jeudi 10 février 2022

Les femmes iraniennes défient quatre décennies de dictature religieuse

 CNRI Femmes – La révolution de 1979 en Iran a été l’un des plus grands et des plus magnifiques mouvements populaires de l’histoire des mouvements de libération qui ont mis fin à la dictature des Pahlavi. Avec le renversement du régime du chah, le peuple iranien, en particulier les femmes, a cherché à jouir de ses droits et libertés pour établir une nouvelle société. Mais Khomeiny a volé la direction de la révolution et en a détourné tous les objectifs.

Khomeiny a commencé son offensive contre les libertés des femmes iraniennes une semaine à peine après la Révolution de 1979, avec une répression de leurs droits. La discrimination sexuelle et la misogynie sont l’essence idéologique du régime fondé par Khomeiny. C’est pourquoi il s’est mis à agresser les femmes dès son arrivée au pouvoir.

Il a exprimé son idéologie en réponse à une journaliste qui lui demandait quel était le rôle des femmes dans un gouvernement islamique, en disant que ce n’était pas le moment de le dire. Peu après la révolution de 1979, il a révélé son véritable visage. Vous trouverez ci-dessous un bref historique des mesures prises au fil des jours par la dictature religieuse pour priver progressivement les femmes iraniennes de leurs droits :

  • – 26 février 1979 : Le bureau de Khomeiny annonce que la loi sur la protection de la famille va être abrogée. Légiférée sous le régime du chah, cette loi offrait quelques avantages limités aux femmes dans leur vie familiale.
  • Le 27 février 1979 : abrogation de la loi sur les services sociaux pour les femmes.
  • Le 28 février 1979 : La discrimination sexuelle est étendue au domaine du sport et les compétitions sportives féminines sont annulées les unes après les autres.
  • Le 2 mars 1979 : Les femmes sont exclues de la magistrature. Des centaines de femmes juges et stagiaires juridiques sont laissées dans l’incertitude.
  • Le 4 mars 1979 : Le droit au divorce est accordé exclusivement aux hommes, ce qui leur permet de décider unilatéralement du divorce à tout moment de leur choix.
  • Le 7 mars 1979 : Khomeiny lance une fatwa sur le voile obligatoire, obligeant les femmes qui travaillent dans les administrations publiques à se couvrir les cheveux au travail.
  • Le 22 mai 1979 : Une première femme est fouettée en public.
  • Le 12 juillet 1979 : Première exécution de trois femmes accusées d’avoir commis un vice.
  • Le 30 septembre 1979 : Une nouvelle loi qui remplace la loi sur la protection de la famille supprime les avantages limités accordés aux femmes par le chah.
  • 3 février 1980 : La première directive gouvernementale est publiée, obligeant les femmes médecins et infirmières à porter le voile au travail.

– 19 avril 1980 : Les chanteuses sont convoquées au tribunal, intimidées et humiliées, et privées à jamais de chanter en public.

– 29 juin 1980 : Pour la première fois, deux femmes sont lapidées à Kerman, dans le sud de l’Iran. Le verdict a été rendu avant même l’adoption, en 1982, de la loi inhumaine du talion par le parlement des mollahs (Majlis).

 

À la fin de 1981, la ségrégation entre hommes et les femmes dans les transports publics, les centres de loisirs, les plages et autres lieux publics se poursuit.

En 1983, l’âge légal du mariage pour les filles est abaissé à 9 ans. Il sera ensuite relevé à 13 ans.

En 1983, l'âge légal du mariage pour les filles est abaissé à 9 ans. Il sera ensuite relevé à 13 ans.

Selon l’article 1041 du Code civil réformé et modifié le 5 novembre 1991 :

Le mariage des filles avant leur 13e année solaire et des garçons avant leur 15e année solaire est subordonné à l’autorisation du tuteur, à condition qu’un tribunal qualifié le juge approprié.

Mais la répression des droits et libertés des femmes par Khomeiny a été une décision prise en connaissance de cause et délibérément, en prélude à la répression absolue des droits et libertés de chacun en Iran.

