Depuis l’investiture du gouvernement de Massoud Pezeshkian en août 2024, le cours du dollar a bondi de 121 %. Ce choc économique a anéanti le pouvoir d’achat des Iraniens ordinaires. Pourtant, comme l’ont révélé les slogans de lundi, la population ne perçoit plus cela comme une simple incompétence administrative, mais comme une prédation délibérée de la part des dirigeants du régime et du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI).
Des retraités des télécommunications dénoncent l’empire économique du régime
Les manifestations les plus politisées de lundi ont été menées par les retraités de la Compagnie des télécommunications d’Iran (TCI). Des protestations ont été signalées dans des dizaines de villes, dont Téhéran, Tabriz, Ispahan, Kermanshah, Chiraz, Sanandaj, Ahvaz, Mashhad, Urmia et plusieurs villes de la province d’Hormozgan.
Ces manifestants ont dénoncé la structure de propriété du secteur des télécommunications, « privatisé » il y a des années et passé entre les mains d’entités contrôlées par le Guide suprême. Des retraités se sont rassemblés devant les bâtiments centraux de TCI, scandant des slogans qui accusaient directement l’Exécution de l’Ordre de l’Imam Khomeini (EIK ou Setad Ejraei) et les fondations coopératives des Gardiens de la révolution.
À Ispahan et Kermanshah, les slogans étaient sans équivoque : « Setad, Sepah [Gardiens de la révolution] et propriétaires avides de rentes ont ruiné nos vies.» Ailleurs, les manifestants ont déclaré : « Les institutions affiliées au Guide suprême ont fait du pillage et de l’oppression une pratique courante.»
Les retraités exigent l’application intégrale des dispositions relatives à la protection sociale (article 89) adoptées en 2010, que les propriétaires de l’entreprise, liés à l’État, refusent d’appliquer. Ils affirment que la prise de contrôle par ces puissantes institutions les a privés de leur couverture d’assurance et a gelé leurs prestations sociales, pillant ainsi les fonds de pension pour financer d’autres priorités du régime.
Secteur de la santé : « Humiliation » au lieu de paiement
Alors que les retraités se mobilisaient contre la corruption institutionnelle, le secteur de la santé iranien était confronté à sa propre crise. À Ahvaz, le personnel de l’Université des sciences médicales de Jundishapur s’est rassemblé devant le siège de l’établissement pour protester contre le non-paiement des salaires impayés. Les employés ont exigé la mise en place de primes exceptionnelles, soulignant que la pression économique était devenue insupportable.
Simultanément, à Minudasht, dans la province de Golestan, les infirmières de l’hôpital Fatemeh Zahra se sont mises en grève. Leurs revendications ont mis en lumière l’ampleur de la faillite de l’État et son mépris pour les travailleurs essentiels. Après des mois de retard, les autorités ont finalement annoncé le versement des salaires dus depuis mai, soit sept mois auparavant. Cependant, à la stupéfaction du personnel, seule la moitié de la somme due a été versée.
Les infirmières ont qualifié ce paiement partiel d’« humiliant ». Confrontés à des heures supplémentaires forcées en raison de la pénurie de main-d’œuvre et accablés par l’inflation, les personnels médicaux ont déclaré que la politique du gouvernement s’apparentait à une « guerre d’usure » contre leurs moyens de subsistance. Leur message au ministère de la Santé était sans équivoque : « La patience a des limites ; on ne peut pas vivre de promesses en l’air et de salaires dérisoires. »
Manifestations étudiantes et paralysie économique
Le mécontentement a également gagné les campus. À l’université Eqlid, dans la province de Fars, les étudiants ont manifesté contre la piètre qualité de la nourriture servie à la cafétéria. Dans un geste symbolique de défiance, ils ont disposé leurs plateaux-repas au sol, en rangs serrés, signifiant ainsi leur refus d’accepter une alimentation de mauvaise qualité malgré la hausse des prix. Ils ont justifié leur action par le fait que les avertissements répétés concernant l’hygiène et la qualité des aliments avaient été ignorés.
Ces manifestations sporadiques se déroulent dans un contexte de mauvaise gestion économique généralisée. Les critiques internes soulignent que les responsables du régime manquent de connaissances économiques de base ; ils ne comprennent pas que les prix en Iran sont « rigides » – c’est-à-dire qu’une fois qu’ils augmentent en raison de la dévaluation de la monnaie, ils baissent rarement, appauvrissant durablement la population. La réaction du régime se caractérise par l’apathie. Comme l’ont démontré les manifestations du 15 décembre, le peuple iranien est conscient que l’État n’est pas seulement incompétent, mais aussi activement prédateur. Avec le mouvement « Set », le peuple iranien a réagi en disant : « La réponse du régime est une réponse à la situation actuelle. »
Avec la présence de la « publicité » et des Gardiens de la révolution iraniens qui dominent l’économie, la richesse du pays est détournée, ne laissant au public qu’un choix binaire : se soumettre à la misère ou se soulever contre la population.

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