Haut-Commissariat aux droits de l'homme : GENÈVE (14 avril 2014) - Le Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’Homme en Iran, Ahmed Shaheed, a exhorté aujourd’hui la République islamique d’Iran à annuler immédiatement l’exécution programmée pour demain d’une femme iranienne, Mme Reyhaneh Jabbari.
Mme Jabbari, de profession d’architecte d’intérieur, a été condamnée à mort pour l’assassinat présumé de Morteza Abdolali Sarbandi, un ancien agent du ministère iranien des renseignements, à l’issue d’un procès controversé.
« Les autorités iraniennes doivent réexaminer ce dossier et organiser un nouveau procès qui respecterait les droits de la défense et qui serait conformes aux lois iraniennes et au droit international », a affirmé M. Shaheed.
Selon des sources fiables, M. Sarbandi avait proposé le 7 juillet 2007 d’embaucher Mme Jabbari pour changer la décoration intérieure de son bureau. Mais M. Sarbandi, au lieu de recevoir Mme Jabbari dans son bureau, l’a reçu dans une résidence où il l’a agressé sexuellement. Mme Jabbari a poignardé M. Sarbandi à l’épaule dans un geste d’autodéfense. Puis, elle s’est enfuie pour préserver sa sécurité et elle a appelé une ambulance par souci de sauver la vie de son agresseur présumé.
Depuis son arrestation et tout au long des interrogations qu’elle a subies, Mme Jabbari a toujours maintenu que son action a été un geste autodéfense pour empêcher une atteinte potentiellement grave contre sa personne. Elle a également affirmé qu’elle a été obligée de faire de faux aveux sous de sévères contraintes.
« Le procès de Mme Jabbari a soulevé de nombreuses interrogations sur la régularité de ce procès, notamment à cause des conditions des interrogatoires qu’elle a subit et de la réticence du tribunal à examiner tous les éléments de preuve. La condamnation à mort de Mme Jabbari pour meurtre prémédité aurait été fondée sur des aveux extorqués sous des contraintes pouvant être assimilée à la torture » a souligné le Rapporteur spécial de l’ONU.
« Un élément de preuve évoqué dans cette affaire était un rapport du médecin légiste mentionnant la présence d’un tranquillisant dans un verre de jus de fruit trouvé sur les lieux du crime et probablement destiné à endormir une victime avant de l’agresser sexuellement. C’est très troublant que cet élément de preuve ait été utilisé par le tribunal comme une preuve de culpabilité de cette femme », a affirmé M. Shaheed.
« Si les affirmations de Mme Jabbari sont vraies, elle serait doublement victimes, d’abord de son agresseur, puis du système judiciaire qui est censé protéger les victimes d’agressions sexuelles et physiques… La violence sexuelle, souvent dirigée contre les femmes, doit toujours être combattue dans toutes ses formes», a souligné cet expert.
M. Shaheed a regretté la hausse du nombre des exécutions cette année en Iran et a renouvelé son appel au gouvernement iranien à arrêter immédiatement ces exécutions. Plus de 170 personnes, dont au moins deux femmes ont été exécutées en Iran depuis le début de l’année 2014, alors qu’un grand nombre de prisonniers iraniens se trouvent actuellement dans le couloir de la mort et sont exposés au risque imminent d’être exécutées.
« L’imposition de la peine de mort va clairement à l’encontre de la tendance internationale actuelle qui consiste à encourager la mis en place de moratoire sur les exactions et l’abolition de la peine de mort. Nous exhortons les autorités iraniennes à se joindre à cette tendance mondiale, en établissant un moratoire sur les exécutions, en vue d’abolir la peine de mort », a conclut M. Ahmed Shaheed.
CNRI
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