Selon l’article 102 de la loi répressive ratifiée en 1983, les femmes qui apparaissent en public et dans les rues sans le voile religieux sont passibles de 74 coups de fouet.

L’article 8 de la Constitution des mollahs a institutionnalisé le devoir de « promouvoir la vertu et de prohiber le vice ». En 2010, le président extrémiste des mollahs, Mahmoud Ahmadinejad, a mis davantage l’accent sur cette loi en la complétant par un projet de loi.

En 2010, une autre loi a été adoptée pour « diffuser la culture de la chasteté et du voile », selon laquelle au moins 26 organes gouvernementaux ont été chargés de faire respecter le voile obligatoire par les femmes iraniennes.

En 2014, le parlement des mollahs a adopté deux articles d’un nouveau projet de loi soutenant ceux qui font la promotion de la vertu et la prohibition du vice. Le reste du projet de loi a été adopté en 2016, donnant la priorité aux opinions du guide suprême des mollahs. Il a été facilement mis en œuvre. De telles législations ont préparé le terrain à des gangs liés au pouvoir qui ont vitriolé un grand nombre de femmes iraniennes sous prétexte qu’elles ne portaient pas correctement le voile.

En 2012, le régime a mis en œuvre un vaste plan dans toutes les universités, imposant des quotas pour l’admission des étudiantes. Selon ce plan, il était totalement interdit aux filles dans 77 domaines d’études. La même année, de nouvelles universités ont été construites pour faciliter la ségrégation sexuelle qui n’admettent qu’un seul genre.

À la mi-avril 2013, Khamenei a proposé un plan de hausse démographique du pays, en augmentant le taux de natalité moyen. Son parlement a suivi et a adopté une loi qui a ouvertement imposé de nouvelles restrictions à l’emploi des femmes et aux droits familiaux.

En janvier 2016, le parlement des mollahs a adopté un projet de loi pour protéger la chasteté et le voile. Selon ce nouveau projet de loi, les femmes ne peuvent être employées que dans des entreprises où leur lieu de travail est complètement séparé des hommes. En outre, les femmes ont été soumises à de nouvelles limites de temps limitant leur travail entre 7 heures du matin à 22 heures.

L’interdiction de voyager sans la permission du mari : Selon l’article 18 de la loi sur les passeports, les femmes ne peuvent pas obtenir de passeport ni voyager à l’extérieur du pays sans la permission écrite de leur mari. (Khabaronline.com, 16 septembre 2015)

 

Le régime clérical a créé d’innombrables restrictions dans tous les aspects de la vie des femmes, telles que l’interdiction du cyclisme féminin, l’interdiction de l’entrée des femmes dans les stades, la restriction des performances musicales des femmes sur scène et l’interdiction de chanter en solo pour les femmes.

Un ressort comprimé

Ces restrictions n’ont pas empêché les femmes iraniennes de se battre pour leurs droits.  Après quatre décennies d’oppression inhumaine, non seulement elles ne se sont pas tues, mais elles résistent de plus en plus chaque jour.

Au cours des deux ans et demi qui ont suivi la révolution, des dizaines de jeunes filles soutenant le mouvement d’opposition des Moudjahidines du peuple (OMPI/MEK) ont été tuées ou blessées lors d’attaques de matraqueurs soutenus par le gouvernement. Nassrine Rostami, Mehri Saremi, Sima Sabbagh, Fatemeh Rahimi, Somayeh Noghreh-Khaja et Fatemeh Karimi étaient des lycéennes qui ont perdu la vie dans ces attaques.

Le 20 juin 1981, lorsque Khomeiny a ordonné à ses gardiens de la révolution d'ouvrir

Le 20 juin 1981, lorsque Khomeiny a ordonné à ses gardiens de la révolution d’ouvrir le feu sur la manifestation pacifique d’un demi-million de personnes à Téhéran, les femmes ont choisi l’honneur de résister au lieu de se soumettre. Le régime clérical a déclenché ses exécutions de masse le jour-même. La première série d’exécutions concernait des lycéennes de 16 et 17 ans qui n’avaient même pas donné leur nom.

