CNRI Femmes – Quelque 120 travailleuses sont employés à Safireh, un site de tri d’ordures à Ahwaz dans le sud-ouest de l’Iran. La majorité des travailleuses de Safireh sont chefs de famille et risquent de se blesser et de contracter des maladies.
Les femmes qui travaillent à Safireh ont des tuteurs délinquants, ou pas de tuteur du tout, et sont confrontées à des montagnes de problèmes.
Un entrepreneur est sélectionné chaque année pour trier les déchets sur ce site. L’entrepreneur qui remporte le contrat est responsable du paiement des salaires de ses travailleurs. Toutefois, en raison de problèmes financiers et de désaccords avec le gouvernement, les entrepreneurs ne versent pas de salaires la plupart des mois de l’année. En fait, les travailleuses de ce site de tri des ordures paient le prix des désaccords entre l’entrepreneur et les autorités.
Les travailleuses de Safireh sont pour la plupart des chefs de famille et travaillent 8 heures par jour dans la décharge pour gagner leur vie. Elles reçoivent un salaire de 2 millions de tomans par mois. Or, « le seuil de pauvreté en Iran est de 9 millions de tomans » (Journal Jahan-e San’at – 2 juin 2020).
Les ouvrières du site n’ont pas été payées depuis le début de l’épidémie de coronavirus, en février 2020. En conséquence, les travailleuses de Safireh sont soumises à une pression financière énorme. Les autorités n’ont encore pris aucune mesure pour leur venir en aide ou remédier à la situation (Agence IRNA – 30 avril 2020).
Exemples symboliques de la souffrance des travailleuses de Safireh
Les ouvrières de Safireh viennent chaque jour de différents quartiers de la ville pour gagner leur vie en triant les ordures à la décharge municipale. Ce faisant, elles déplacent quotidiennement des tas d’ordures avec leurs mains. Plus de mille tonnes d’ordures sont triées chaque jour sur ce site.
Hasibeh, 35 ans, fait partie de ces femmes. Son mari est tombé paralysé à la suite d’un grave accident il y a 15 ans.
Elle part de chez elle, en banlieue à 5h30 tous les matins pour aller travailler. Il n’y a pas de service de bus à cette heure du matin, et Hasibeh doit faire le long trajet en taxi pour se rendre sur le site. En Iran les taxis sont des transports en commun empruntés par plusieurs personnes en même temps. Elle travaille à Safireh depuis 5 ans.
« Nous étions couverts par une pension du Comité de secours il y a quelques années, mais elle n’était pas vraiment suffisante pour couvrir les dépenses d’une famille de quatre personnes avec deux enfants et un mari handicapé. C’est pourquoi j’ai décidé de trouver un emploi », a expliqué Hasibeh.
« Il est très difficile pour une femme analphabète de trouver un emploi. J’ai cherché du travail pendant longtemps, mais personne n’était prêt à faire confiance à une femme qui vivait dans un bidonville. Puis je suis tombée sur une entreprise de tri des ordures qui cherchait du personnel. Je n’avais jamais imaginé qu’un jour je travaillerais dans un endroit plein de mouches et de pollution, alors j’ai dû apprendre à trier les ordures tout en ignorant mon environnement », poursuit Hasibeh.
Hasibeh, dont le visage brûlé par le soleil la fait paraître beaucoup plus âgée, parle des dangers qui la menacent : « Dans ce métier, nous sommes confrontés à des maladies graves, ainsi qu’à des dangers, lorsque nous entrons en contact avec des objets tels que des seringues et autres objets tranchants. L’année dernière, une seringue infectée est tombée sur ma main et j’ai dû être hospitalisée pendant 25 jours. Depuis lors, je dois passer un test tous les trois mois pour m’assurer que je suis en bonne santé. »
Hasibeh a évoqué une autre femme victime de brûlures il y a deux ans. « Il y a environ 2 ans, une amie a été gravement brûlée et marquée par l’eau bouillante d’un samovar renversée sur elle. L’entrepreneur a non seulement refusé de l’aider, mais il a également publié un faux rapport. »
Une autre de ces femmes s’appelle Touba, âgée de 40 ans qui vit avec trois de ses enfants. Sa quatrième est une fille plus âgée qui s’est mariée et vit ailleurs.
« Mon mari a été malade pendant de nombreuses années et nous avons dépensé beaucoup d’argent pour son traitement, mais il a fini par mourir. Je vis avec mes deux filles et mon fils à Hasirabad. La vie est dure pour nous. Il est impossible de gagner 1,5 à 2 millions de tomans juste pour s’en sortir dans ces circonstances économiques. Nous sommes au chômage depuis février 2020 en raison de l’épidémie de coronavirus. Nous n’avons reçu aucun salaire. Nous n’avons même pas reçu nos allocations annuelles. »
Touba continue en expliquant : « Nous ne sommes couverts par aucune assurance complémentaire, et même l’assurance sociale n’est pas versée à temps. »
« Mais maintenant, plus que tout, nous sommes préoccupés par la fermeture de l’entreprise et le chômage. La direction de l’entreprise nous a conseillé de demander l’assurance chômage dès maintenant », a-t-elle ajouté.
Le mot de la fin
Les histoires douloureuses des travailleuses de Safireh représentent le sort des femmes chefs de famille et de celles dont les tuteurs sont incompétents ou absents.
En Iran, environ 4 millions de femmes chefs de famille ont été soumises à une double pression économique en raison de la pandémie de Covid-19.
Environ 82 % des femmes chefs de famille étaient déjà au chômage et ne disposaient pas d’une source de revenus stable. Entre-temps, leur nombre a augmenté.
Selon Zahra Javaherian, une responsable du gouvernement, le nombre de femmes chefs de famille est à la hausse dans la province de l’Azerbaïdjan occidental (Agence IRNA – 20 mai 2020).
Le régime a pris une mesure théâtrale en avril en prétendant accorder un prêt de deux millions de tomans à ces femmes. Mais la plupart d’entre elles ont déclaré que le prêt ne profiterait à personne. Elles ont demandé : « Qu’allons-nous faire de 2 millions de tomans, alors que le seuil de pauvreté se situe à 9 millions de tomans ? »
Actuellement, les principaux problèmes des femmes chefs de famille sont le manque d’assurance et le chômage.
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