mardi 24 novembre 2020

Un dissident irano-allemand capturé par l’Iran n’a pas droit à un avocat


 CSDHI – Selon la fille d’un dissident germano-iranien basé aux Etats-Unis, les autorités iraniennes ont capturé son père, il y a quatre mois. Il était alors en voyage dans le Golfe.

Forcé à faire de faux aveux et privé d’avocat

Elle affirme que les autorités iraniennes l’ont durement traité. En outre, elle ajoute qu’elles lui ont refusé de consulter un avocat choisi par sa famille. Enfin, les autorités ont diffusé des images le montrant en train de faire de aveux forcés.

Dans une interview accordée lundi à VOA Persian de Los Angeles où vit sa famille, la fille du dissident Jamshid Sharmahd a déclaré que la justice iranienne avait interdit à une avocate iranienne engagée par sa famille, début octobre, de rencontrer son père ou d’accéder à son dossier. C’est la famille qui a engagé cette avocate.

« La justice a dit à notre avocate qu’elle ne peut pas rencontrer mon père. Elle ne peut pas voir son dossier parce que son affaire est en phase d’enquête en ce moment », a déclaré Gazelle Sharmahd.

L’Iran n’autorise généralement que les avocats figurant sur une liste approuvée par le gouvernement à travailler sur des affaires impliquant des infractions présumées à la sécurité nationale au stade de l’enquête.

Une avocate refusée par le régime

Gazelle Sharmahd a déclaré que l’avocat de sa famille,  ne figure pas sur la liste du régime. Elle a caché le nom pour des raisons de confidentialité. Mais elle a déclaré que l’avocat s’est engagé à continuer d’essayer d’accéder au dossier de son père.

L’ambassade d’Allemagne à Téhéran a également proposé d’aider l’avocate dans ses efforts, a déclaré Mme Sharmahd.

VOA ne peut pas vérifier de manière indépendante les activités de l’avocate. Elle ne peut pas faire de reportages dans le pays dirigé par les islamistes.

Arrêté lors d’une escale à Dubaï

Jamshid Sharmahd a disparu fin juillet. Il faisait alors une escale à Dubaï pour réserver un vol vers l’Inde pour un voyage d’affaires, selon sa famille.

Les médias officiels iraniens ont rapporté le 1er août que des agents des services du renseignement iraniens avaient capturé le binational irano-allemand de 65 ans. Cette arrestation est intervenue dans le cadre d’une « opération complexe » sans préciser exactement quand et où il avait été détenu. Le même jour, la télévision officielle iranienne a diffusé un programme dans lequel le dissident semblait avouer avoir été le commanditaire d’un attentat à la bombe en 2008. Et attentat aurait tué 14 Iraniens et blessé 215 autres dans une mosquée de la ville de Chiraz, dans le sud-ouest du pays.

Accusé d’être le commanditaire d’un attentat à la bombe

La famille de Sharmahd a nié son implication dans cet acte violent. Elle l’a décrit comme un porte-parole de Tondar. Il s’agit un groupe d’opposition iranien qui cherche à remplacer les religieux chiites au pouvoir. Ceux se sont emparés du pouvoir lors de la révolution islamique de 1979 par une monarchie renouvelée.

Tondar, également connu sous le nom de Kingdom Assembly of Iran, a déclaré que ses agents ont mené des attaques en Iran au cours des dernières décennies. Cependant, ses membres basés aux Etats-Unis ont essayé de prendre leurs distances par rapport à ces incidents.

La télévision officielle iranienne utilise fréquemment les aveux des dissidents qui accusent les autorités de faire pression sur eux ou de les torturer pour qu’ils s’incriminent devant les caméras pendant leur détention.

Un deuxième programme de la télévision officielle avec des images de Sharmahd a été diffusé le 18 novembre. Il le montre les yeux bandés dans une pièce avant qu’il n’enlève le bandeau et parle devant une caméra.

Sa fille Gazelle a tweeté que l’Iran utilisait à nouveau ce qu’elle a appelé une « confession forcée pour créer une émission spéciale de propagande honteuse. »

Elle a déclaré à VOA que les images étaient les premières qu’elle avait vues de son père depuis la vidéo du 1er août. Mais elle n’était pas sûre de la date à laquelle elles avaient été filmées.

Coupé de sa famille

La fille du dissident a déclaré que la seule communication qu’il a eue avec sa famille basée aux Etats-Unis a été lors de trois appels téléphoniques qu’il a passés les 22 septembre, 13 octobre et 28 octobre.

Gazelle Sharmahd a déclaré que son père n’avait pas révélé grand-chose sur son statut lors des deux premiers appels. Il avait juste dit qu’il était à Téhéran. En effet, on l’entendait demander à des gens qui étaient apparemment dans les environs s’il pouvait partager certaines informations. Elle a dit que c’est lors du troisième appel qu’il avait révélé être à la prison d’Evine à Téhéran. Cependant, elle a ajouté ne pas être certaine qu’Evine soit sa véritable localisation.

La famille du dissident a exprimé à plusieurs reprises ses inquiétudes concernant sa santé. Elle a dit qu’il avait besoin de médicaments pour son diabète et sa maladie de Parkinson.

« Vous ne savez pas si quelqu’un n’a pas pointé une arme sur sa tête. S’il ne l’a pas forcé à dire des choses », a déclaré Gazelle Sharmahd. « Je veux donc que quelqu’un en qui j’ai confiance voit comment il va physiquement. Et après cela, je veux que quelqu’un accède à son dossier. ET qu’il vérifie quelles sont les charges retenues contre lui. »

L’ambassade allemande à Washington n’a pas voulu faire de commentaires à VOA. Elle était interrogée sur l’aide que les diplomates allemands en Iran pourraient apporter au dissident capturé.

Quatre autres citoyens allemands emprisonnés en Iran

Le journal allemand Die Welt a déclaré début novembre que Berlin avait connaissance de quatre citoyens allemands détenus dans des prisons iraniennes. Il a déclaré que le gouvernement allemand avait répondu à une demande du législateur du parti des Verts allemand d’origine iranienne, Omid Nouripour. On ignore quelles sont les identités des quatre Allemands détenus.

Les Etats-Unis ont commenté le cas de Sharmahd pour la dernière fois lorsque la nouvelle de sa capture est tombée le 1er août. Reuters a cité un porte-parole du Département d’Etat qui a déclaré que les Etats-Unis étaient au courant de ces informations.

« Le régime iranien a une longue histoire de détention d’Iraniens et de ressortissants étrangers sur des accusations fallacieuses. Nous demandons instamment à l’Iran d’être totalement transparent. Il doit respecter toutes les normes juridiques internationales », a déclaré le responsable américain à l’époque.

Source : VOA

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