Lors du massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988, les femmes membres de l’OMPI ont été pendues par groupes entiers. Elles ont été violentées et torturées. Des femmes enceintes ont été exécutées et des jeunes filles vierges ont été violées avant leur exécution. Des enfants ont été torturés et tués sous les yeux de leur mère. Des femmes ont été mutilées et d’autres ont été enfermées accroupies de longs mois dans des cellules d’isolement si étroites qu’on les appelait des cages. Des femmes âgées étaient toutes exécutées. Tout cela n’était qu’une petite partie du sexisme hystérique des mollahs à l’encontre des femmes de l’OMPI.

Manifestations et soulèvements en 1999, 2009 et 2017

Manifestations et soulèvements en 1999, 2009 et 2017

En 1999, le soulèvement des étudiants a de nouveau éclaté dans tout l’Iran. De nombreuses étudiantes ont donné une nouvelle leçon de résistance aux mollahs. Une étudiante du nom de Fereshteh Alizadeh, a été tuée lors des manifestations.

En outre, lors du soulèvement de 2009, plusieurs femmes ont été blessées et tuées, comme Neda Agha Sultan qui est morte innocente et qui est devenue un symbole de la pureté et d’innocence des femmes iraniennes lors des soulèvements.

En janvier 2018, les femmes ont joué un rôle de premier plan dans la formation des mouvements populaires. Des étudiantes scandaient lors d’une manifestation de janvier : « Réformateurs, conservateurs : le jeu est terminé », visant la dictature religieuse, un slogan qui a mis un terme à toutes les revendications réformatrices d’Hassan Rohani et de ses factions affiliées. Après les soulèvements de janvier 2017, une vague d’arrestations a commencé. Plus de 500 filles et jeunes femmes ont été arrêtées pour avoir participé aux soulèvements de janvier 2018.

Manifestations en novembre 2019 et janvier 2020

Manifestations en novembre 2019 et janvier 2020

Les responsables et les autorités du régime ont reconnu le rôle remarquablement actif et le leadership des femmes dans le soulèvement de novembre en déclarant que « dans de nombreux endroits, en particulier dans les banlieues de Téhéran, les femmes de 30 à 35 ans semblent avoir joué un rôle particulier dans les émeutes et les troubles. La direction par les femmes dans les émeutes est remarquable ».

Mme Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) a fait l’éloge des femmes et déclaré : « Les femmes sont activement impliquées dans la direction et le soutien. Nous avons déjà dit que les femmes sont la force du changement et qu’elles vaincront la dictature religieuse. »

Le 15 décembre 2019, la Résistance iranienne a annoncé que plus de 1 500 personnes avaient été tuées par les forces de sécurité lors des manifestations de novembre. Puis, le 23 décembre, l’agence de presse Reuters a confirmé de sources au sein du régime iranien que 400 femmes et 17 adolescents figuraient parmi les morts et les personnes assassinées.

400 femmes et 17 adolescents figuraient parmi les morts et les personnes assassinées

Par ailleurs, lors du soulèvement de janvier 2020, des étudiantes ont protesté contre les tirs de missiles des pasdarans sur un avion de ligne ukrainien tuant plusiuers étudiants à bord de cet appareil. Elles scandaient : « Commandant en chef, démission ! Démission ! »

Le site du Guardian a également fait état du rôle prépondérant des femmes dans les rassemblements antigouvernementaux en Iran.

L’article fait référence au rôle de premier plan des femmes et mentionne que de nombreux groupes se sont rassemblés sur la place centrale Azadi de Téhéran dimanche soir, portant des masques et des foulards pour cacher leur identité, et ont affronté la police anti-émeute et des agents en civil.

A présent, les femmes iraniennes, avec leur leadership courageux et leur bravoure dans les manifestations, continuent jusqu’au renversement de toute la théocratie misogyne des mollahs et la chute de leur dictature absolue pour être effacées de l’histoire de l’Iran.

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