mercredi 9 avril 2025

L’augmentation alarmante des exécutions en Iran : le rapport d’Amnesty International révèle les abus généralisés de la peine de mort

 Le rapport d’Amnesty International sur les condamnations à mort et les exécutions de 2024 dresse un tableau sombre et troublant du recours à la peine capitale par la République islamique d’Iran. Avec au moins 972 exécutions, 2024 a marqué le plus grand nombre d’exécutions enregistrées en Iran depuis 2015, ce qui représente une augmentation de 14 % par rapport à l’année précédente et 64 % de toutes les exécutions connues dans le monde.

Cette augmentation n’était pas seulement numérique, mais elle reflétait une politique plus large de violence d’État, de répression et d’injustice systémique. Selon Amnesty, plus de la moitié de ces exécutions (52 %) ont été commises pour des infractions liées à la drogue, malgré l’interdiction claire du droit international d’utiliser la peine de mort pour des crimes qui ne répondent pas au seuil des « crimes les plus graves ».

Un outil de répression et de contrôle

Les autorités iraniennes ont continué d’utiliser la peine de mort comme arme politique pour réprimer la dissidence et imposer la conformité idéologique. Le régime a ciblé les manifestants, les dissidents, les défenseurs des droits de l’homme et les minorités ethniques, en particulier dans la foulée du soulèvement Femme, vie, liberté qui a balayé le pays de septembre à décembre 2022.

En 2024, au moins deux personnes ont été exécutées dans le cadre d’accusations liées à des manifestations, dont l’une avait un handicap mental. Ces exécutions ont fait suite à des procès manifestement inéquitables et étaient fondées sur des aveux probablement obtenus sous la torture ou d’autres mauvais traitements. Plusieurs autres manifestants sont restés dans le couloir de la mort à la fin de l’année.

Le régime a également intensifié sa répression contre les militantes des droits des femmes en prononçant des condamnations à mort pour des motifs politiques. Dans une escalade effrayante, Sharifeh Mohammadi, une éminente défenseuse des droits des femmes, a été condamnée à mort en juin 2024, suivie par le travailleur humanitaire kurde Pakhshan Azizi en juillet.

Les minorités et les ressortissants étrangers dans la ligne de mire

Les minorités ethniques et religieuses ont subi le poids disproportionné des exécutions en Iran. Les Baloutches, qui représentent environ 5 % de la population, ont représenté au moins 10 % des exécutions. Entre-temps, les ressortissants afghans et les personnes d’origine afghane ont également été gravement touchés : les exécutions sont passées de 25 en 2023 à 80 en 2024, avec près de la moitié des condamnations pour des infractions liées à la drogue. Amnesty attribue cette augmentation, en partie, à une escalade de la rhétorique xénophobe et au traitement discriminatoire des réfugiés afghans par les autorités iraniennes.

Enfants condamnés à mort

L’Iran continue de violer ouvertement le droit international en exécutant des personnes pour des crimes commis lorsqu’elles étaient mineures. En 2024, au moins quatre de ces exécutions ont été enregistrées et Amnesty International rapporte que de nombreux autres mineurs sont restés dans le couloir de la mort.

Procès injustes, aveux forcés et tribunaux révolutionnaires

De nombreuses exécutions en Iran font suite à des procès qui violent les normes internationales relatives aux procès équitables. Les procès se déroulent souvent devant des tribunaux révolutionnaires, notoires pour leur manque d’indépendance et leur recours à des aveux forcés. Ces tribunaux fonctionnent sous l’influence directe des services de sécurité et de renseignement iraniens, ce qui en fait des instruments d’oppression étatique plutôt que des instruments de justice.

Les accusations qui conduisent à des condamnations à mort sont souvent vagues et politiquement motivées, y compris des accusations telles que « l’inimitié contre Dieu » (moharebeh), « la corruption sur terre » (efsad-e fel-arz) ou « des actes contre la sécurité nationale ». Ces accusations permettent au régime de criminaliser la dissidence et de supprimer les libertés fondamentales en toute impunité.

Conclusion

Les conclusions d’Amnesty International révèlent une triste réalité : l’utilisation de la peine de mort par l’Iran n’est pas une question de justice, mais plutôt de pouvoir, de contrôle et de peur. Par des exécutions systématiques, souvent après des procès grossièrement injustes, le régime iranien cherche à faire taire l’opposition et à consolider son emprise sur la société.

La communauté internationale ne doit pas rester silencieuse. Le recours croissant à la peine de mort, en particulier contre les manifestants, les femmes activistes, les minorités et les enfants, exige une condamnation mondiale unifiée et urgente. La responsabilité pour ces violations n’est pas seulement une obligation légale mais un impératif moral.

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