mardi 11 février 2025

Vidéo : Un historique des Moudjahidine du Peuple d’Iran (deuxième partie)

L’Ompi et la Révolution de février 1979
La Révolution de 1979 a marqué une rupture profonde avec l’ordre monarchique millénaire, promettant l’entrée de l’Iran dans l’ère démocratique. La dictature du chah venait d’être renversée par une révolution inédite et les attendes étaient grande pour un peuple qui avait tant sacrifié pour recouvrir sa liberté. L’enthousiasme et l’énergie libérée par la révolution auguraient une ère nouvelle de paix et de prospérité sociale. Le combat et les efforts entamés au début du siècle par les moudjahidine de la révolution constitutionnelle de 1906 portaient enfin leurs fruits, et l’aube d’une société nouvelle basée sur les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité pouvait enfin voir le jour.

Or, l’euphorie céda rapidement la place à la déception. Le projet de société démocratique et solidaire voulu par la Révolution de février a été dévoyé, et le clergé, dirigé par Rouhollah Khomeiny, chercha à appliquer sa propre vision du pouvoir par la force. Le renoncement au jeu démocratique et la monopolisation du pouvoir était désormais la ligne de conduite des islamistes qui prenaient le pouvoir pour la première fois dans le monde musulman.

Les Moudjahidines du peuple et l’ensemble des démocrates iraniens refusent de céder à la dérive totalitaire. Ils usèrent d’abord de moyens pacifiques pour freiner le fléau intégriste. Pour eux, l’étape de la construction de la nouvelle société des droits devait pouvoir se réaliser dans la consultation et la confrontation des idées. Et les urnes comme ultime arbitre pour assurer la paix sociale et la contribution de chacun au développement du pays. Pour l’Ompi ce n’est pas la conquête du pouvoir qui prévaut mais la préservation des libertés démocratiques acquises par la révolution de Février. Le jeune mouvement est convaincu qu’il faut jouer le jeu démocratique à fond et avec sincérité.

Malgré les nombreuses restrictions imposées à leurs activités par le nouveau régime, la popularité du mouvement va en grandissant. Les agressions, les humiliations et les provocations incessantes ne viennent pas à bout de la sérénité et de la retenue des jeunes sympathisants bien disciplinés. À l’élection présidentielle en 1980, Massoud Radjavi, le leader des Moudjahidine, alors âgé de 32 ans, est proposé comme « candidats de la jeune génération ». Une grande majorité des groupes politiques déclarent soutenir sa candidature. Un éventail impressionnant de partis politiques, notamment les Fédayins du Peuple, le Front démocratique national, les principaux mouvements de gauche, les associations des minorités religieuses, les kurdes et les autres minorités ethniques, de nombreuses personnalités et les membres de l’Association des écrivains iraniens, appellent à voter pour Massoud Radjavi.

Dans une interview avec le quotidien Keyhan, au lendemain de la révolution de février, ce dernier a déclaré: «Nous ne sommes pas venus endosser le statu quo… L’islam que nous prônons n’est pas celui qui restreint la liberté. Le caractère sacré des libertés doit être sauvegardé. Aussi nous devons nous respecter mutuellement et empêcher les divisions. »

L’Ompi était devenu l’avant-garde de l’opposition laïque et pacifique au régime islamiste, qui prend la menace au sérieux. Khomeiny qui voit lui échapper le monopole du pouvoir, édicte une fatwa annulant la candidature de Radjavi sous prétexte qu’il n’a pas voté pour la constitution du nouveau régime, qui consacre le principe du Velayat-é-faghih (ou le pouvoir absolu du guide suprême religieux) et ôte de ce fait la souveraineté du peuple dans le choix de son destin. Radjavi s’insurge contre des lois basées sur la charia réactionnaire et cruelle des mollahs qui discrimine la femme et légalise la lapidation et d’autres châtiments cruels.

Effrayé par la popularité grandissante de Massoud Radjavi, Khomeiny entre en scène quelques jours avant l’élection présidentielle pour barrer la route à sa candidature. Il proclame dans une rare fatwa politique que quiconque n’a pas voté pour la Constitution du Guide suprême, n’a pas le droit de participer à l’élection.

Quelques mois plus tard, des fraudes électorales massives empêchent même un seul candidat de l’OMPI d’être élu au parlement. Massoud Radjavi recueil cependant plus de 530 000 voix dans la capitale (25 % de l’ensemble des votes). Malgré l’ampleur des fraudes, les candidats des moudjahidines arrivent partout en seconde position. Avec le succès et la popularité grandissante de l’OMPI, l’hystérie et la violence du régime s’aggrave et atteint des proportions inégalées.

Mais malgré la violence et la brutalité des hordes armées en bande organisées qui terrorisent les démocrates à tous les meetings, malgré les fraudes électorales massives, malgré la monopolisation des médias et la censure, malgré les quelques 50 sympathisants de l’OMPI assassinés lâchement, l’Ompi s’illustra par sa retenue et son sens de discernement. Elle chercha à tout prix à éviter la confrontation violente. Allant jusqu’à fermer leurs bureaux à travers le pays pour ne pas donner d’alibi au pouvoir, les Moudjahidine ont joué la carte de l’apaisement jusqu’au bout, dessinant l’une des pages les plus brillantes de leur histoire. Comment retenir des dizaines de milliers de sympathisants qui se faisaient à longueur de journée humiliée et agressés par les hordes fanatisées du Hezbollah, comment garder le sang-froid face à une force aveugle qui se réclame de Dieu pour justifier sa violence.

Durant les années qui ont suivi l’arrivée de Khomeiny au pouvoir en 1979, la liberté a toujours été au cœur de la confrontation entre deux visions de l’islam : l’une démocratique et l’autre obscurantiste. L’une tolérante et réceptive aux valeurs nouvelles, l’autre crispée dans sa conception absolue de la vérité.

Khomeiny présente à l’été 1979 le principe du « pouvoir absolue du guide suprême religieux » qu’il a inscrit dans la nouvelle constitution. Les Moudjahidine du Peuple rejettent vigoureusement cet affront à la démocratie et boycottent le référendum censé le confirmer. En 1981, Khomeiny veut faire adopter le Code des châtiments islamiques par son parlement, l’OMPI intervient pour s’y opposer, le qualifiant d’anti-islamique et même inhumain. La confrontation entre ces deux camps défendant des valeurs totalement opposées en matière de philosophie, d’histoire, de culture et de politique fut continue durant les mois qui suivirent. L’un des clivages les plus important concernait la condition féminine. Pour les moudjahidine la démocratie passe inévitablement par l’égalité hommes-femmes ; ce qui fait la différence entre l’islam démocratique et l’islam intégriste, c’est la place de la femme dans la société et à sa direction politique.

Source : CNRI

 

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