samedi 19 juin 2021

Iran élection : Ebrahim Raïssi, comme prévu mais avec un score lamentable


 Les élections présidentielles en Iran ont rendu leur verdict et délivré le résultat escompté ; Ebrahim Raïssi sort largement vainqueur de sa confrontation avec ses concurrents. Le guide suprême peut exulter, son dauphin a raflé la mise. Vu de loin, ces élections semblent rassurer le régime théocratique et consacrer les politiques qui ont permis de mettre fin aux émeutes ayant secoué le pays en 2017, 2018 et 2019. Mais ça, c’est vu de loin. De très loin même.

Parce que s’il n’y avait qu’un chiffre à retenir, ce serait celui de l’abstention record. Moins de 10% de participation selon l’opposition. Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne, a félicité le « boycott national » et ajouté : c’est le « plus grand coup politique et social » porté au système dirigé par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. Cette affirmation de l’opposition confirme le sentiment de bon nombre d’observateurs sur le terrain. Sans donner de précisions sur la participation, la commission électorale officiel qui prend ses ordres auprès du Guide suprême laisse entendre un taux cinq fois plus élevé ce qui frôle le ridicule. Mais pour la théocratie en fin de course tous les mensonges sont permis pour tenter de sauver la face.

Maryam Radjavi explique à Reuters qu’ »Ebrahim Raisi, bourreau du massacre de 1988 et le meurtrier des Moudjahidine du peuple (OMPI/MEK), est la dernière tentative de Khamenei pour préserver son régime. Affaiblie, en crise et secoué par des soulèvements imminents, Khamenei a purgé tous ses rivaux pour installer Raïssi comme président, l’un des plus vils criminels contre l’humanité depuis la Seconde Guerre mondiale ».

L’ONG Amnesty International a dénoncé samedi l’élection à la présidence en Iran de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, affirmant que ce dernier devrait faire l’objet d’une enquête pour «crimes contre l’humanité» et «répression brutale» des droits humains.

Cette élection était dès de le départ une parodie. Récapitulons : au départ déjà, un seul candidat se présentait réellement aux élections, Ebrahim Raïssi, les autres n’étant présents que pour donner aux naïfs l’illusion d’une compétition. Tous les candidats sérieux avaient été soigneusement écartés par le Conseil des Gardiens au préalable, ces derniers prétextant l’inaptitude des premiers à l’élection présidentielle. La sélection étant faite en amont, il ne restait à la vile populace qu’à entériner la décision au cours d’une journée de mascarade géante.

A midi déjà, de nombreuses informations de fraudes multiples remontaient, à commencer par le climat faussement enthousiaste fabriqué de toute pièce. Distribution de nourriture aux désœuvrés devant les bureaux de vote pour créer l’illusion d’une file d’attente, achat de votes à 300 000 Tomans pièce, votes multiples des pasdarans facilités par la non obligation de présenter une pièce d’identité, impossibilité pour tout journaliste non agréé par le régime de filmer ou d’interroger qui que ce soit, arrestation de personnes filmant le désert devant les bureaux de vote… Et la liste n’est pas exhaustive…

Le résultat de ces élections fantoches dont les mise en scène de réussite servent uniquement à abreuver les médias étrangers complices ou naïfs d’une belle propagande d’état – à l’exception de quelques journalistes vigilants et par ailleurs courageux qui ne se sont pas laissé duper – est sans appel : le peuple désavoue clairement cette théocratie. Selon le slogan affiché partout dans les villes avant l’élection, le (non) vote des Iraniens a une signification très claire. Désormais, le renversement du régime paraît inéluctable. Ce boycott massif signe l’illégitimité d’un modèle aux abois. Les leaders sont clairement isolés et le savent. La sagesse commanderait aux mollahs de se retirer définitivement de la vie politique du pays et de faciliter la mise en place d’une équipe de transition permettant l’écriture par le peuple d’une nouvelle constitution. Mais la sagesse est bien la moindre des rares qualités de ces hommes qui ne vivent que pour leur pouvoir.

En décidant de truquer un système de sélection des candidats déjà totalement inique, le guide suprême et son dauphin Ebrahim Raïssi annonçaient qu’ils optaient pour le tout répressif, anticipant une vague révolutionnaire sans précédent. Mais ce faisant, ils n’ont fait que précipiter ce qu’ils craignaient le plus depuis plusieurs années et qui semble désormais inéluctable : leur chute ! Sans gloire. Sans élégance. Sans dignité.

Les organes officiels de presse l’ont déjà reconnu, la lutte est inégale entre un pouvoir suffocant, recroquevillé sur lui-même et une armée de citoyens en lutte pour l’espoir d’un avenir meilleur. Ebrahim Raïssi lui-même en était arrivé ces derniers jours à demander à ses militants de ne plus poser d’affiches le représentant en campagne. Inutile, puisque ces dernières étaient systématiquement détruites à peine collées. Le 12 juin dernier, c’est l’agence officielle Danechjou News Network qui publiait ces mots dans son édition : « Le coup le plus dur provient de l’ennemi. L’OMPI guette, et investit sur le mécontentement de la jeune génération, et mène une guerre psychologique, aspire les motivations déviées et très dangereuses pour la révolte et la destruction de lieux du pouvoir et la destruction de tout ce qui symbolise les valeurs du système et de la révolution. (…) Avec mille actions on ne peut plus empêcher le déferlement torrentiel de l’OMPI, ni avec la force militaire, ni par la large diffusion de la Radio télé (d’Etat), ni par les actions d’utilisation des repentis de l’OMPI à l’étranger. (…) Cet ennemi a tendu sa toile à travers les structures des villes et recrute massivement les jeunes (…) qui dans des unités de 2 ou 3 personnes sont sous les ordres du réseau néfaste de l’OMPI, s’acharnent sur les bâtiments des centres sécuritaires pendant la nuit, et même les arrestations massives n’ont pu stopper la tendance, ce qui est bien plus dangereux. »

Le pouvoir lâche petit à petit et le peuple le voit, le sent, le vit au quotidien. Tout ce qu’il reste aux mollahs et aux pasdarans, c’est la violence, la propagande ne fonctionnant plus ni à l’intérieur ni à l’extérieur du pays. Ces mots sont durs mais ils signifient une chose très claire pour les mollahs et leurs adorateurs : « Nous avons d’ores et déjà perdu ! Préparez-vous à ce que nous soyons renversés

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