L’Orient Le Jour – Une experte de l’ONU a accusé mardi l’Iran de mensonges sur les erreurs en janvier 2020 ayant conduit à la destruction par deux missiles d’un avion ukrainien civil près de Téhéran, dans une période de vive tension avec les Etats-Unis.Présentant à des médias les conclusions de son enquête sur cette affaire, la Française Agnès Callamard, rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a dénoncé de multiples « contradictions ».
« L’élément le plus troublant, c’est que les explications des autorités iraniennes sur l’erreur ou les erreurs commises ne marchent pas ». Elles « sont pleines de contradictions, elles sont contredites par les faits, par les analyses techniques de nombreux experts », a-t-elle ajouté, en indiquant en avoir consulté des dizaines ainsi que des militaires.
« Pourquoi l’Iran met-il en avant des explications qui ne tiennent pas la route? (…) Peut-être parce qu’il y a des choses beaucoup plus graves et qu’en créant ces contradictions, ces explications un peu confuses, on ne va pas être à même de chercher les faits les plus graves », a-t-elle estimé.
« Pourquoi est-ce que l’Iran ment parce qu’il n’y a pas d’autre terme à utiliser? » « Pourquoi ne pas expliquer clairement comment » l’armée iranienne « a pu faire de telles erreurs »? « Comment n’a-t-elle pas suivi les procédures vraiment basiques qui doivent être suivies? », a insisté Agnès Callamard, en citant « l’approche visuelle » ou « l’instruction sur les radars ».
« Bien sûr l’avion a été intentionnellement attaqué, les Iraniens l’ont admis, mais ils ont dit que c’était +par erreur+ ». « La question porte sur cette dernière partie, +par erreur+ », a-t-elle relevé.
En droit international, il est reconnu qu’il « est possible que l’on tue par erreur » et la jurisprudence retient la bonne foi, ou non, et la proportionnalité d’une erreur par rapport à l’ensemble des faits. « Ma conclusion est que, sur la base du droit international, l’erreur ne constitue pas une défense pour l’Iran », a souligné Agnès Callamard, en précisant que Téhéran n’avait pas répondu à ses questions pour son enquête.
Les experts indépendants de l’ONU sont rattachés au Conseil des droits de l’homme mais leur avis n’engage pas l’organisation.
L’armée iranienne avait reconnu le 11 janvier 2020 avoir abattu « par erreur » trois jours plus tôt un Boeing 737 assurant un vol d’Ukraine International Airlines entre Téhéran et Kiev peu après son décollage.
Les 176 personnes à bord de l’appareil, en majorité des Iraniens et des Canadiens, pour beaucoup binationaux, avaient péri et Téhéran a annoncé fin 2020 le versement de 150.000 dollars à chacune des familles des victimes.
Le 8 janvier 2020, les défenses aériennes d’Iran étaient en état d’alerte maximale par crainte d’une attaque américaine, après des tirs par Téhéran de missiles sur une base utilisée par l’armée américaine en Irak, en riposte à l’élimination le 3 janvier à Bagdad, du général iranien Qassem Soleimani.
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