Selon les données publiées pour l’automne 1403 (fin 2024), la participation des femmes iraniennes au marché du travail n’est plus que de 14,7 %, le chiffre le plus bas enregistré ces dernières années. Cela représente une diminution de 1,1 point de pourcentage par rapport à l’année précédente et met en évidence un fossé croissant entre les sexes au sein de la main-d’œuvre iranienne.
Un rapport du Centre de statistique et de recherche de l’Université Tarbiat Modares révèle que le taux global de participation économique — une mesure clé de l’activité sur le marché du travail — a également légèrement diminué, atteignant 41,3 %, soit 0,5 % de moins que l’année précédente. Toutefois, la baisse chez les femmes a été beaucoup plus prononcée.
Écart croissant entre les sexes chez les jeunes
La disparité entre les sexes est particulièrement évidente chez les jeunes iraniens. Dans le groupe d’âge de 20 à 24 ans, l’écart entre les sexes en ce qui concerne la participation au marché du travail est actuellement de 21,1 %. Le chômage touche de façon disproportionnée les jeunes femmes : 29,2 % des femmes de ce groupe d’âge sont au chômage, contre 18,9 % des hommes.
De même, le taux de chômage des femmes âgées de 25 à 29 ans est de 26,7 %, alors que celui des femmes iraniennes âgées de 30 à 34 ans est de 20,6 %, soit près de trois fois plus élevé que le taux de chômage de 7 % des hommes du même groupe.
Une anomalie mondiale
Avec seulement 14,4 % des femmes iraniennes considérées comme économiquement actives, l’Iran est nettement en retard sur la moyenne mondiale de 49 %. En fait, à l’exception de l’Afghanistan et de l’Iraq, l’Iran a le taux le plus faible de participation économique des femmes dans la région.
Les experts attribuent ce déclin alarmant à plusieurs facteurs, dont la rareté des lieux de travail adaptés aux besoins des femmes, la réticence des employeurs à embaucher des femmes et la désillusion généralisée parmi les femmes quant à la possibilité de trouver un emploi convenable et digne. Nombre d’entre eux ont quitté le marché du travail, ce qui a contribué à creuser l’écart entre les sexes en matière d’emploi. Actuellement, les hommes sont 5,6 fois plus susceptibles d’être employés que les femmes en Iran.
Disparités régionales
Les statistiques provinciales révèlent des inégalités flagrantes. Au Kurdistan, la participation des femmes à la population active est aussi faible que 3,5 pour cent, tandis qu’Alborz rapporte le taux le plus élevé à 26,8 pour cent. À Téhéran, le taux est de 19,1 %, légèrement supérieur à la moyenne nationale, tandis que le Khorassan-e Razavi (13,1 %) et l’Ispahan (8,4 %) sont en dessous. À Qom, 20,7 % des femmes travaillent plus de 49 heures par semaine, ce qui reflète à la fois les pressions économiques et les déséquilibres du marché du travail.
Modèles d’emploi sectoriels
L’emploi des femmes iraniennes est fortement orienté vers le secteur des services. Parmi les femmes économiquement actives :
- 61,3 pour cent travaillent dans les services,
- 25,5 % dans l’industrie,
- 13,1 % dans l’agriculture.
Cela signifie que la proportion de femmes dans le secteur des services est 48,2 % plus élevée que dans l’agriculture et 35,8 % plus élevée que dans l’industrie.
Cependant, de nombreuses femmes instruites sont de plus en plus exclues du marché formel de l’emploi et se retrouvent dans des emplois précaires ou informels. L’augmentation du nombre de femmes qui se livrent à la vente ambulante, aux services d’auto-assistance et à la publicité en ligne illustre le décalage entre le niveau de scolarité des femmes et les possibilités d’emploi disponibles.
Obstacles structurels et culturels
L’économie iranienne est fortement axée sur le capital, avec un accent limité sur les ressources humaines, ce qui marginalise davantage la participation des femmes iraniennes. Sans capitaux suffisants ou perspectives de carrière claires, beaucoup de femmes — surtout les jeunes — sont incapables ou ne veulent pas rester sur le marché du travail, ce qui entraîne une augmentation de la pauvreté féminine. Les données statistiques montrent que les ménages dirigés par des femmes ont le taux de pauvreté le plus élevé en Iran.
Les ralentissements économiques ne font qu’exacerber ce problème. En période de récession et d’inflation, les femmes sont souvent les premières à être mises à pied, car les entreprises privilégient l’emploi masculin conformément aux normes patriarcales et à la propagande de l’État qui renforce les rôles traditionnels des sexes.
Entre 2019 et 2022, la présence des femmes iraniennes dans les postes de direction et l’emploi formel a fortement diminué, soulignant le caractère systémique de leur exclusion.
Le mariage semble également être un tournant dans la participation des femmes iraniennes au marché du travail. De nombreuses femmes quittent leur emploi après le mariage en raison des attentes sociales et des messages de l’État qui donnent la priorité aux hommes comme soutiens de famille et relèguent les femmes à la sphère domestique.
Perspectives sombres
Alors que le marché du travail iranien lutte contre la stagnation et l’inflation, les perspectives d’emploi des femmes restent sombres. La combinaison des difficultés économiques, de l’inégalité des sexes profondément enracinée et du manque de soutien politique a jeté une ombre d’incertitude sur l’avenir du travail des femmes iraniennes.
Si les tendances actuelles se poursuivent, on s’attend à ce que le taux de décrochage scolaire des filles augmente dans les années à venir en raison du manque de motivation et de la diminution de l’espoir d’un avenir professionnel stable et significatif.
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