Reporters sans frontières (RSF) a condamné avec fermeté, dans un communiqué, la nouvelle vague de répression contre les journalistes. Depuis le 2 novembre 2015, au moins quatre professionnels des médias ont été arrêtés, plusieurs autres ont été convoqués et menacés par les agents des services de renseignement des pasdaran.
Alors que les agents en civil des Gardiens de la révolution ont arrêté quatre journaliste et les ont transférés vers un lieu inconnu, le même jour, les organes de presse des pasdaran,Tasnim et farsnewes, ont annoncé une nouvelle fois avoir démantelé « un réseau d’infiltration lié aux Américains dans les médias iraniens. »
Ces arrestations surviennent après plusieurs discours d’Ali Khamenei, notamment le 16 septembre devant les commandants des pasdaran, l’armée d’élite du régime islamique, dans lesquels il met en garde contre l’infiltration "politique et culturelle" des Etats-Unis.
Afarine Chitsaz, journaliste pour le quotidien Iran, Ehssan Mazndarani, directeur du quotidien Farhikhteghan, Saman Safarzai , journaliste pour le mensuel Andisher poya et Issa Saharkhiz, journaliste indépendant de renommée, directeur de plusieurs journaux réformateurs ont également été arrêtés le 2 novembre 2015, à leur domicile par les agents de service de renseignement des Gardiens de la révolution.
Bien que le motif de ses arrestations n’a pas été officiellement annoncé, les médias des pasdaran, notamment le quotidien Tasnim, et l’agence de presse Farsnews et la radio-télévision iranienne ont diffusé, avant même que leur famille confirment l’information, en faisant référence à leurs précédentes arrestations en 2009 et aux charges contre eux parmi lesquelles le fait d’être « impliqué dans un projet d’infiltration ennemi, d’action contre la sécurité nationale et de relations avec des journalistes étrangers ».
Ce n’est pas la premières fois que des journalistes iraniens sont victimes de la paranoïa du guide suprême du régime islamique et des règlements de compte que se livrent au sommet du pouvoir les différentes factions du régime. Le 20 avril 2000, il avait ainsi donné l’ordre de recourir à la répression contre la presse réformatrice apparue en 1997, au lendemain de l’élection du président Khatami. Depuis, plus de 300 de ces médias désignés comme “base opérationnelle des ennemis étrangers à l’intérieur du pays.” ont été fermés, des milliers de pages censurées, et plus de 500 journalistes et net-citoyens ont été arbitrairement arrêtés, torturés et condamnés à de très lourdes peines.
Ces scénarios paranoïaques de découverte “d’espions” et “de réseaux d’espionnage”, juste à l’approche d’élections sont devenus tragiquement comiques. Les autorités iraniennes, notamment le guide suprême, doivent mettre fin à ces atteintes flagrantes à la liberté de l’information qui contreviennent à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel l’Iran est partie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire