mardi 2 mars 2021

Les participants au Forum des affaires Europe-Iran devraient renoncer


 Lundi a débuté une conférence de trois jours pour élargir les liens commerciaux entre l’Europe et le régime iranien. Il semble prévu d’aller de l’avant malgré la controverse. Ses organisateurs et participants ont apparemment choisi d’ignorer les protestations contre cette initiative malvenue.

Cette pression est née de la nouvelle que les autorités iraniennes avaient exécuté un journaliste de l’opposition, Rouhollah Zam, juste avant le début de l’événement. Le moment a très probablement été choisi pour que l’Iran puisse tester la volonté des décideurs européens de négliger les violations des droits de l’homme. L’annulation initiale a peut-être véhiculé un message de responsabilité, quoique de courte durée.

L’UE envoie le message inverse
En février, l’Union européenne a envoyé précisément le message inverse en annonçant qu’elle prévoyait toujours de parrainer l’événement selon son calendrier révisé. Pour aggraver les choses, cette annonce est tombée dans la foulée d’un verdict du tribunal fédéral belge qui a jugé un diplomate iranien de haut rang, Assadollah Assadi, coupable d’avoir planifié un attentat terroriste qui aurait pu tuer des centaines de personnes juste à l’extérieur de Paris. Après n’avoir fait aucun commentaire public sur cet incident, le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a accepté d’être le conférencier principal au Forum des affaires, aux côtés du ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif.

Alors même que ces plans étaient promus, divers législateurs européens et groupes politiques iraniens publiaient des déclarations soulignant le rôle que Zarif et d’autres hauts responsables du régime avaient sûrement joué dans le complot terroriste de 2018, qui visait le rassemblement annuel pour l’Iran libre organisé par le Conseil national de Résistance de l’Iran (CNRI).

Plusieurs mois avant cet événement, le principal groupe constituant du CNRI, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI – MEK), avait été crédité d’avoir dirigé un soulèvement national qui a donné lieu à des appels explicites pour un changement de régime et une gouvernance démocratique. La tentative de faire exploser cet événement était sans aucun doute le résultat des craintes exprimées à la suite de ce soulèvement par le guide suprême du régime, Ali Khamenei, entre autres. Les enquêteurs et procureurs belges ont affirmé à plusieurs reprises au cours des poursuites d’Assadi, qu’il n’avait pas agi de son initiative mais plutôt sous la direction du régime clérical.

Ce fait souligne le danger d’initier un dialogue inconditionnel avec le régime iranien, comme le font clairement les participants au Business Forum. Ce danger a été évoqué jeudi par les participants à la conférence virtuelle que le Comité international à la recherche de la justice, basé à Bruxelles, a organisé en réaction aux dernières contributions de l’UE à une tendance pour la complaisance. «Si la réponse de Borrell et du Conseil européen à l’attaque déjouée [d’Assadi] est d’avoir une conférence d’affaires avec le régime, le régime conclura qu’il peut organiser une autre attaque plus grande que la précédente», a déclaré Alejo Vidal-Quadras, ancien vice-président du Parlement européen, à la conférence.

D’autres participants ont fait écho à ce sentiment tout en se concentrant également sur le rôle potentiel du Forum des affaires pour que le régime puisse échapper à la responsabilité du complot terroriste et d’autres activités néfastes similaires. Paulo Casaca, un ancien membre du Parlement européen du Portugal, a condamné Borrell pour «avoir utilisé les fonds des contribuables pour financer la propagande» poussé par le ministre des Affaires étrangères Zarif.

En 2019, les États-Unis ont imposé des sanctions à Zarif et ont expliqué le geste en disant que son rôle réel sur la scène internationale ressemblait plus à celui d’un ministre de la propagande qu’à celui d’un ministre des Affaires étrangères. Il avait déjà été critiqué par des groupes de défense des droits de l’homme pour avoir visité des pays occidentaux et avoir répondu à des comptes rendus détaillés des abus du régime par des dénégations telles que: «Nous n’emprisonnons pas les gens pour leurs opinions». Dans le sillage du complot terroriste de 2018, Zarif a joué un rôle essentiel dans la promotion de l’idée qu’Assadi bénéficie de l’immunité diplomatique dans toute l’UE et que son arrestation représente un «piège» pour les autorités européennes.

Les participants à la conférence de jeudi estiment que le Forum des affaires Europe-Iran devrait être annulé.

Hermann Tertsch, membre en exercice du Parlement européen, était parmi les participants à la conférence de jeudi pour attirer l’attention sur l’incident de novembre 2019 lorsque le Corps des gardiens de la révolution islamique a ouvert le feu sur des manifestants dans des dizaines de villes iraniennes, tuant environ 1500 personnes. Comme pour d’autres violations des droits de l’homme remontant du régime iranien, personne n’a encore été tenu juridiquement ou politiquement responsable pour ces crimes.

Dans ses remarques finales à la conférence, un ancien député européen d’Écosse, Struan Stevenson, a présenté un aperçu détaillé des activités malveillantes récentes de Téhéran pour souligner à quel point Borrell et d’autres ferment les yeux sur leurs responsabilités en tant que défenseurs droits de l’homme et représentants des nations démocratiques.

«Au lieu d’un forum d’affaires de 3 jours avec le régime iranien, a proposé Stevenson, pourquoi ne pas tenir une conférence de 3 jours pour mettre en évidence l’oppression, les violations des droits humains endémiques, l’escalade du nombre d’exécutions en Iran? Pourquoi ne pas tenir une discussion de trois jours sur le massacre de plus de 30 000 prisonniers politiques en Iran en 1988? Pourquoi ne pas discuter des 1 500 manifestants non armés qui ont été abattus par les pasdaran lors du soulèvement national? Pourquoi ne pas tenir une conférence de trois jours pour discuter du bellicisme agressif des mollahs en Syrie, au Yémen, en Irak et au Liban? »

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