Le soulèvement national du peuple iranien est entré dans son quatrième mois, malgré les tentatives du régime pour le réprimer. La poursuite de ces protestations indique que ce mouvement est organisé, et effectivement, la situation ne sera plus jamais la même en Iran. La révolution en marche a dévoilé le vrai visage d’un régime moribond et fragile. Pour éclairer la situation actuelle en Iran et évaluer les perspectives de ce soulèvement, plusieurs politiciens et personnalités suisses se sont réunis autour d’une table ronde avec Mohammad Mohadessine, président de la Commission des Affaires étrangères du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI). La première partie des questions et réponses de cette réunion :
Q : Quelles sont les perspectives des manifestations en cours en Iran que beaucoup considèrent comme un soulèvement ? Pourquoi le soulèvement a pu persisté durant ces 100 derniers jours ?
R : L’Iran, sous le régime des mollahs, est le pays des violations des droits de l’homme, de la torture, des exécutions et le champ de la mort d’hommes, de femmes et d’enfants innocents. Rien que ces derniers jours, le régime a exécuté environ 18 personnes pour diverses charges. Rien qu’en décembre, le nombre d’exécutions a dépassé les 50. Le régime vise à intimider la société dans le but d’arrêter l’expansion du soulèvement.
Pourtant, le soulèvement s’est poursuivi au cours des 100 derniers jours, avec des slogans populaires tels que « Mort à Khamenei », « Mort au dictateur » et « Mort à l’oppresseur, que ce soit le Shah ou le chef [Khamenei] ». Au moins 750 manifestants ont été tués et l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) a publié les noms d’environ 600 d’entre eux. Au moins 65 victimes âgées de 2 à 18 ans ont été tuées et 30 000 manifestants ont été arrêtés.
Il a été récemment révélé que les gardiens de la révolution (IRGC) avaient reconnu qu’au cours des deux premiers mois de manifestations, 29 000 personnes avaient été arrêtées. Beaucoup d’entre eux sont des mineurs de moins de 18 ans. Plusieurs personnes arrêtées ont été condamnées à l’exécution pour avoir protesté et exigé un changement de régime.
Pourtant, malgré la répression, la société iranienne a poursuivi son soulèvement. Ces derniers jours, des cris de « mort à Khamenei » et de « mort au dictateur » ont été entendus dans les rues centrales de Téhéran, comme la rue Enghelab. Le quartier général de Khamenei n’est qu’à un kilomètre de là.
Je tiens à souligner deux forces motrices qui font que ces protestations se poursuivent. La première raison est l’état explosif de la société iranienne, laissant la majorité des gens frustrés. Une inflation élevée, atteignant parfois 100% pour certains articles, un chômage endémique et horrible, la corruption de l’État affectant tous les problèmes du pays et la discrimination envers les femmes et les minorités religieuses et ethniques ont créé une société explosive.
Deuxièmement, il y a une résistance organisée qui travaille dans différents domaines. D’une part, il aide la révolution sur le terrain et guide le soulèvement autant qu’il le peut, et il a joué un rôle sérieux jusqu’à présent. Le réseau des unités de résistance de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) a été un moteur majeur des manifestations, et ce fait a été reconnu par le régime. Par ailleurs, la Résistance iranienne a lancé une vaste campagne internationale en appuis au soulèvement.
Le régime doit se débarrasser de ces deux moteurs. Le régime clérical ne peut résoudre le mécontentement social. Car s’il veut régler ce problème, il doit mettre fin à la corruption, permettre un minimum de démocratie dans le pays, et reconnaître un minimum les droits des minorités. Mais elle ne peut accepter aucune réforme, car changer de comportement conduit à sa chute. Tout véritable combat contre la corruption ou établissement de relations normales avec l’Occident fera s’effondrer le régime de l’intérieur. En un mot, Téhéran ne peut pas éliminer le premier moteur des protestations.
Ainsi, il doit se concentrer sur l’oppression de la Résistance iranienne en plus de la répression générale des Iraniens. Téhéran tente d’anéantir l’OMPI et le Conseil national de la résistance iranienne en tant que mouvement de résistance organisé du pays. Les efforts du régime contre la Résistance se sont considérablement accrus tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Iran.
À l’intérieur du pays, toute personne affiliée à l’OMPI, y compris des sympathisants éloignés, est poursuivi ou contrôlé. Quiconque a une liaison avec l’OMPI est arrêté et sévèrement puni.
