mardi 15 avril 2025

Révélations choquantes supplémentaires sur le massacre des prisonniers politiques en 1988 en Iran

 D’après les propos de l’ayatollah Montazeri, alors successeur désigné de Khomeiny, s’adressant à la « commission de la mort » :

• Révélation de nouveaux aspects du génocide visant les Moudjahidine du peuple et des exécutions de membres d’autres groupes politiques sur ordre de Khomeiny.
• 300 femmes Moudjahidine du peuple capturées lors de l’opération Lumière éternelle, dont deux Françaises, ont été exécutées en une seule fois.
• Ahmad Khomeiny a déclaré qu’il fallait exécuter 10 000 lecteurs de la presse des Moudjahidine du peuple.
• La dictature religieuse est désormais répugnante aux yeux du peuple et la population n’en veut plus.

La publication d’un nouvel enregistrement audio de la deuxième rencontre de l’ayatollah Montazeri, alors successeur de Khomeiny, avec les membres de la commission de la mort sur le massacre des prisonniers politiques en 1988 en Iran, dévoile encore plus de vérités bouleversantes sur ce crime majeur (diffusé par la BBC dans la soirée du 14 avril 2025).

En août 2016, un enregistrement sonore de la première rencontre de M. Montazeri avec la commission de la mort (datée du 15 août 1988) avait déjà révélé des faits effrayants concernant ce que Montazeri qualifiait de « plus grand crime de l’histoire de ce régime ».

Le nouvel enregistrement, qui ne concerne qu’une partie de la seconde rencontre de M. Montazeri avec la commission de la mort – dont certains passages ont été supprimés – expose d’autres dimensions du génocide visant les Moudjahidine du peuple et des exécutions d’autres groupes politiques, toutes cruellement ordonnées par Khomeiny. Il apporte aussi un témoignage éclatant sur la fidélité historique des Moudjahidines du peuple à leur engagement, et sur la légitimité de la juste résistance contre la dictature religieuse honnie.

1. Montazeri souligne dans cet enregistrement la responsabilité d’Ahmad Khomeiny et du ministère du Renseignement dans le massacre des prisonniers politiques. Il rappelle qu’Ahmad Khomeiny lui avait dit : « C’est toi-même qui m’as dit que ces hypocrites [terme péjoratif pour désigner les Moudjahidine du peuple (OMPI)], les 10 000 qui lisaient leurs tracts, il fallait tous les exécuter. » Lors de la première rencontre, Montazeri avait déjà précisé : « Le (ministère du) renseignement soutenait [le massacre], y avait investi, et Ahmad lui-même disait depuis trois-quatre ans que même les lecteurs de journaux, de revues ou de tracts des Moudjahidine, devaient tous être exécutés. »

2. Autre vérité soulignée par Montazeri : le rejet du régime du guide suprême par la population. Il dit : « Le régime du guide suprême est devenu franchement répugnant pour le peuple, les gens en ont assez (…) Les familles des gens que nous avons exécutés disent maintenant : « Finalement, les Moudjahidine disaient vrai « . Si on les avait attirés avec patience, tolérance, bienveillance et des choses de ce genre, leur nombre aurait diminué. Mais là, on ne fait que les renforcer. »

3. Dans l’enregistrement, il évoque également les jeunes femmes Moudjahidine du peuple capturées lors de l’opération Lumière éternelle de l’Armée nationale de libération iranienne (ALNI) dans la province de Kermanchah : « Monsieur Khalkhali était assis là, il a dit qu’ils avaient amené 300 filles qui étaient à Mersad (Mersad est dans la région de Bakhtaran), deux d’entre elles étaient françaises. Justement, Khalkhali a dit : “J’y étais. J’ai dit : Exécutez-les toutes (…) sauf les deux Françaises. Je leur ai dit : Ces deux filles-là, ne les exécutez pas, elles sont françaises ! Je leur ai dit : Mais ils ont répondu non. On les a exécutées. Vous avez vu tout ce que le gouvernement français et les radios étrangères ont dit après ? J’ai même lu quelque part qu’un comité avait été formé en France pour enquêter… Cette femme, elle a été capturée à Mersad, on lui a tiré une balle : pan ! Voilà. On avait ces deux filles françaises, vous imaginez ce qu’on aurait pu échanger avec la France ? Des prisonniers, ou je ne sais pas quoi…” »

