Jamais dans la longue histoire de l'Iran, les « droits de l'homme » n'ont occupé une place aussi centrale – et aussi douloureuse – dans le vocabulaire politique et social du pays qu'au cours des 47 dernières années. Jamais auparavant la violation systématique de la Déclaration universelle des droits de l'homme n'avait été aussi généralisée, aussi normalisée et aussi essentielle à la survie d'un système en place.
Il ne s'agit pas d'abus isolés ni de répression ponctuelle. Depuis l'instauration du régime clérical, l'Iran a vu les violations des droits humains institutionnalisées : des violations conçues dès le départ au sein de l'idéologie et de la jurisprudence en place, puis mises en œuvre sur le terrain par des pratiques souvent brutales et incontrôlées. De l'enfance à la vieillesse, de la simple subsistance à la participation politique, aucun groupe social n'a été épargné.
Il n'y a pas eu non plus de période comparable dans l'histoire de l'Iran où les condamnations internationales pour violations des droits humains aient été aussi nombreuses, persistantes et récurrentes. Le régime iranien a accumulé l'un des bilans les plus longs et les plus durables au monde en matière de condamnations pour des violations allant de la détention arbitraire et de la torture aux exécutions et à la discrimination fondée sur le sexe. Il ne s'agit pas de critiques marginales ; elles constituent un élément déterminant de la réputation internationale du régime.
Au cœur de ce système se cache une atteinte délibérée à la dignité humaine. Sous couvert de religion, le pouvoir clérical a fusionné théologie et politique criminelle, engendrant un système organisé qui dégrade la dignité humaine. Il en résulte un État où l'accès au pain, à l'eau, à l'air pur, à l'éducation, à l'emploi et à un environnement décent est directement conditionné par le déni des droits fondamentaux. Les violations des droits humains ne sont pas un phénomène accessoire à la gouvernance ; elles en constituent le mécanisme même.
Cette même logique explique l'hostilité implacable du régime envers le savoir, l'expertise et la pensée indépendante. L'élimination systématique des intellectuels, la marginalisation des sciences et du professionnalisme, et l'exode massif et constant de la population instruite iranienne sont indissociables de la violation généralisée des droits humains. Un système fondé sur la répression ne peut coexister avec la pensée critique ni avec l'autonomie civique.
Ce qui caractérise le plus nettement l'époque actuelle, c'est que le pouvoir politique en Iran repose désormais entièrement sur la violation quotidienne et généralisée des droits humains. L'État ne se contente pas de tolérer la répression ; il exige qu'elle perdure. Cette réalité révèle une vulnérabilité fondamentale. Dès que la liberté et l'égalité – qui demeurent les revendications les plus urgentes et les plus insatisfaites en Iran – sont véritablement reconnues, les fondements du pouvoir clérical commencent à s'éroder.
L'histoire nous enseigne une leçon claire : le déni et l'humiliation des droits humains mènent inévitablement à la violence. Lorsque les voies légales et pacifiques de défense de la dignité sont fermées, les sociétés n'ont d'autre choix que la résistance – par la désobéissance civile, le soulèvement et, en dernier recours, la révolution. Malgré des siècles de bouleversements politiques, les dirigeants du régime iranien continuent d'appréhender les droits humains avec une conception plus proche du despotisme prémoderne que de la gouvernance contemporaine.
C’est précisément pour cette raison que le régime iranien bloque systématiquement l’enseignement de la Déclaration universelle des droits de l’homme dans les écoles. Tandis que des images d’exécutions, de port du voile obligatoire et de militarisme sont insérées dans les manuels scolaires du primaire, les élèves sont délibérément privés de l’accès aux 30 articles qui affirment la dignité humaine inhérente, l’égalité, la liberté, la justice et la paix. Une société informée représente une menace existentielle pour l’autoritarisme.
La sensibilisation du public, notamment par l'éducation, priverait le régime d'un de ses atouts les plus précieux : l'ignorance institutionnalisée. L'organisation, la conscience civique et la connaissance des droits humains sont incompatibles avec la dictature. Là où les droits humains sont compris, les idéologies autoritaires s'effondrent.
Pour l'Iran d'aujourd'hui, la Déclaration universelle des droits de l'homme n'est pas un texte moral abstrait ; c'est une nécessité politique, sociale, culturelle, économique et éducative impérieuse. La mise en œuvre de ses principes révélerait immédiatement l'incompatibilité du pouvoir clérical avec la dignité humaine. En ce sens, la charte des droits de l'homme constitue de facto une dénonciation du système en place.
De génération en génération, les Iraniens luttant pour la liberté – militants, prisonniers politiques, organisateurs et citoyens ordinaires – ont poursuivi leur combat à travers des formes de résistance organisées, civiles, sociales et professionnelles. Leur objectif n'est ni abstrait ni radical : la réalisation des droits humains fondamentaux face à un État qui survit en les bafouant.
La voie à suivre est donc claire. Défendre les droits humains implique de s'organiser, de sensibiliser et d'agir collectivement. Cela signifie aussi reconnaître que le respect de la dignité humaine en Iran est indissociable du rejet d'un système fondé sur son déni.
Source : https://irannewsupdate.com/news/human-rights/human-rights-as-the-regimes-achilles-heel-in-iran/

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