lundi 6 janvier 2025

Les femmes et la peine de mort en Iran : Une perspective du genre; Au moins 31 femmes ont été exécutées en 2024, soit le nombre le plus élevé depuis plus de 15 ans

 Iran Human Rights (IHRNGO) a publié un rapport unique qui met en lumière les réalités  de la peine de mort et des exécutions de femmes en Iran. Intitulé « Les femmes et la peine de mort en Iran : Une perspective du genre », ce document examine les pénibles disparités entre les sexes et les aspects inhumains de la peine de mort.

Selon le rapport, l’année 2024 a marqué une étape sombre. Deux ans après le mouvement « Femme, vie, liberté », la République islamique a enregistré le plus grand nombre de femmes exécutées en 17 ans, avec 31 femmes exécutées dans les prisons iraniennes. Ce chiffre, basé sur des données vérifiées par IHRNGO, représente un niveau sans précédent depuis que l’organisation a commencé à documenter les exécutions en 2008.

« Les exécutions de femmes en Iran révèle non seulement la nature brutale et inhumaine de la peine de mort, mais aussi la discrimination et l’inégalité entre les sexes profondément enracinées dans le système judiciaire », a déclaré Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur d’Iran Human Rights. « Nous appelons la communauté internationale à rompre le silence sur ces injustices systémiques et sur l’apartheid sexiste en Iran, et à intensifier ses efforts pour sauver ceux qui risquent d’être exécutés.

Télécharger le rapport complet (pdf)

Faits et chiffres

  • Au moins 31 femmes ont été exécutées en 2024, soit le nombre le plus élevé depuis plus de 15 ans.
  • Au moins 241 femmes ont été exécutées entre 2010 et 2024.
  • 121 femmes (50 %) n’ont été identifiées que par leurs initiales ou sont restées totalement anonymes.
  • 114 femmes ont été exécutées pour meurtre, tandis que 107 femmes ont été exécutées pour des accusations liées à la drogue.
  • Quatre femmes ont été exécutées pour des motifs liés à la sécurité, tels que moharebeh (guerre contre Dieu) et ifsad-fil-arz (corruption sur terre). Parmi elles se trouvaient une femme juive et deux prisonnières politiques kurdes.
  • 9 des femmes exécutées étaient des enfants mariés, dont trois étaient également des enfants délinquants, c’est-à-dire qu’elles avaient moins de 18 ans au moment de leur crime présumé.
  • 70 % des femmes exécutées pour meurtre étaient accusées d’avoir tué leur mari ou leur partenaire, souvent dans un contexte de violence domestique.

Les femmes originaires de provinces marginalisées comme le Sistan et le Baloutchistan étaient représentées de manière disproportionnée dans les exécutions liées à la drogue, ce qui met en évidence l’intersection de la discrimination systémique, de la pauvreté et de la partialité judiciaire.

Des exécutions dans l’ombre de la violence domestique

De nombreuses femmes exécutées pour meurtre étaient des victimes de violences domestiques ou d’abus sexuels qui ont agi par désespoir. Environ 70 % de ces femmes étaient accusées d’avoir tué leur mari, souvent dans le cadre d’un mariage violent. Toutefois, le système judiciaire iranien considère rarement ces circonstances comme des circonstances atténuantes lors de la détermination de la peine.

Pauvreté, isolement et vulnérabilité

Les femmes condamnées à mort sont souvent abandonnées par leur famille et doivent endurer seules des conditions de détention inhumaines. La pauvreté et l’analphabétisme, en particulier chez les femmes issues de minorités ethniques, les privent des ressources nécessaires à une défense efficace, ce qui aggrave leur vulnérabilité.

Exécutions liées à la drogue

Entre 2010 et 2024, au moins 107 femmes ont été exécutées pour des motifs liés à la drogue. Si l’amendement de 2017 à la loi contre les stupéfiants a initialement entraîné une baisse des exécutions liées à la drogue, l’année 2024 a connu une forte augmentation, la plus élevée en neuf ans. De nombreuses femmes ont été contraintes de commettre ces crimes ou n’étaient pas conscientes de leur rôle, mais ces circonstances sont rarement reconnues par le système judiciaire.

Les femmes continuent d’être condamnées à mort

Les recherches menées par Iran Human Rights dans les médias d’État sur une période de deux ans ont révélé qu’entre janvier 2022 et janvier 2024, au moins 47 femmes risquaient d’être condamnées à mort ou l’avaient été. Ce rapport examine les implications plus larges de ces statistiques.

Victimes silencieuses en attente d’exécution

Un nombre indéterminé de femmes sont toujours dans le couloir de la mort, leur vie est en danger, parmi lesquelles les militantes kurdes Varisheh Moradi et Pakhshan Azizi. Depuis 1979, la République islamique utilise les exécutions comme outil d’oppression politique pour instiller la peur et maintenir son emprise sur le pouvoir, avec des milliers de femmes et d’hommes exécutés à l’issue de simulacres de procès. Si la majorité des personnes exécutées sont des hommes, l’histoire des femmes et les dimensions sexospécifiques de la peine de mort en Iran sont restées largement cachées.

Derrière chaque chiffre se cache une histoire

Ce rapport nous rappelle que derrière chaque statistique se cache une vie humaine – des rêves et des histoires anéantis par l’injustice et la stigmatisation sociale.

Source: CSDHI 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire