mardi 2 mars 2021

Le forum économique UE-Iran proposé est une capitulation face au terrorisme


 Il semble que le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la sécurité, Josep Borrell, souhaite ignorer le complot d’attentat terroriste qui aurait pu tuer des centaines de personnes sur le sol européen. Il semble, d’après son silence sur l’affaire Assadollah Assadi, que M. Borrell ait l’intention de poursuivre ses activités avec le régime criminel iranien. Il a même invité l’un des parrains du terrorisme, à l’instar de Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, à participer au forum économique Europe-Iran qu’il a organisé du 1er au 3 mars. M. Borrell a même aimablement accepté que l’UE prenne en charge les frais de ce forum.

Nous avons appris lors du procès Assadi à Anvers que l’ancien diplomate iranien est également accusé de terrorisme en Allemagne. Lorsqu’il a été arrêté en Bavière par la police allemande, celle-ci a trouvé dans sa voiture un carnet contenant des détails sur le complot d’attentat à la bombe et sur l’argent versé à ses co-conspirateurs. Le carnet contenait également des informations sur 289 visites qu’Assadi avait effectuées dans différents pays, dont 144 à des réunions en Allemagne, ce qui indique qu’Assadi supervisait des activités terroristes dans toute l’UE et que l’Allemagne était clairement l’épicentre de son réseau d’espionnage. Il ne fait aucun doute que des attentats à la bombe et des assassinats sont actuellement planifiés par des cellules d’espionnage dans toute l’Europe, supervisés et dirigés depuis Téhéran. Mais pour Josep Borrell, il faut que les choses se passent comme d’habitude !

Peut-être que l’affaire qu’il a en tête est d’inviter Javad Zarif à envoyer un autre de ses diplomates en Europe sur un vol commercial avec une bombe amorcée dans sa valise diplomatique. Peut-être que la prochaine fois, les services de renseignements européens n’auront pas cette chance et que le diplomate de Zarif pourra lancer une attaque meurtrière. M. Borrell assistera-t-il aux funérailles des hommes, femmes et enfants tués et consolera-t-il leurs familles et amis ? Rendra-t-il visite aux mutilés et aux handicapés hospitalisés ?

Peut-être M. Borrell veut-il que des entreprises européennes aident l’Iran dans son programme clandestin de production d’une arme nucléaire et de missiles balistiques capables de lancer un tel dispositif ? Ou peut-être veut-il voir des entreprises européennes livrer davantage de grues sur camion au régime iranien, afin qu’elles puissent accélérer les pendaisons publiques qui les classent en tête de la liste mondiale des états bourreaux ?

La nouvelle des graves manifestations qui ont eu lieu cette semaine dans la ville de Saravan, dans l’une des provinces les plus défavorisées d’Iran, le Sistan-Baloutchistan, à la frontière avec le Pakistan, aurait dû ébranler M. Borrell. À l’aide de mitrailleuses montées sur des camions, le Corps des gardiens de la révolution islamique (pasdaran) et les gardes-frontières ont abattu plus de 40 manifestants non-armés et en ont blessé gravement plus de 100. La ville est en feu. On aurait pu penser que cette seule nouvelle aurait encouragé Borrell à annuler son forum d’affaires. Mais il garde le silence. Il semble déterminé à faire franchir à l’UE une étape de plus que la complaisance. Il est maintenant déterminé à courber l’échine face au régime terroriste.

J’ai une suggestion pour M. Borrell et son Service européen d’action extérieure (SEAE). Au lieu d’un forum d’affaires de trois jours avec le régime des mollahs, pourquoi ne pas organiser une conférence de trois jours pour mettre en lumière la répression, les violations des droits humains et le nombre croissant d’exécutions qui ont lieu en Iran. Pourquoi ne pas organiser une conférence de trois jours pour discuter du bellicisme agressif des mollahs en Syrie, au Yémen, en Irak et au Liban ? Pourquoi ne pas organiser une discussion de trois jours sur le massacre de plus de 30 000 prisonniers politiques en Iran en 1988, qui fait maintenant l’objet d’une enquête spéciale de l’ONU ? Pourquoi ne pas discuter des 1 500 manifestants non-armés qui ont été abattus par le Corps des gardiens de la révolution islamique (pasdaran), la Gestapo du régime, lors du soulèvement national qui a éclaté dans toutes les villes et villages d’Iran en 2019 ?

Si M. Borrell demeure favorable à l’organisation de ce forum d’affaires, il enverra le signal le plus clair possible à Téhéran qu’en ce qui concerne l’Europe, le commerce compte plus que les droits humains. Le terrorisme et la violence peuvent être ignorés, tant que les entreprises européennes peuvent gagner de l’argent. Les emplois de l’UE signifient plus que la vie des Iraniens. C’est une tragédie et une capitulation totale devant le régime le plus criminel du monde actuel. Aucune entreprise européenne ne devrait même envisager de commercer avec ce régime fasciste. Ronald Reagan a déclaré : « Si l’histoire nous apprend quelque chose, c’est que la complaisance ou les vœux pieux à l’égard de nos adversaires sont une folie. Il n’y a aucune sécurité, aucune sûreté, dans la complaisance avec le mal. »

Struan Stevenson est le coordinateur de la Campagne pour le changement en Iran. Il a été membre du Parlement européen représentant l’Écosse (1999-2014), président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec l’Irak (2009-14) et président de l’intergroupe des Amis d’un Iran libre (2004-14). Il est conférencier international sur le Moyen-Orient et président de l’Association européenne pour la liberté en Irak.

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