lundi 30 décembre 2024

La détention d’une journaliste italienne en Iran et la diplomatie des otages

 Une journaliste italienne, Cecilia Sala, est détenue en Iran depuis plus d’une semaine dans des circonstances obscures, déclenchant une condamnation internationale et des allégations de « diplomatie des otages » de la part du régime iranien. Sala, une journaliste de 29 ans du quotidien italien Il Foglio et de la société de podcast Chora Media, a été arrêtée le 19 décembre à Téhéran alors qu’elle effectuait un reportage avec un visa de journaliste valide.

Sala est actuellement détenue à l’isolement dans la tristement célèbre prison d’Evine à Téhéran. Les responsables italiens, dont le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, ont qualifié sa détention d’« inacceptable » et ont confirmé que Sala était en bonne santé à la suite d’une visite consulaire de l’ambassade d’Italie en Iran, Paola Amadeï.

Le 28 octobre, l’agence de presse officielle iranienne Asr Iran a rapporté que les autorités iraniennes n’avaient pas encore réagi à l’arrestation du journaliste italien. Selon la source, la police italienne a arrêté Mohammad Abedini Najafabadi, 38 ans, à l’aéroport de Milan à la demande des États-Unis, tandis que Mehdi Mohammadsadeghi, 42 ans, a été arrêté dans le Massachusetts. Selon l’agence de presse Tasnim, leurs arrestations sont liées à une attaque de drone qui a eu lieu le 28 janvier 2024 en Jordanie par des groupes armés irakiens qui ont tué trois soldats américains et en a blessé 47 autres. Le FBI affirme que les deux ont fourni le matériel utilisé dans l’attaque.

L’arrestation de Sala a suscité de vives critiques de la part d’organisations de défense des droits de l’homme, notamment Reporters sans frontières (RSF) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Toutes deux ont qualifié la détention d’arbitraire et exigé sa libération immédiate. RSF a noté : « Sala est entrée en Iran avec un visa valide et a été détenue sans aucune justification légitime. »

Des observateurs craignent que son arrestation soit liée aux tensions diplomatiques actuelles entre le régime et l’Italie. Quelques jours avant l’arrestation de Sala, les autorités italiennes avaient arrêté un ressortissant iranien, Mohammad Abedini, accusé d’avoir transféré à l’Iran une technologie de drone sensée, en violation des sanctions internationales. Les analystes spéculent que la détention de Sala pourrait être une tentative de Téhéran de faire pression sur l’Italie pour qu’elle arrête l’extradition d’Abedini vers les États-Unis.

Cette arrestation a été comparée à la pratique de longue date de l’Iran consistant à utiliser les étrangers détenus comme levier dans les négociations avec les pays occidentaux. Anthony Bellanger, secrétaire général de la FIJ, a condamné cette tactique, déclarée : « Nous déplorons la tactique de l’Iran consistant à emprisonner des journalistes étrangers afin d’obtenir quelque chose en retour. Notre collègue italienne Cecilia Sala, qui était dans le pays en mission, est la dernière victime de cette pratique macabre. Nous appelons la communauté internationale à faire pression sur les autorités iraniennes pour qu’elles libèrent immédiatement le journaliste. »

Cette forme de diplomatie des otages n’est pas nouvelle. Parmi les exemples récents, citoyens l’échange de prisonniers de 2023, où Téhéran a libéré le travailleur humanitaire belge Olivier Vandecasteele en échange d’Assadollah Assadi, un terroriste condamné à 20 ans de prison en Belgique pour avoir planifié l’attentat à la bombe de 2018 lors d’un rassemblement annuel du CNRI en France. De même, en 2024, le régime a obtenu la libération d’Hamid Noury, un violeur de graves droits de l’homme condamné en Suède pour son rôle dans l’exécution massive de milliers de prisonniers politiques en 1988. Noury a été échangé contre Johan Floderus, un diplomate suédois, et Saeed Azizi, un ressortissant irano-suédois.

Le ministère italien des Affaires étrangères a assuré au public qu’il poursuivait ses efforts pour obtenir la libération de Sala. Bien que les autorités iraniennes n’aient pas encore fourni d’explication officielle à son arrestation, l’Italie fait pression sur Téhéran pour obtenir des réponses. La famille de Sala n’a pu communiquer avec elle que deux fois depuis sa détention.

Cet incident survient à un moment où le régime iranien est confronté à une dissidence interne croissante et à une instabilité régionale. L’article le plus récent de Sala examine les conséquences pour le pouvoir iranien du déclin de Bachar al-Assad, principal allié de Téhéran en Syrie.

L’arrestation de Sala met en évidence la dégradation de la situation des droits de l’homme dans le pays et le recours à des tactiques répressives pour contrer la pression internationale. Le moment et les circonstances de sa détention entraînent une escalade dans l’utilisation par le régime clérical des ressortissants étrangers comme monnaie d’échange dans les impasses diplomatiques, en particulier alors que Téhéran fait face à des sanctions et à un isolement s’accumule.

La politique de prise d’otages et de terreur a été menée par la dictature cléricale depuis des décennies constitue un autre rappel sinistre de sa nature répressive et déstabilisatrice. Le régime reste une menace non seulement pour le peuple iranien, qui subit son régime répressif, mais aussi pour les citoyens étrangers qui risquent de devenir des pions dans ses manœuvres politiques.

Source: NCRI 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire