samedi 26 juin 2021

Il faut confronter sérieusement la stratégie de propagande du régime iranien


 Selon AP, « les autorités américaines ont saisi une série de domaines de sites Web liés à l’État iranien qu’elles accusaient de diffuser de la désinformation, a déclaré mardi le ministère américain de la Justice. Une mesure de grande envergure contre les médias iraniens au milieu des tensions accrues entre les deux pays ».

De plus, selon les médias britanniques, la Henry Jackson Society, un groupe de réflexion basé à Londres, a publié le mois dernier un rapport qui détaille l’influence des réseaux de désinformations iraniens qui ciblent le public et les sites Web britanniques. Le rapport rejoint divers autres éléments de preuve de la prolifération continue de la propagande du régime iranien, non seulement au Royaume-Uni mais dans le monde entier. Cela survient seulement cinq mois après que les États-Unis ont inculpé un politologue du Massachusetts pour avoir agi en tant qu’agent rémunéré du régime iranien pendant plus de 13 ans, et quatre mois après qu’un ancien membre des campagnes de désinformation du régime a écrit une lettre au Secrétaire général des Nations Unies pour témoigner sur l’affaire «devant un tribunal ou tout autre autorité impartiale ».

Ces exemples montrent la stratégie à plusieurs niveaux employée par le ministère iranien du renseignement et les organes associées pour diffuser leurs propagande néfaste à l’échelle mondiale. L’efficacité potentielle des sites Web pour la désinformations découle de la fausse crédibilité fournie à ces sites par leur association avec des entités qui diffusent des informations similaires par le biais de médias bien établis.

Arrested Iranian agent Kaveh Lotfolah Afrasiabi in U.S. is the tip of the iceberg  https://youtu.be/lGfzrIxTZzg

Vidéo : L’agent iranien arrêté aux États-Unis, Kaveh Lotfolah Afrasiabi, n’est que la pointe de l’iceberg

Dans certains cas, ces entités possèdent des références impressionnantes et authentiques. Le sujet de l’acte d’accusation de janvier, Kaveh Loftolah Afrasiabi, occupait un emploi rémunéré en tant que politologue et a publié dans des revues de recherche et des organes de presse à l’époque où il a reçu plus d’un quart de million de dollars de rémunération illicite de la part du gouvernement iranien.

En février, un expatrié iranien a envoyé une lettre au Secrétaire général des Nations Unies dans laquelle il a décrit avoir rejoint le principal groupe d’opposition iranien, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI-MEK) en 2003, puis l’avoir quitté en 2016 après s’être installé en Albanie.

Dans cette lettre, Hadi Sani-Kani a expliqué qu’il avait rejoint l’OMPI en 2003 et l’avait quitté en 2016, deux mois après que lui et des centaines d’autres anciens résidents de la communauté du groupe en Irak aient été transférés en Albanie. « Deux semaines plus tard, je me suis rendu à l’ambassade d’Iran à Tirana », a-t-il expliqué. « Pendant quatre ans, je suis tombé dans un piège tendu par le ministère du Renseignement et de la Sécurité (VEVAK) du régime et de l’ambassade iranienne en Albanie. Au cours de cette période, j’ai commencé à collaborer avec des agents officiels du VEVAK… Ils m’ont utilisé dans des plans de diabolisation, d’espionnage, de collecte de renseignements et de reconnaissance pour mener des actions terroristes contre l’OMPI ».

La lettre a exprimé un profond regret pour avoir contribué à la propagation de la propagande qui diffamait les membres de l’OMPI, sachant que « pas un seul mot de ces déclarations n’était vrai« . Mais plus important encore, elle soulignait que Sani-Kani n’était qu’une infime partie d’une opération beaucoup plus vaste, qui reposait à la fois sur d’anciens membres de l’organisation qui ont été contraints à coopérer avec le VEVAK et sur des agents du renseignement qui se sont faussement présentés comme d’anciens membres ou en tant qu’experts indépendants, afin d’acquérir un semblant de légitimité lorsqu’ils présentent des articles à des organes d’information mondiaux ou se rendent disponibles pour des entretiens avec les médias.

La lettre de Sani-Kani a également évoqué le phénomène des réseaux de journalistes et d’universitaires « amis du régime iranien » qui opèrent indirectement pour le compte du VEVAK. Ces individus utilisent leur propre légitimité pour défendre la position du régime iranien dans les conflits mondiaux ou jettent le discrédit sur le mouvement de résistance prodémocratie en Iran, en donnant l’impression qu’il n’y a pas d’alternative viable au système théocratique.

Afrasiabi est un excellent exemple de ce type de contributeur à la campagne de désinformation du régime, mais son inculpation n’indique malheureusement pas que les autorités occidentales entendent saper sérieusement les sources de propagande iranienne.

Iranian Lobbyist’s Arrest Should Lead To Broader Efforts To Counter Iran’s Covert Influence  https://youtu.be/lGfzrIxTZzg

Vidéo : L’arrestation d’un lobbyiste iranien devrait conduire à des efforts plus vastes pour contrer l’influence secrète du régime iranien.

Bien au contraire, les forces de l’ordre américaines ont même évité un examen minutieux des personnes soupçonnées depuis longtemps d’avoir des liens avec les services de renseignement iraniens, y compris des personnes qui ont été signalées pour un tel examen par des législateurs américains.

Afrasiabi lui-même a partagé des signatures avec Trita Parsi, le fondateur du Conseil national irano-américain (NIAC, un lobby pro régime iranien), dans les années qui ont précédé son arrestation. Ce fait semble confirmer les points soulevés dans une lettre en 2020 au ministère américain de la Justice dans laquelle trois sénateurs ont déclaré que « la marque publique inoffensive du NIAC masque un comportement troublant et révèle potentiellement l’organisation comme un lobby de facto pour le régime iranien. »
À la suite de l’arrestation d’Afrasiabi, neuf membres de la Chambre des représentants ont publié une lettre exhortant la justice à enquêter sur toute personne qui aurait pu recevoir des paiements illicites de Téhéran, dans le but de les poursuivre. Il n’y a aucun signe immédiat d’une attention accrue sur ce sujet après la réception de la lettre, et la capacité continue de Parsi à se présenter comme une voix indépendante dans les médias américains suggère qu’aucun efforts n’est en vue.

Le processus de déracinement de ce type de désinformation devra en fin de compte être aussi complexe que la stratégie de diffusion en premier lieu. Les médias doivent former leurs journalistes à reconnaître les sources ayant des liens avec le régime iranien. Les forces de l’ordre doivent garder un œil sur ces mêmes sources et faire un effort plus concerté pour confronter les agents rémunérés aux mêmes conséquences qu’Afrasiabi. Et les entreprises technologiques mondiales doivent travailler avec les gouvernements occidentaux pour supprimer les sites Web iraniens trompeurs à chaque fois qu’ils apparaissent.

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