qui signifie que davantage d’Iraniens perdent leur nourriture de base.
« Si nous ne traitons pas le problème des boulangers, ils fermeront bientôt leurs magasins, et ce n’est pas bon pour les Iraniens et cela aura des conséquences pour nous« , a écrit l’article de Setar-e Sobh, mettant en garde les responsables du régime.
Alors que le régime prive actuellement les Iraniens de pain, cela fait deux ans que de nombreux Iraniens achètent du pain « en location ».
Dans une histoire déchirante en 2020, le journal officiel Tejaratnews a expliqué comment les Iraniens louent du pain. « La dernière page de son carnet est divisée par une ligne, remplie de noms et de la date à laquelle ils ont revendu le pain« , écrit le site internet.
Alireza Monadi, l’un des députés du régime, reconnaissait en avril que « la pauvreté fait rage dans les faubourgs de Tabriz (grande ville du nord-ouest de l’Iran) ». « Certaines personnes revendent littéralement du pain », a-t-il déclaré.
La vente des organes, l’abandon de nouveau-nés, la prévente par les parents de leurs enfants à naître, l’augmentation du nombre de suicides, et maintenant l’achat de pain en location, sont autant d’indications de la façon dont la vie de millions d’Iraniens est criblée de douleur.
Le régime des mollahs ajoute du sel aux blessures des Iraniens par le biais des soi-disant « plans économiques » ou simplement en creusant davantage dans leurs poches. Téhéran a besoin de chaque centime pour financer le vaste appareil sécuritaire et militaire qui préserve son pouvoir. Téhéran a également besoin de financer ses activités illicites, comme la propagation du terrorisme et la poursuite de son programme d’armement nucléaire.
Sa solution pour les Iraniens qui réclament leurs droits en organisant des manifestations est la répression. Mais on récolte ce que l’on sème. Ces mesures ne font qu’intensifier la haine de la population à l’égard du régime, et les manifestations actuelles au cours desquelles les Iraniens scandent « A bas Raïssi » et « A bas Khamenei » en sont la preuve.
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