Khamenei a réitéré que ses forces ne devraient pas faire preuve de pitié envers les partisans de l’OMPI. Mais la campagne du régime contre la Résistance iranienne ne se limite pas aux frontières de l’Iran. Puisque Téhéran a de sérieux problèmes politiques tant sur le terrain que sur la scène internationale. Sur la scène internationale, sa campagne de diabolisation contre l’OMPI et le CNRI, en diffusant de fausses informations et une propagande insidieuse, s’est intensifiée au cours des quatre derniers mois.
Le régime a l’intention de tromper les Iraniens et, surtout, l’Occident sur le fait qu’il n’y a pas d’alternative en Iran et que la seule option est de retourner à la monarchie. Ce dernier n’a pas vraiment de perspective, et personne n’en veut, mais le régime essaie de l’induire en vilipendant le CNRI et l’OMPI. Par conséquent, il a mobilisé tout son pouvoir politique à cette fin.
Au cours des quatre derniers mois, le régime a activé ses cellules dormantes et ses agents à l’extérieur du pays, essayant d’intimider ou de soudoyer certains étudiants iraniens à l’étranger afin de poursuivre une campagne de diabolisation contre la Résistance iranienne. Je vais vous donner quelques exemples.
Par exemple, le régime essaie d’influencer les politiciens et les personnalités renommées soutenant la Résistance iranienne en utilisant une vaste propagande, généralement dissimulée sous le prétexte de la réaction « iranienne ».
Ces dernières semaines, nous avons eu des conférences dans les parlements de France, du Royaume-Uni, du Canada et de Belgique. Dans une tentative organisée, le régime a envoyé des milliers de courriels et de lettres aux participants et intervenants de ces conférences sous prétexte de « membres de la diaspora iranienne », ou parfois d’Iraniens de l’intérieur de l’Iran. Ils ont affirmé que l’OMPI n’est pas le représentant du peuple iranien, c’est une secte, ils ont tué des Kurdes et toutes sortes d’accusation que vous pouvez imaginer. Ils ont fait ces allégations contre l’OMPI dans leurs lettres, e-mails ou parfois lors de réunions avec ces parlementaires.
L’objectif du régime est d’empêcher l’OMPI et le CNRI d’obtenir plus de crédibilité, car s’ils le font, cela signifie qu’il existe une alternative au régime. C’est très dangereux pour le régime. Le régime a utilisé ses agents pour infiltrer les manifestations anti-régime à l’étranger tout en se présentant comme des dissidents. Mais leur véritable objectif est de scander des slogans contre l’OMPI ou d’empêcher les autres de scander des slogans radicaux contre le régime.
Par exemple, lors du plus grand rassemblement d’Iraniens jamais organisé, à Berlin le 22 octobre, des partisans de différents groupes, tels que les partisans de l’OMPI, ont participé en scandant des slogans tels que « Mort à Khamenei », « Mort au dictateur » et « Mort à l’oppresseur, que ce soit le Shah ou le chef ». Cela a rendu furieux le régime. Ainsi, il essaie d’empêcher une telle unité. Pourtant, il n’a pas réussi à arrêter le soulèvement.
Je veux conclure : d’abord, nous devons être vigilants sur les complots du régime. Deuxièmement, ce soulèvement se poursuivra malgré de nombreux bouleversements. La situation ne reviendra pas en arrière comme il y a quatre mois. Le régime n’est plus le même qu’il était en août 2022. Le régime clérical de 2023 est complètement différent de celui de 2022, ou précisément de septembre 2022. Le peuple iranien est différent de ce qu’il était en 2022. Il est déterminé à continuer à tout prix. Le régime continue son oppression, mais il ne peut pas arrêter le soulèvement.
Par ailleurs, la résistance organisée n’est plus dans la même situation qu’avant. Au cours des quatre derniers mois, de nombreux partisans de l’OMPI ont été arrêtés et certains ont été martyrisés, mais nous n’avons pas donné leurs noms. Pourtant, malgré ces difficultés, le nombre de personnes s’adressant à l’OMPI et à son réseau d’unités de résistance a augmenté. Aujourd’hui, je peux vous dire que ce réseau est plus fort que jamais, tant en qualité, qu’en quantité.
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