mercredi 8 juin 2022

Téhéran s’inquiète de la gestion des projets publics suite à l’effondrement d’un bâtiment

CNRI - Le ministre iranien des Affaires étrangères a récemment manifesté publiquement son opposition à des projets d’infrastructure dans des pays voisins qui auraient eu un impact négatif sur les voies navigables iraniennes. Hossein Amir-Abdollahian a déclaré aux journalistes qu’au cours des deux derniers mois, il a soulevé les questions pertinentes avec son homologue turc au moins trois fois. Il a également affirmé que Téhéran a demandé la création d’un comité bilatéral conjoint il y a quatre mois, dans l’espoir de préparer le terrain pour un accord bilatéral sur la construction de barrages et la gestion de l’eau, mais que cela n’a pas abouti.

Parallèlement aux déclarations d’Amir-Abdollahian, l’agence de presse officielle Islamic Republic News Agency a publié un article qui semblait annoncer que le ministère iranien de l’Environnement avait signé un protocole d’accord avec l’Irak et la Syrie, dans le but de lutter contre la menace mutuelle que représentent les tempêtes de poussière. Toutefois, cette information a été précédée de peu par un rapport de l’Iran Human Rights Monitor, qui soulignait qu’une source majeure de tempêtes de poussière en Iran et dans les environs était l’assèchement des zones humides, conséquence de la mauvaise gestion systématique des ressources en eau par Téhéran.

Le 28 mai, l’agence de presse officielle Students News Agency a cité les propos de Sedigheh Modarres Tabatabai, un responsable de l’Organisation iranienne de protection de l’environnement : « Actuellement, 43 % des zones humides d’Iran sont susceptibles de devenir une source de poussière. Cela signifie que si les conditions des zones humides ne sont pas favorables et que leurs besoins en eau ne sont pas satisfaits, elles peuvent devenir de nouveaux centres de poussière dans le pays. »

M. Tabatabai a précisé que 42 des 226 zones humides iraniennes s’étaient déjà partiellement asséchées. Le rapport de l’ISNA n’est pas entré dans le détail des causes de l’assèchement, mais divers rapports antérieurs ont souligné que la construction incontrôlée de barrages, souvent en l’absence de rapports d’impact sur l’environnement et sous la direction du Corps des gardiens de la révolution islamique (pasdaran), avait contribué à l’assèchement de certaines grandes masses d’eau, dont le lac Ourmia.

Dans ce contexte, la soudaine déclaration de préoccupation d’Amir-Abdollahian à l’égard des projets de barrage turcs pourrait avoir pour but de détourner la responsabilité de la situation actuelle des politiques de Téhéran vers des boucs émissaires étrangers. Dans le même temps, la recherche d’un accord à définir avec les alliés régionaux peut donner l’impression que ces alliés reconnaissent une responsabilité mutuelle pour certains problèmes environnementaux, même s’ils affectent principalement la théocratie elle-même.

Au cours des deux derniers mois, il est sans doute devenu plus important pour les responsables du régime de faire passer le message qu’ils s’efforcent d’éviter les catastrophes prévisibles tout en examinant de près les questions liées à la gestion des projets.

Le 23 mai, un immeuble de dix étages s’est effondré alors qu’il était en construction dans la ville d’Abadan. Les secouristes sont toujours en train de fouiller les décombres, mais mercredi, le nombre de morts confirmé était de 37 et devait continuer à augmenter. L’incident a suscité de nombreuses protestations, dont beaucoup ont souligné le rôle de la corruption du régime et le mépris des propriétaires du bâtiment pour les protocoles de sécurité et les avertissements préalables.

« Il y a plusieurs mois, des rapports faisaient état de l’enfoncement de la colonne principale du bâtiment et de l’affaissement des plafonds des différents étages. Mais le fait que la municipalité [d’Abadan] n’ait pas donné suite aux violations des règles de construction a conduit à la tragédie de lundi », a reconnu le 24 mai le site Web public Khabaronline.

Les manifestations contre le régime se sont poursuivies cette semaine en dépit de la présence généralisée des forces de répression et des efforts déployés par les autorités du régime pour perturber les communications Internet et empêcher ainsi l’organisation et la diffusion des informations relatives à l’indignation populaire.

Selon de nouveaux rapports, les manifestants considèrent l’effondrement d’Abadan comme le signe d’une corruption beaucoup plus large. Dans une interview diffusée sur la télévision officielle iranienne le vendredi 27 mai, Kamran Abdoli, adjoint à la protection et à la sécurité du département des incendies, a révélé des informations troublantes sur l’état actuel de nombreux bâtiments iraniens. « Nous avons déjà identifié 33 000 bâtiments à Téhéran, principalement des bâtiments anciens. Il y a 947 tours parmi ces bâtiments, avec jusqu’à 12 étages. Malheureusement, nous avons souvent dit que nous avions 129 bâtiments dans un état critique, qui nécessitent une attention immédiate« , a-t-il déclaré à IRIB News.

L’effondrement du complexe Metropol met parfaitement à nu la conduite du régime et ses décennies de corruption. C’est pourquoi le peuple iranien est descendu dans la rue pour appeler au changement démocratique, en scandant « A bas Khamenei« , le Guide Suprême des mollahs.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire