CSDHI – Dans un précédent article, nous avons rapporté les autorités iraniennes ont pendu, dimanche, quatre prisonniers politiques issus de la minorité arabe ahwazi d’Iran. Les prisonniers politiques s’appelaient Naser Khafajian, Ali Khasraji, Hossein Silawi et Jasem Heidary. Les autorités iraniennes les ont exécutés à la prison de Sepidar à Ahwaz, capitale de la province du Khouzistan.
L’ultime adieu des familles à leurs enfants
Avant les pendaisons, les agents du ministère du renseignement d’Ahwaz ont contacté les familles. Ils leur ont demandé de se rendre sur la place Chaharshir d’Ahvaz. Pour ce faire, les agents du service du renseignement ont bandé les yeux des familles. Puis, ils les ont transférées à la prison de Sepidar, où elles ont rendu visite à leurs proches pendant une demi-heure.
Les familles des quatre prisonniers politiques arabes d’Ahvazi ont dit que leurs enfants étaient menottés et enchaînés. Les prisonniers politiques ont dit à leurs familles que les autorités allaient les exécuter.
Cependant, les autorités leur ont dit qu’elles n’allaient pas les exécuter et qu’ils seraient transférés à la prison de Sheiban.
Leurs familles ont attendu à l’extérieur de la prison pendant une demi-heure. Puis soudain, elles ont vu les corps des prisonniers exécutés. Les autorités de la prison ont alors confirmé que l’exécution avait eu lieu.
Pour dénoncer les conditions de détention, ils s’étaient cousu les lèvres pour leur grève de la faim
Les prisonniers politiques arabes ahwazi, Ali Khasraji, Hossein Silawi et Jasem Heidary, s’étaient cousu les lèvres. Ils avaient entamé une grève de la faim en janvier 2021 à la prison de Sheiban à Ahwaz, dans la province du Khouzistan. Ils ont protesté contre leurs conditions de détention, le refus des visites familiales et la menace permanente d’exécution. Le quatrième prisonnier arabe ahwazi, Naser Khafajian, avait disparu par la force depuis avril 2020.
Un autre prisonnier arabe ahwazi, Ali Motairi, était en grève de la faim lorsque les autorités l’ont exécuté le 28 janvier 2021. Le régime l’avait condamné à mort malgré de graves violations des droits de la défense. Notamment des allégations de torture et d’ « aveux » forcés. La famille d’Ali Motairi n’était pas informée. Elle n’a pas eu le droit de lui rendre visite pour la dernière fois.
Un tribunal révolutionnaire à Ahwaz a condamné à mort Naser Khafajian, Ali Khasraji et Hossein Silawi. En effet, il les a accusés d’attaque armée contre un poste de police à Ahwaz le 14 mai 2017 ayant entraîné la mort de deux agents des forces de l’ordre.
Isolés, torturés, sans avocats
Les autorités les ont détenus pendant des mois en isolement dans un centre de détention du ministère des renseignements à Ahwaz. Toutefois, ils n’avaient pas accès à leurs familles et à leurs avocats. Selon des sources bien informées, ils étaient soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements. Ils ont eu les côtes et les mains brisées.
Les agents de la sécurité et du renseignement les ont torturés pour les faire avouer. Ils les ont diffusés peu après leur arrestation en mai 2017 et les ont utilisés par le tribunal pour les condamner.
Les hommes n’ont pas pu choisir un avocat. En avril 2020, ils ont disparu de force après leur transfert dans un lieu non déclaré. Les autorités iraniennes ont renvoyé Hossein Silawi et Ali Khasraji à la prison de Sheiban vers novembre 2020.
Des descriptions terribles de leur état physique
Un témoin oculaire qui a vu Ali Khasraji et Hossein Silawi en quarantaine à la prison de Sheiban au moment de leur arrestation a déclaré : « les agents iraniens ont gravement blessé Hossein et Ali au moment de leur arrestation. Ils les ont abattus de plusieurs balles. Hossein a été emmené en prison directement depuis son lit d’hôpital, ensuite, ils l’ont torturé. Ses blessures étaient particulièrement graves. Son bras était donc attaché à son poignet par une tige de métal et il souffrait énormément… Pendant près de deux ou trois mois, les deux prisonniers politiques étaient détenus dans une petite cellule avec leurs blessures infectée. Personne ne les a soignés, de sorte que la puanteur du sang et leur infection gênaient les autres détenus ».
Les forces du régime ont arrêté Jasem Heidary en décembre 2017, après son retour en Iran depuis l’Autriche. C’est là-bas qu’il avait trouvé refuge. Les agents l’ont arrêté à Téhéran et transféré à la prison d’Evine.
Ils ont torturé et battu Jasem, 31 ans. Ils l’ont forcé à faire des « aveux » contre lui-même. En raison de la gravité des tortures, on l’a confiné dans un fauteuil roulant pendant un certain temps. En mars 2018, Jasem est transféré à Ahwaz. Sa mère, Marzieh Heidary, a également été arrêtée en mars pour accroître la pression sur Jasem.
Le tribunal révolutionnaire d’Ahwaz a condamné Jasem à mort pour « coopération avec des groupes d’opposition » en novembre 2020. La cour suprême a confirmé la sentence. La première fois que les forces iraniennes ont arrêté Jasem, il avait 17 ans. Il avait alors purgé une peine de sept ans de prison.
Appel aux organisations internationales de droits humains à prendre des mesures urgentes
Iran Human Rights Monitor condamne fermement les exécutions des quatre prisonniers politiques arabes ahwazii. Il demande une fois de plus au Conseil de Sécurité des Nations Unies, au Secrétaire Général des Nations Unies, à la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme ainsi qu’au Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies et à l’Union Européenne de prendre des mesures urgentes pour sauver la vie des prisonniers du couloir de la mort, en particulier les prisonniers politiques.
Source : Iran HRM
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