Le président du Parlement européen Martin Schulz fera une visite en Iran alors que le nombre des pendaisons a atteint près du millier. La visite qui a lieu samedi visera à "intensifier le dialogue" entre l'UE et Téhéran, a annoncé vendredi le service de presse du président du Parlement européen. Il s'agira de "la première visite en Iran d'un président d'une institution européenne", est-il précisé dans un communiqué.
Martin Schulz aura notamment une rencontre bilatérale avec Hassan Rohani et doit aussi s'entretenir avec le président du Majlis Ali Larijani et le MAE du régime Mohammad Javad Zarif.
Cette visite est très mal vue par les militants des droits de l’homme qui déplorent le silence des autorités européennes sur la question des violations en Iran dans leurs discussions avec les représentants du régime intégriste.
Amnesty International a déploré « une hausse sans précédent du nombre d'exécutions dans le pays », avec un tel rythme « cela revient à exécuter plus de trois personnes par jour. S'il maintient cette cadence, l'Iran va dépasser le nombre total d'exécutions recensé par Amnesty International sur l'ensemble de l'année 2014. »
« Le nombre d'exécutions au premier semestre 2015 brosse un tableau sinistre de l'appareil étatique qui procède à des homicides judiciaires prémédités à grande échelle, a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.
Au mois d’octobre, avant qu’il ne reporte son voyage en Iran, 115 membres du Parlement Européen ont signé une lettre à Martin Schulz dont voici la teneur:
Monsieur Martin Schulz, Président du Parlement européen
Nous avons été informés de la visite que vous allez faire cette fin de semaine en Iran.
Il y a aujourd'hui exactement un an, vous avez écrit au Parlement européen pour lui exprimer votre profonde préoccupation sur le cas de Reyhaneh Jabbari, âgée de 26 ans, condamnée à mort pour s'être défendue contre l'agression sexuelle dont elle avait été l'objet sept ans plus tôt par un agent de la sécurité.
Vous aviez alors demandé qu'un "procès équitable, sans recours à la peine de mort" ait lieu. Deux semaines plus tard et en dépit de l'indignation mondiale qui s'était exprimée, Reyhanneh Jabbari a été pendue.
Tandis que l'Union européenne et les puissances mondiales négociaient un accord nucléaire avec l'Iran, le gouvernement du "modéré" Hassan Rouhani poursuivait les pendaisons de centaines de ses concitoyens, nombre d'entre elles en public. Amnesty International a publié un rapport horrifiant faisant état de 700 exécutions par pendaison au cours du seul premier semestre de cette année. "Le nombre croissant d'exécutions en Iran pour le premier semestre de cette année brosse un tableau sinistre de la machinerie de l'Etat effectuant des meurtres en masse, prémédités, sanctionnés juridiquement" souligne Amnesty International.
Rouhani a lui-même défendu ces exécutions et a déclaré clairement à la télévision iranienne que les peines de mort "sont la loi de Dieu" et doivent être appliquées. La grande majorité des militants de l'opposition emprisonnés avant son élection poursuivent leur peine, d'autres militants ont été exécutés.
La répression contre les femmes est devenue légale sous le gouvernement de Rouhani. Une nouvelle loi donne des pouvoirs sans précédent aux agents de sécurité pour qu'ils ciblent les femmes "pour port incorrect du voile", ouvrant la voie à de nombreux actes de jets de vitriol pour défigurer des femmes et des filles ne se couvrant pas le visage. Une autre loi autorise un beau-père à prendre pour épouse sa fille adoptive dès qu'elle a 9 ans. Les femmes célibataires ou sans enfant ont moins de possibilités d'obtenir un emploi ou de bénéficier d'avantages sociaux.
Alors que l'Iran se glorifie de l'amélioration de ses liens avec l'Occident, le Parlement européen, qui représente un demi-milliard de citoyens partageant des valeurs démocratiques communes, a le devoir de mettre les droits humains en toute première priorité de ses souhaits d'expansion de ses relations avec le régime iranien, montrant ainsi l'exemple à tous nos gouvernements.
Nous vous exhortons donc de profiter de votre visite pour dénoncer publiquement les violations des droits humains en Iran et d'appeler à la cessation des exécutions publiques. Nous vous invitons également à demander de rencontrer les prisonniers politiques suivants :
Mme Narges Mohammadi, âgée de 43 ans, militante des droits des femmes et journaliste, mère de deux jeunes enfants. Elle avait rencontré Mme Ashton auparavant mais a maintenant été emprisonnée pour exercice de ces activités pacifiques.
Mme Atena Farghadani, âgée de 28 ans, artiste et militante politique qui purge une peine de 12 années d'emprisonnement pour avoir peint des dessins caricaturaux.
Mme Atena Daemi, âgée de 27 ans, militante des droits des enfants et contre la peine de mort, condamnée à 14 années de prison pour des allégations de "conspiration et propagande contre l'Etat".
M. Ali Moezi, âgé de 64 ans, emprisonné pendant des années pour délit d'opinion, qui a été de nouveau incarcéré pour avoir rendu visite à ses deux filles au camp Ashraf en Irak.
Avec nos meilleures salutations,
Gérard Deprez, Député européen belge, groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE)
Gérard Deprez, Député européen belge, groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE)
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