4. La rage et la haine bestiale du régime misogyne des mollahs contre les femmes Moudjahidine apparaissent clairement dans un autre exemple évoqué par M. Montazeri. Il raconte : « Un soir, Eslami de Chiraz a apporté un dossier concernant une jeune fille à Téhéran (…) Il a apporté son testament (…) Cette fille avait écrit à ses parents : Ne soyez pas tristes, la vie passe… Elle faisait référence je ne sais pas, au Coran, au Nahj al-Balagha [recueil de discours du premier Imam chiite Ali, gendre du Prophète], etc. Je lui ai demandé si cette fille avait un antécédent par exemple d’homicide ou quelque chose du genre. Il m’a dit : “Non, elle était simplement sympathisante.” Et pourtant, tout son testament brillait de lumière (…) Or selon la loi islamique, si une fille, une femme ne croit ni en Dieu, ni dans le Prophète, ni au Coran, elle est considérée comme apostate – mais même dans ce cas, on ne peut pas la tuer (…) Et là, cette fille croit en Dieu, au Prophète, au Coran, elle croit en tout, elle dit seulement : Cette République islamique ne correspond pas à ma vision. Peut-on l’exécuter pour ça ? Est-ce cela, la jurisprudence ? »

5. Montazeri, même dans le cadre de la jurisprudence islamique reconnue par le régime, exprime de sérieux doutes quant à l’exécution des femmes accusées de moharebeh (hostilité envers Dieu). Il déclare : « J’ai même des doutes juridiques en ce qui concerne les femmes et les jeunes filles. Ibn Idris (un juriste chiite) affirme qu’on ne peut pas exécuter une femme accusée de moharebeh. En plus, beaucoup d’entre elles n’étaient même pas mohareb. Le mohareb, c’est quelqu’un qui prend les armes. Beaucoup d’entre elles, en réalité, avaient seulement lu des tracts, et s’étaient retrouvées en prison. »

6. Il est notable que Montazeri révèle ces faits alors qu’il était encore officiellement le successeur de Khomeiny, et n’avait pas encore été destitué. Cependant, malgré ses critiques, il continuait de défendre la légitimité du régime dans son ensemble. Même dans les solutions qu’il proposait, il insistait sur son objectif : sauver le système et préserver l’image de Khomeiny.

Montazeri considérait même justifiable l’exécution de 100 membres organisés de l’OMPI s’étant structurés en organisation dans les prisons, et il disait que c’était permis et a déclaré : « Ils ont ruiné notre réputation dans le monde entier, la communauté internationale nous a tellement condamnés, toutes les familles sont en deuil, bouleversées. La solution, c’était ce que j’avais proposé ce jour-là [lors de la première rencontre avec la commission de la mort]. Ceux qui s’étaient structurés en organisation en prison, ou étaient en contact avec elle, ils étaient jugés par Eshraqi, puis condamnés, disons 100 personnes. Ensuite, ces 100-là étaient exécutées, et on l’annonçait publiquement : voilà ce qu’ils ont fait, voilà leur sentence (…) Mais là, on a agi d’une manière totalement contraire à toute logique et à toute loi religieuse.»

Montazeri a ajouté : « J’aurais voulu que le visage du régime du guide suprême reste respecté, avec la sainteté qu’il avait au début, quand M. Khomeiny est arrivé en Iran. Il était porteur d’espoir pour tout le monde, on l’aimait tous. On voulait qu’il reste ainsi. »

Ainsi, même si c’est tardif et limité, la publication de ce deuxième enregistrement de Montazeri met en lumière d’autres aspects du massacre des prisonniers politiques. Un crime majeur que le professeur Javaid Rehman, rapporteur spécial des Nations Unies, a récemment qualifié dans son dernier rapport de crime contre l’humanité et de génocide contre l’OMPI.

La Commission judiciaire du Conseil national de la Résistance iranienne insiste sur la nécessité de juger tous les responsables de ce massacre, en rappelant qu’aucun des dirigeants, ni Khomeiny, ni Khamenei, ni aucun des commanditaires ou exécutants ne peut échapper aux conséquences de ce crime contre l’humanité, sous aucun prétexte.

Le rapport du professeur Javaid Rehman souligne : « Le nombre d’acteurs impliqués dans ces crimes est très important : dirigeants, juges religieux, procureurs, représentants du ministère du Renseignement, membres de la “Commission de la mort” et leurs facilitateurs – gardiens de prison, membres du Corps des gardiens de la révolution, et tous ceux qui ont participé à la commission de ces crimes selon le droit international, ou à leur dissimulation continue. »

Il a ajouté que beaucoup de ces individus « sont toujours en poste à des niveaux élevés. Ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité et autres crimes de droit international dans les années 1980 doivent être tenus pour responsables. L’impunité doit cesser dans la République islamique d’Iran. »

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